Aide médicale à mourir : des infirmières pas toujours rémunérées

Autorisées à prodiguer l'aide médicale à mourir au même titre que les médecins, certaines infirmières praticiennes ontariennes déplorent l'absence de rémunération lorsqu'elles offrent ce service en dehors de leurs horaires de travail réguliers.
Un texte de Justine Cohendet
Depuis près d’un an, les infirmières praticiennes de la province sont autorisées, au même titre que les médecins, à prescrire les médicaments létaux, utilisés pour l’aide médicale à mourir.
Infirmière praticienne indépendante de Chatham-Kent, Willi Kirenko observe l’intérêt grandissant de ses pairs à offrir ce soin.
Sur 40 participants, nous étions 36 infirmières praticiennes à suivre la formation offerte par l’association médicale canadienne
Depuis près d’un an, 40 infirmières praticiennes ont effectué les évaluations préliminaires à l’aide médicale à mourir ou ont directement accompagné des patients en fin de vie, selon les données fournies par Willi Kirenko.
Des infirmières dépendantes de leur employeur
Mais ces dernières ne sont pas toujours rémunérées pour les soins qu’elles prodiguent.
Contrairement aux médecins, les infirmières ne facturent pas leurs actes au Programme d'assurance-santé de l'Ontario (OHIP).
Dans le cadre des soins liés à l'aide à mourir, elles doivent obligatoirement être rémunérées par leur employeur.
Ardente défenderesse de l’aide médicale à mourir, Willi Kirenko a accompagné plus de dix patients en fin de vie sans avoir jamais reçu un sou.
« Si nous prodiguons ce soin en dehors d'une relation avec un employeur, nous devons le faire gratuitement », déplore celle qui accepte de prodiguer ces soins gratuitement « par passion ».
Service abandonné faute de rémunération
Certaines infirmières, comme moi, offrent ce service [sur leur temps personnel] parce qu'elles veulent améliorer l'accessibilité aux soins
« L’une de nos infirmières membres a offert l’aide médicale à mourir à 23 reprises sur son propre temps et a utilisé son véhicule personnel pour s’assurer de l’accès de ce soin en Ontario », renchérit Hoda Mankal, infirmière praticienne en chef et directrice des communications de l’Association des infirmières praticiennes de l’Ontario.
Mais toutes les infirmières n'acceptent pas de travailler gratuitement.
« Certaines infirmières praticiennes, qui offraient ce service, ont fait marche arrière parce qu'elles n'étaient pas payées », explique Willi Kirenko.
Le gouvernement interpellé
Hoda Mankal et Willi Kirenko demandent au ministère de la Santé et des Soins de longue durée de la province de se pencher sur ce problème.
« Le ministère doit explorer des méthodes de paiement qui permettent aux infirmières d'être rémunérées et pour permettre l'accessibilité de ces services. »
Interrogé à ce sujet vendredi matin, le ministère de la Santé et des Soins de longue durée n'avait pas répondu à nos questions en fin d'après-midi.