Le Québec-Canada inc. est discret, mais actif à Cuba

Des vieilles voitures circulent toujours.
Photo : Radio-Canada
Prenez note que cet article publié en 2018 pourrait contenir des informations qui ne sont plus à jour.
Des entreprises d'Europe, d'Asie et d'Amérique tentent de faire leur place dans le marché cubain qui s'est ouvert depuis quelques années. Le Canada et le Québec n'y font pas exception, mais la Chambre de commerce et d'industrie Canada-Cuba demande aux gouvernements de créer des programmes pour aider les entreprises à s'y implanter.
Un texte de Jean-Michel Leprince
Force est de constater que les entreprises américaines n'ont pas débarqué à Cuba et raflé toutes les occasions d'affaires et d'investissements lucratifs à la suite de la détente amorcée sous le président américain Barack Obama. Est-ce parce que le président démocrate n’est pas allé jusqu’à éliminer l’embargo ou est-ce la faute de l’arrivée du républicain Donald Trump, qui depuis son arrivée au pouvoir, a tout gelé?

Barack Obama et Raul Castro lors d'une conférence de presse à La Havane.
Photo : Reuters / Carlos Barria
Une chose est certaine, les Européens, les Russes et les Chinois en profitent et investissent. La firme française Bouygues construit notamment des hôtels de luxe avec des milliers de chambres dans l’île et à La Havane.
Les Canadiens sont plus discrets, mais ils sont également présents.
La Chambre de commerce et d'industrie Canada-Cuba (CCICC) existe depuis moins de trois ans. Elle a été créée pour promouvoir les échanges commerciaux entre les deux pays. Elle compte 150 membres provenant de quatre provinces canadiennes, dont certaines sont des multinationales et d'autres plus modestes, mais déjà implantées depuis des années.
Elle regroupe par exemple Sherritt, qui exploite en partage avec l’État cubain le nickel et le cobalt de l’île, et Blue Diamond, une chaîne hôtelière appartenant à Sunwing et qui détient le deuxième rang (15 hôtels et 8500 chambres), après la chaîne espagnole Melia (25 hôtels et 13 480 chambres) quant au nombre d’hôtels et de chambres à Cuba.
Nancy Lussier est présidente de la CCICC. Depuis plus de 25 ans, trois générations de la famille Lussier exportent à Cuba des camions, des moteurs et des pièces détachées remis à neuf.

Nancy Lussier aimerait que les entreprises canadiennes puissent compter sur un plus grand appui du gouvernement fédéral pour développer des projets à Cuba.
Photo : Radio-Canada
Les affaires sont très bonnes. Terracam, la filiale cubaine du groupe Lussier, a augmenté son chiffre d’affaires de 100 % dans les cinq derniers mois et contribue pour 10 % à un chiffre d’affaires de 200 millions de dollars pour l’entreprise de Sainte-Julie, au Québec.
On a un projet d'investissement très avancé : on va transférer une partie de notre production à Cuba et on va avoir ce qu’il faut pour aider à l’entretien de tous les camions canadiens qui vont être envoyés à Cuba.
Un Bureau du Québec à La Havane
En novembre dernier, Québec est devenue la seule province à ouvrir un bureau à La Havane. Sa représentante Myriam Paquette-Côté priorise le commerce et les investissements, mais ne néglige pas pour autant les échanges culturels entre Québec et Cuba.
On est approchés par des entreprises au Québec qui s'intéressent à ce marché-là. C'est un marché qui n'est pas simple, qu'il faut bien comprendre. Ça prend de la patience, de la persévérance.

Inauguration officielle du Bureau du Québec à La Havane, en octobre 2017. Myriam Paquette-Côté apparaît à la gauche de la ministre des Relations internationales et de la Francophonie, Christine St-Pierre.
Photo : Ministère des Relations internationales et de la Francophonie/Sonia Ziadé
Selon Mme Paquette-Côté, plusieurs secteurs sont prometteurs, tels que les transports, les énergies renouvelables et l’agroalimentaire, un domaine où il existe une forte demande, notamment pour approvisionner le marché touristique cubain.
De l’aide demandée
Ce que la CCICC demande à Exportation et développement Canada (EDC) depuis plusieurs années, sous les conservateurs comme sous les libéraux, c’est un système d’assurance et de crédit à moyen et long terme pour des exportations ou des investissements au bénéfice des clients cubains, en l’occurrence des sociétés d’État qui, seules, peuvent importer.
Les Européens possèdent ce type d’aide qui manque aux Canadiens.
Pour continuer sur notre lancée, ce qui nous manque, c’est un système de financement innovateur qui permettrait aux entreprises canadiennes de rester compétitives face à notre concurrence mondiale.
Cuba représente un marché relativement petit de 11 millions d’habitants, et l'économie ne se porte pas très bien. Certains secteurs toutefois, comme le tourisme, continuent à battre des records.