Boissons sucrées alcoolisées : Santé Canada interviendra

Santé Canada veut mieux encadrer la vente de boissons sucrées à haute teneur en alcool.
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Santé Canada consultera les Canadiens afin de mettre fin à la vente dans leur format actuel de boissons sucrées à haute teneur en alcool, comme celles de marque Four Loko ou FCKD UP.
Un texte de Philippe-Vincent Foisy, correspondant parlementaire à Ottawa
Selon la ministre fédérale de la Santé, Ginette Petitpas-Taylor, l’objectif de cette consultation est de réduire le taux d’alcool de ces boissons ou les formats des produits. À titre d'exemple, la boisson FCKDUP, dont la teneur en alcool est de 11,9 %, était vendue en canettes de 568 ml non refermables et coûtait environ 3,50 $.
La ministre affirme que les nouvelles règles permettront de mieux protéger les jeunes.
La consultation devrait durer 45 jours. D'après une source gouvernementale, il s’agit de la procédure habituelle pour mettre en place un changement au Règlement sur les aliments et drogues.
Toujours selon cette source, le gouvernement veut établir un taux de sucre maximal dans une boisson à partir duquel les fabricants devront limiter le format ou la taille du produit.
« Je suis profondément préoccupée par l’accessibilité et l’attrait croissants des boissons très sucrées à forte teneur en alcool en doses individuelles, et par le nombre croissant de jeunes admis à l’hôpital après avoir consommé ces produits », a indiqué la ministre Petitpas-Taylor.
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La ministre a également demandé à Santé Canada d’organiser rapidement une rencontre avec les gouvernements provinciaux et territoriaux pour discuter des enjeux relatifs à la publicité, à la commercialisation et à l'étiquetage afin de réduire les risques associés à ces produits.
Désirant forcer la main à Santé Canada, le député de Montcalm, Luc Thériault, a déposé lundi une motion à la Chambre des communes pour obliger l'organisme à suspendre la vente de boissons sucrées et énergisantes très alcoolisées pendant toute la durée des consultations sur la question et jusqu’à l’entrée en vigueur d’un nouveau règlement. La motion a été rejetée.
Selon la ministre de la Santé, les libéraux n'ont pas appuyé la motion puisque « suspendre ces boissons ne va pas résoudre le problème ». Elle affirme cependant que le dossier est une des ses priorités.
Une motion au comité parlementaire de la santé
Alors que l’organisme fédéral affirme son intention d’agir dans le dossier, le Nouveau Parti démocratique (NPD) a de son côté déposé lundi une motion au comité parlementaire de la santé pour demander une étude d’urgence sur les meilleures façons d’encadrer la vente, le marketing et l’étiquetage des boissons sucrées alcoolisées. La motion a été adoptée.
Selon le député du NPD, Alexandre Boulerice, la consultation promise par la ministre de la Santé est « un pas dans la bonne direction », mais il est nécessaire « de faire le point », dit-il.
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Le libellé de la motion demande un processus rapide, indique M. Boulerice, pour parvenir à faire des recommandations en juin.
L’annonce de Santé Canada survient environ deux semaines après que le gouvernement du Québec eut demandé au fédéral d’intervenir dans le dossier.
Le premier ministre du Québec, Philippe Couillard, avait indiqué plus tôt ce mois-ci que « c’est Santé Canada qui a la responsabilité de se prononcer de façon formelle et de limiter les produits qui présentent des risques pour la santé ».
Pas de sitôt sur les tablettes
Le groupe québécois Geloso, qui produisait le FCKD UP, avait annoncé il y a deux semaines qu’il cessait la production dans la foulée du décès de la jeune Athena Gervais, 14 ans, dont le corps a été retrouvé dans un ruisseau derrière l'école Poly-Jeunesse, à Laval.
Selon des informations recueillies auprès de témoins, la jeune fille avait consommé de cette boisson sucrée à haute teneur en alcool à l'heure du dîner et n'est ensuite jamais retournée à l'école. Elle avait été retrouvée trois jours plus tard.
Le fabricant américain de la boisson Four Loko a lui aussi annoncé que ses produits, qui avaient été retirés des tablettes québécoises à la fin de l’année dernière, n’y retourneraient pas « jusqu’à nouvel ordre ».