ArchivesIl y a 20 ans : La position canadienne contre la guerre en Irak

Le 17 mars 2003, le premier ministre Jean Chrétien déclare que le Canada ne participera pas à la guerre en Irak sous la pression américaine.
Photo : La Presse canadienne / TOM HANSON
Prenez note que cet article publié en 2018 pourrait contenir des informations qui ne sont plus à jour.
Le 17 mars 2003, le premier ministre Jean Chrétien prend position en Chambre des communes. Le Canada ne participera pas à une intervention militaire en Irak. Deux jours plus tard, les forces américaines et britanniques déclenchent une offensive à Bagdad. Retour sur les événements.
On va se transporter tout de suite aux Communes à Ottawa où l’imminence d’une guerre en Irak est au cœur des débats qui reprennent aujourd’hui.
Ce lundi-là, la programmation de RDI est interrompue à 14 h 17 pour laisser place à l’émission spéciale Irak sous surveillance.

Comme le montre notre extrait, c'est sous une salve d’applaudissements que le premier ministre Jean Chrétien déclare que, sans résolution du Conseil de sécurité des Nations Unies, le Canada ne participera pas à une opération militaire contre le régime de Saddam Hussein.
Il précise que les navires des Forces canadiennes postés dans la région poursuivront leur mission de lutte contre le terrorisme. Une position jugée étrange par le chef de l’opposition officielle, le conservateur Stephen Harper.
Pour ce qui est de la position des États-Unis, elle a été rendue claire dès le début des représentations devant le Conseil de sécurité.
La position des États-Unis

Dans ce reportage diffusé le 5 février 2003, la journaliste Catherine François résume l’exposé « méthodique et détaillé » du secrétaire d’État américain aux Nations Unies. Colin Powell présente les preuves américaines censées démontrer que le régime irakien soulève une réelle menace.
Dans les semaines suivantes, les chefs de mission des inspecteurs de l’ONU ne parviennent cependant pas à justifier au Conseil de sécurité la nécessité immédiate d’une intervention armée. Aucune trace d’activité nucléaire prohibée n’a été trouvée et il n’y a pas de preuve que l’Irak possède des armes de destruction massive.
Les États-Unis, l’Espagne et le Royaume-Uni souhaitent néanmoins imposer une date butoir à l’Irak pour se désarmer.
La position de la France

L’usage de la force ne se justifie pas aujourd’hui.
Le 14 février 2003, la France se positionne contre une intervention militaire en Irak. Le discours d’une quinzaine de minutes du ministre des Affaires étrangères est présenté en direct sur les ondes de RDI à l’émission spéciale L’Irak sous surveillance.
Dominique de Villepin défend qu’il existe une alternative à la guerre et que son recours prématuré puisse être lourd de conséquences.
Dans ce temple des Nations Unies, nous sommes les gardiens d’un idéal. Nous sommes les gardiens d’une conscience. La lourde responsabilité et l’immense honneur qui sont les nôtres doivent nous conduire à donner la priorité au désarmement et à la paix.
À la fin du discours, l’animatrice Pascale Nadeau souligne que le représentant de la France se fait applaudir, fait plutôt exceptionnel au Conseil de sécurité de l’ONU.
Les manifestations contre la guerre
Le lendemain, près de 10 millions de personnes manifestent à travers le monde contre la guerre en Irak. Au Québec, 14 villes organisent des marches pour la paix.

Postés à travers le pays, les journalistes de Radio-Canada couvrent en direct les différentes manifestations pacifistes auxquelles de nombreuses personnalités publiques se greffent.
Notre extrait de l’émission spéciale présentée à RDI montre deux manifestants bien connus à travers la foule rassemblée à Montréal : Sacha et Justin Trudeau. Ils expliquent au journaliste Serge Boire pourquoi ils s’opposent à la guerre en Irak et de quelle façon le gouvernement canadien devrait agir.
Le 15 mars 2003, alors qu’une intervention militaire est imminente, une seconde journée internationale d’action contre la guerre en Irak est organisée à travers le monde.
C’est dans ce contexte que le gouvernement libéral de Jean Chrétien se positionne. Les États-Unis devront donc aller de l’avant sans leur allié traditionnel.
L'offensive américo-britannique

Le 19 mars 2003, à 21 h 40, en plein cœur du Téléjournal, la nouvelle tombe. Prudent, l’animateur Stéphan Bureau indique que les informations sont pour le moment « extrêmement fragmentaires ».
À Washington, la correspondante Christine St-Pierre confirme qu’il y a beaucoup d’activité à la Maison-Blanche. Les médias sont rassemblés en salle de presse. On s’attend à ce que le président Bush s’adresse à la nation américaine dans les prochaines minutes.
Christine, je vous interromps parce que je pense que pour le moment, on n’aura pas besoin de la confirmation présidentielle. Les images parlent d’elles-mêmes.
À l’écran, le bruit des explosions dans le ciel se fait entendre sur les images provenant en direct de Bagdad.
Bien qu’il ne soit pas encore possible de confirmer que les bombardements sont américains, l’opération militaire est bien commencée.
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