Quand Jacques Parizeau est devenu chef du Parti québécois

Jacques Parizeau célébrant son élection à la tête du PQ, le 19 mars 1988
Photo : Radio-Canada
« Monsieur » revient! Le 19 mars 1988, Jacques Parizeau, qui a été ministre des Finances du gouvernement Lévesque, est élu à l'unanimité chef du Parti québécois (PQ). La formation indépendantiste est dorénavant entre les mains d'un souverainiste pur et dur, mais, comme le confirment nos archives, cette situation ne fait pas que des heureux chez les péquistes.
L’élection de Jacques Parizeau comme chef du PQ renforce la fissure idéologique qui affaiblit le parti à quelques mois d’un scrutin général au Québec.
À ce moment-là, Jacques Parizeau termine une traversée du désert qui dure depuis plus de trois ans.

Le journaliste Claude Desbiens présente un reportage sur les raisons qui motivent la démission de Jacques Parizeau et de ses collègues.
Le 22 novembre 1984, le correspondant parlementaire à Québec Claude Desbiens rapporte au Téléjournal une crise au Parti québécois. Jacques Parizeau a démissionné du gouvernement Lévesque en claquant la porte. Quatre autres collègues l’ont imité.
Une divergence fondamentale avec le premier ministre québécois explique son départ fracassant. Le démissionnaire refuse d’appuyer la position du « beau risque » adoptée par René Lévesque quelques semaines auparavant.
Le père fondateur du PQ consent à accorder une dernière chance au fédéralisme canadien. Il tend même la main au nouveau premier ministre, Brian Mulroney. C’est inacceptable pour un souverainiste pur et dur comme Jacques Parizeau.

L'économiste Jacques Parizeau en conférence de presse avec René Lévesque annonce son adhésion au Parti québécois.
Jacques Parizeau rompt alors une association vieille de 15 ans avec le chef péquiste. Cette collaboration avait commencé dès 1969 par l’annonce, en conférence de presse, de l’adhésion de Jacques Parizeau au PQ.
C’est ce que nous montre cet extrait de l’émission Format 60 du 19 septembre 1969. C’est une belle prise pour René Lévesque, Jacques Parizeau étant l'un des principaux architectes économiques de l’État québécois.
Jacques Parizeau deux jours avant son élection comme chef du Parti québécois
Photo : Radio-Canada
À la fin de 1987, Pierre Marc Johnson, successeur de René Lévesque à la tête du PQ, démissionne. Quelques anciens ministres du gouvernement Lévesque évaluent alors leurs chances de devenir le troisième chef du Parti québécois.
Au Téléjournal du 17 mars, le journaliste Gilles Morin explique que ces derniers réalisent rapidement que c’est peine perdue. Deux jours plus tard, les militants péquistes couronnent Jacques Parizeau.
Cap vers la souveraineté!

Le correspondant parlementaire Gilles Morin analyse l'accession de Jacques Parizeau à la tête du Parti québécois.
Dans ce reportage tiré du Téléjournal du 19 mars 1988, le journaliste Gilles Morin souligne que le discours d’intronisation du nouveau chef du PQ ne laisse aucune ambiguïté. Fini les discussions pour renouveler le fédéralisme.
La seule idée fondamentale de la formation politique redevient l’indépendance du Québec. Le PQ abandonne la stratégie du « beau risque » de René Lévesque. Cette décision signifie la rupture avec plusieurs militants péquistes.
« Nous nous opposons donc à la souveraineté envieuse de monsieur Parizeau, la souveraineté sereine. »
Plusieurs péquistes modérés quittent alors la formation politique. On assiste à de multiples démissions au bureau national, à la permanence du parti et dans les associations de comté, notamment dans les associations jeunesse.
À cette désaffection s’ajoute le problème de recrutement de nouveaux membres. Par ailleurs, les caisses du parti ne se remplissent qu'à grand-peine. Le PQ ne parvient à récolter que la moitié de son objectif de financement de 1 million et demi de dollars.
Aux élections provinciales du 25 septembre 1989, ces difficultés contribuent à la défaite du Parti québécois. La formation politique de Jacques Parizeau augmente à peine sa part des suffrages exprimés. Le PQ ne remporte que 29 des 125 sièges de l’Assemblée nationale.
« Monsieur » devra attendre encore six ans avant de pouvoir demander aux Québécois si le cap de l’indépendance est celui qu’ils veulent atteindre.