Le projet controversé du 22, rue Principale dans le Vieux-Aylmer va de l'avant

L'hôtel de ville de Gatineau. (Archives)
Photo : Radio-Canada / Hugo Bélanger
Prenez note que cet article publié en 2018 pourrait contenir des informations qui ne sont plus à jour.
Une forte majorité d'élus gatinois ont appuyé mardi soir la construction d'un édifice à condominiums au 22, rue Principale, au coeur du secteur patrimonial d'Aylmer.
Le projet pour le 22, rue Principale a été adopté à 17 voix pour et 1 voix contre (la conseillère du district de l'Orée-du-Parc, Isabelle Miron). Le maire Maxime Pedneaud-Jobin, recevant le roi Phillippe de Belgique et la reine Mathilde, était absent au conseil.
La conseillère du district d'Aylmer, Audrey Bureau, s'est dite déçue de ne pas avoir réussi à discuter avec le promoteur, DMA Construction, pour trouver un compromis qui aurait pu satisfaire les résidents du secteur par rapport à ce projet controversé.
« [...] Malgré tous mes efforts, je suis déçue de devoir apprendre aux citoyens que je n'ai pas été en mesure de négocier avec le promoteur pour un développement plus harmonieux et que la volumétrie de l'édifice demeurera la même que celle présentée le mois dernier », a-t-elle déclaré dans un discours.
La conseillère a précisé lors du conseil municipal qu'elle allait voter en faveur du projet tout en ajoutant : « Je n'avais pas d'autre choix que d'y aller avec la réglementation actuelle. »
Le projet du 22, rue Principale
Le projet L’Ambiance, du promoteur DMA Construction, serait un immeuble de quatre étages regroupant 18 copropriétés.
Il divise les résidents du quartier, puisque certains jugent que sa conception s'intégrerait difficilement dans cette zone qui abrite des maisons patrimoniales.
Selon Mme Bureau, ce dossier a révélé une problématique « claire et urgente pour les résidents », puisque la réglementation actuelle ne reflète pas leur vision, a-t-elle répété.
« Notre zonage est inadéquat et les critères du plan d'implantation architectural sont subjectifs », a-t-elle ajouté.
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La conseillère juge que la construction de cet édifice pourrait exposer la ville à des répercussions majeures pour la préservation du patrimoine, dont une surévaluation des propriétés patrimoniales qui pourrait amener des propriétaires à négliger leur bâtiment.
Je suis très consciente qu'il s'agit d'un terrain vacant avec un dépanneur en face, mais ces répercussions vont bien au-delà du 22, Principale. C'est toute la rue qui pourrait être affectée et nous nous exposons à des répercussions majeures sur la préservation du patrimoine.
« Des bâtiments tels que le 22, Principale deviendront des comparables pour l'approbation de futurs projets sur la rue Principale, ce qui est très problématique », a-t-elle poursuivi.
La conseillère a tout de même reconnu une évolution du projet : « Sur une note positive, je note cependant que le projet a évolué, qu'il permettra d'apporter de la vie dans le bas de la rue, qui en a besoin, et que le rez-de-chaussée sera du commercial ».
Elle a aussi dit qu'elle souhaitait mettre en oeuvre des solutions, comme la révision de la composition du Comité consultatif d'urbanisme (CCU), la création d'un conseil du patrimoine et la création d'un plan particulier d'urbanisme pour le Vieux-Aylmer.
Revers difficile pour certains résidents
« Je suis très triste ce soir, je suis triste, déçue et frustrée », a réagi Micheline Lemieux, présidente de l'Association du patrimoine d'Aylmer, lors de la période de questions. « C'est comme si personne ne nous avait entendus ».
Qu'est-ce que ça donne d'être un site protégé, si on ne le protège pas? C'est très très décevant.
Mme Lemieux s'est adressée au conseiller Jocelyn Blondin, également président du CCU, lui reprochant de ne pas l'avoir écoutée.
« Pour moi, vous deviez être neutre. Est-ce que vous étiez intéressé à ce que nous avions à dire? » lui a-t-elle demandé.
La présidente de l'association a décrit « un bâtiment qui va s'insérer mur à mur », autour duquel « il n'y aura pas de verdure » et qui n'a « rien de patrimonial ».
M. Blondin s'est défendu de ne pas avoir écouté les résidents qui étaient contre le projet.
Ghislain Otis a pour sa part souligné l'incohérence des élus entre la réglementation sur l'urbanisme et l'approbation de ce projet. « Il faut un véritable PIIA (Plan d'implantation et d'intégration architecturale) architectural et patrimonial », a-t-il conclu.
Avec les informations de Nathalie Tremblay