« Dépêchez-vous, on va la perdre! » : encore un cas d’ambulance qui tarde dans le Restigouche

Ambulance Nouveau-Brunswick est encore montrée du doigt après un incident à Kedgwick.
Photo : Radio-Canada
Prenez note que cet article publié en 2018 pourrait contenir des informations qui ne sont plus à jour.
Une famille de Kedgwick, dans le nord du Nouveau-Brunswick, dénonce un autre cas d'ambulance qui a tardé à arriver après un appel d'urgence. Cette lenteur aurait pu avoir des conséquences fatales selon la nièce de la malade.
Un texte de Louis Mills
Le 5 mars, pendant la nuit, Germaine Albert, 70 ans, commence à avoir de la difficulté à respirer. Elle est asthmatique et souffre d’une pneumonie.
Son mari, Wilfred Albert et sa nièce, Lynda Daigle, l’aident à monter en voiture. Ils ont l’intention de conduire jusqu’à l’hôpital de Saint-Quentin, à une vingtaine de kilomètres de distance.
Ils ont à peine parcouru 500 mètres cependant que l’état de Mme Albert empire. « Elle a commencé à paniquer, elle étouffait, on pensait la perdre », relate Lynda Daigle, qui était au volant.
Elle décide alors d’arrêter le véhicule et de signaler le 911. Il est 3 h 56 du matin.

Lynda Daigle a passé 15 minutes au téléphone avec le 911 et a fini par raccrocher et reprendre la route parce qu'elle n'obtenait pas de réponses.
Photo : Radio-Canada / Serge Bouchard
Elle n’était cependant pas au bout de ses peines. « J’étais au téléphone avec le 911 pendant, écoutez bien, 15 minutes, 12 secondes sans aucune information. »
La personne au bout du fil, dit-elle, n’était pas en mesure de lui dire d’où l’ambulance partait et combien de temps elle mettrait à arriver.
J’ai dit à plusieurs reprises “Dépêchez-vous, ça presse, on va la perdre". [...] Il n’y avait aucune façon de travailler avec eux pour couper le temps et essayer de sauver une vie.
Voyant que l’ambulance n’arrivait pas, Mme Daigle a décidé de reprendre la route en direction de l’hôpital, en dépit des mauvaises conditions routières.
« C’était glissant tout le long [...], je ne pouvais pas aller plus vite que 60, 70 km/h. »
Finalement, ils ont pu arriver sans incident, environ 45 minutes après l’appel au 911. Mme Albert a été hospitalisée et se trouve toujours à l’hôpital de Saint-Quentin, où on lui a diagnostiqué une infection des poumons. Elle a eu son congé de l'hôpital lundi après-midi.
Lynda Daigle est toujours secouée, une semaine plus tard. Elle prépare une plainte au gouvernement.
Réunion d'urgence
La mairesse de Kedgwick, Janice Savoie, a eu vent de ce cas pendant la fin de semaine. Les choses n’en resteront pas là, assure-t-elle. « J’adresse le problème à 8 h 30 dès que je rentre au bureau. »
Mme Savoie a convoqué une réunion d'urgence de son conseil municipal, ce soir, à Kedgwick, pour discuter de la question. Elle y invite aussi la population, « pour parler de stratégie et montrer notre solidarité face à ce problème ».

La mairesse de Saint-Quentin, Janice Savoie, est allée donner son appui au mari de Germaine Albert, Wilfred Albert, et à Lynda Daigle, lundi matin.
Photo : Radio-Canada / Serge Bouchard
Le dossier des ambulances a fait couler beaucoup d’encre dans le Restigouche, après plusieurs ratés très médiatisés.
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D’ailleurs, il y a eu un cas très similaire à celui de Germaine Albert en juillet 2017, à Saint-Quentin : une dame qui a éprouvé un malaise au cours d’une soirée à un centre communautaire a été transportée à l’hôpital de Saint-Quentin par des gens sur place, parce que l’ambulance n’arrivait pas.
Ces incidents avaient mené à des rencontres entre les élus de Kedgwick et de Saint-Quentin et des représentants d’Ambulance Nouveau-Brunswick. Les élus réclamaient la garantie d’une couverture 24 heures sur 24 pour la région et deux ambulances stationnées à tout moment dans Restigouche-Ouest.
« Ça, les ambulances, ça fait longtemps qu’on des problèmes ici, de sérieux problèmes. Là, c’est rendu une risée » lance Mme Savoie.
Les « obligations contractuelles » sont respectées selon le gouvernement
« Les soins prodigués à nos patients et leur sécurité sont notre priorité », assure par courriel Jean-Pierre Savoie, directeur des opérations d'Ambulance Nouveau-Brunswick.
Il affirme ne pas être en mesure de discuter davantage de ce dossier, pour des raisons de confidentialité. Ambulance NB tente toutefois de « clarifier certains détails avec l’individu et sa famille ».
Le ministère de la Santé assurant quant à lui que « jusqu’à maintenant, ANB continue de satisfaire aux obligations contractuelles en ce qui concerne les temps de réponse dans les régions rurales du Nouveau-Brunswick ».
Selon les normes établies visant les appels d’urgence, les temps de réponse sont fixés à 9 minutes pour les zones urbaines et à 22 minutes pour les régions rurales.
Avec des informations de Catherine Dumas