Nombre record d'interruptions dans le métro de Montréal en 2017
Une interruption de service sur la ligne orange a duré 79 minutes le 6 avril 2017 .
Photo : Radio-Canada / Justin Hayward
Le service de métro de la Société de transport de Montréal (STM) a été interrompu près de 1200 fois l'an dernier, soit plus de trois fois par jour – du jamais vu depuis que ce genre de données est comptabilisé. C'est sur la ligne orange que sont survenus plus de la moitié de ces arrêts.
Selon des données obtenues par CBC grâce à la loi d'accès aux documents des organismes publics, il y a eu 1171 interruptions de plus de 5 minutes en 2017, une augmentation de 25 % par rapport à l'année précédente. Ces chiffres, toutefois, ne tiennent pas compte des interruptions moins longues, puisque la STM n'en garde pas la trace.
La durée moyenne de ces interruptions était de 11 minutes et 25 secondes.
Avec ses 31 stations, c'est la ligne orange qui a le plus souvent écopé, ce qui ne surprend pas Omar Ayesh, qui habite à l'ouest du centre-ville et qui arrive souvent en retard au travail.
« Ces retards sont parfois irrattrapables », indique-t-il. M. Ayesh évite maintenant de prendre le métro à l'heure de pointe s'il le peut.
Les données obtenues par CBC montrent en effet que les interruptions de service surviennent surtout aux heures de pointe. C'est parce que les trains et les usagers sont plus nombreux sur le réseau en matinée et en fin d'après-midi, explique la STM.
Il est vrai que les passagers provoquent souvent ces retards eux-mêmes : depuis deux ans, ils sont en cause dans environ 45 % des interruptions de service.
Des passagers malades, des sacs coincés entre les portes et des téléphones échappés sur les rails figurent parmi les raisons évoquées pour justifier ces arrêts de service. Seulement en 2017, 550 objets sont tombés sur la voie ferrée, causant plus de 20 heures d'interruptions. En ce qui concerne les portes bloquées délibérément ou non, la STM a répertorié 337 incidents ayant provoqué plus de 25 heures de retard.
Lisa Knyszynska, qui utilise fréquemment le métro de Montréal, voit souvent d'autres passagers faire exprès de bloquer les portes. « C'est assez égoïste de faire une chose comme celle-là », juge-t-elle. « Les autres usagers comptent sur le service pour se rendre au travail. »
D'autres raisons d'interrompre le métro sont toutefois beaucoup plus sérieuses. Malgré les nombreux panneaux avertissant les usagers de ne pas descendre sur les rails électriques, 130 personnes l'ont fait l'an dernier. La STM rapporte aussi 25 tentatives de suicide par année.
Campagne de conscientisation
La STM a lancé ce mois-ci une campagne publicitaire pour faire en sorte que les usagers arrêtent d'échapper des objets sur la voie ferrée et de bloquer les portes des trains (voir la vidéo ci-dessous).
Les publicités les encouragent à demeurer derrière la ligne jaune du quai, à ne pas regarder leur téléphone en passant les portes à l'entrée et à la sortie du train et, surtout, à ne jamais se rendre sur les rails pour récupérer les objets qu'ils auraient fait tomber.
La STM a aussi augmenté son personnel sur les quais afin de venir en aide aux gens qui en auraient besoin.
Une flotte vieillissante
Les bris d'équipements comme une roue ou une porte ont été l'an dernier la deuxième cause de retards, engendrant environ le tiers de toutes les interruptions de cinq minutes et plus enregistrées dans le métro de Montréal.
Le président de l'organisme Trajectoire Québec, François Pepin, croit que le programme d'entretien de la STM pourrait être amélioré. Il s'attend toutefois à une diminution du nombre des retards avec l'abandon des vieux trains de la STM au profit des voitures AZUR.
Il croit aussi que la STM pourrait mieux faire afin d'informer les usagers lorsque le service du métro est interrompu, d'autant plus que ceux-ci l'apprennent souvent lorsqu'ils sont déjà sur le quai ou dans le train. « Rendus là, les gens ne peuvent plus rien faire », explique-t-il. « Il serait peut-être moins frustrant pour eux – sachant qu'il y a de fortes chances qu'ils arrivent en retard à destination – d'avoir l'information à l'entrée de la station, avant d'acheter leur passage. »
De cette façon, dit-il, les usagers les plus pressés auraient toujours l'option de prendre le bus ou d'appeler un taxi.
M. Pepin souligne toutefois que, dans l'ensemble, la STM a l'un des réseaux les mieux gérés en Amérique du Nord.
Michel Bonneau, qui voyage souvent en métro, acquiesce. Même s'il serre parfois les dents lorsque survient un arrêt de service, il convient que le système montréalais est meilleur que dans beaucoup d'autres villes.
« Avez-vous été à New York récemment? Ou Paris? Ce n'est pas beaucoup mieux... Je pense qu'on s'en sort assez bien », résume-t-il.
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