Victoire pour la Société suisse de radiodiffusion et télévision

Affiche appelant au vote à Genève.
Photo : Radio-Canada / Hubert Rioux
Les Suisses ont très largement refusé dimanche de supprimer la redevance audiovisuelle, lors d'un référendum organisé à la demande du mouvement de jeunesse du Parti libéral-radical. Plus de sept électeurs suisses sur dix ont voté non à No Billag. Ils souhaitent le maintien du système de financement public de l'audiovisuel au pays.
Un texte d’Hubert Rioux
C’est donc dire que partout au pays, les partisans du oui ont subi une défaite cinglante. La Société suisse de radiodiffusion et télévision (SRG SSR) se réjouit, mais doit tout de même s’atteler à revoir sa programmation.
Les Suisses ont voté non à 71,6 % à la suppression de la redevance, selon les résultats définitifs publiés par l'agence de presse suisse ATS.
La participation s'est élevée à plus de 54 %, un taux nettement supérieur à la participation moyenne de ces dernières années (environ 45 %). Dans le canton de Zurich, le plus peuplé, le non dépasse 71 %, tandis qu'à Genève, il est proche des 75 %. Dans le canton de Berne, il dépasse 75 %, tandis que dans ceux du Jura et de Neuchâtel, il s'élève à plus de 78 %. (Avec AFP)
Dès la fermeture des bureaux de vote, la Radio télévision suisse (RTS), le réseau francophone de la SRG SSR, annonçait que le canton de Zurich voterait non à plus de 70 % à No Billag, nom de l’initiative faisant référence à l’entreprise chargée de percevoir la redevance. Les résultats finaux feront écho à cette première projection.
Pour Sébastien Faure, producteur de l’émission Mise au point à la RTS, l’importante victoire du non « était une très bonne surprise pour les employés. Personne ne s’était risqué à mettre un 7 devant le chiffre. Personne ne croyait à un non à 70 %. On se sent appréciés. »
Le chef de campagne du oui en Suisse romande, Nicolas Jutzet, se dit tout de même satisfait du débat. Il pense que leur campagne a permis de briser certains tabous en s’attaquant au bilan du diffuseur public. Il avoue tout de même que mettre fin au système de redevance, sans phase transitoire, inquiétait trop les Suisses.
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Une victoire sans triomphalisme
Malgré cette victoire nette, le lendemain de ce vote ne s’annonce pas tout rose pour la SRG SSR. Au cours des prochains mois, la société devra faire des économies de 100 millions de francs suisses (plus de 135 millions de dollars).
Dès 2019, un nouveau système de redevance sera mis en place. La facture pour les ménages payant pour la télévision et la radio passera de 451 à 365 francs suisses. La portion des redevances distribuée à la SRG SSR, elle, sera plafonnée à 1,2 milliard de francs suisses. La société doit aussi anticiper des recettes publicitaires en baisse, soit le quart de son budget actuel.
Que finance la redevance?
La plus grande partie du produit de la redevance est reversée à la seule radio-télé nationale, la SSR, qui diffuse dans les quatre langues officielles (allemand, français, italien et romanche). Quelque 21 radios et 13 télévisions régionales remplissant un mandat de service public en bénéficient aussi. La SSR, qui emploie environ 6000 personnes, est financée à 75 % par la redevance. Au total, 13500 emplois directs et indirects étaient menacés, en cas de oui à la suppression de la redevance. (Avec AFP)
Philippa De Roten, directrice des programmes Société et Culture de la RTS, parle d’un vote historique.
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Cependant, elle déclare du même souffle qu’« on va devoir réfléchir à rénover notre façon d’être distribué, produit et financé. »
Et à cela s’ajoute la menace d’une nouvelle votation qui pourrait être lancée par l’un des principaux partis du pays, l’Union démocratique du centre (UDC), qui souhaite faire diminuer davantage la facture des ménages.
Une initiative qui serait soutenue par Nicolas Jutzet, appartenant à l’aile jeunesse du Parti libéral radical. « Le problème reste entier, parce qu’il est philosophique. Nous, on soutiendra évidemment toute solution qui allège le citoyen et qui arrête de lui imposer cette charge. Donc, une solution qui va dans un sens plus libéral. Ce qui nous importe avant tout dans les réformes à venir, c’est que les entreprises arrêtent de devoir payer cette redevance. »
Mais pour Sébastien Faure, à la lumière des résultats du vote d’aujourd’hui, peut-être que « l’UDC y réfléchira à deux fois avant de se lancer. »