Temps d'attente non payé des employés : des restaurants bafouent les normes du travail

L'intérieur du restaurant L'Gros Luxe
Photo : Radio-Canada
Prenez note que cet article publié en 2018 pourrait contenir des informations qui ne sont plus à jour.
Même si c'est illégal, des restaurateurs ne paient pas leurs employés qui doivent attendre sur les lieux du travail. Une pratique qui a lieu dans différents restaurants au Québec.
Un texte d’Yvan Lamontagne, de La facture
C’est le cas de la chaîne de restaurants L’Gros Luxe, qui a pignon sur rue dans plusieurs villes de la province.
Antoine Febres-Gagné dénonce cette pratique. Débarrasseur au L'Gros Luxe du Vieux-Longueuil, il n’a travaillé qu’un mois l’automne dernier et a été congédié pour ses absences au travail.

Antoine Febres-Gagné, ex employé, L’Gros Luxe du Vieux-Longueuil
Photo : Radio-Canada
La direction du L'Gros Luxe ne lui a pas payé le temps d’attente qu’elle lui imposait au début de ses quarts de travail.
La plupart du temps, quand j'arrivais au travail, je devais attendre une heure, une heure et demie… en espérant que le propriétaire ou le gérant vienne me voir pour me dire que je peux rentrer et que je peux "puncher".
Antoine a recueilli des preuves. Le jeune employé de 19 ans s’est servi de son téléphone pour enregistrer sa conversation avec le directeur du restaurant, Emmanuel Bélanger, qui refuse de le payer « parce que tu ne travaillais pas », lui dit-il.
Mais cette façon de faire est contraire à l’article 57 de la Loi sur les Normes du travail, selon la directrice des affaires juridiques de la Commission des normes, de l’équité, de la santé et de la sécurité du travail (CNESST). Johanne Tellier précise que lorsque l'employeur exige qu’un travailleur soit sur les lieux du travail, « il est considéré au travail », même si l’employeur ne lui donne aucune tâche à accomplir.
EXTRAIT art. 57 Loi sur les Normes du travail
Un salarié est réputé au travail dans les cas suivants :
- lorsqu’il est à la disposition de son employeur sur les lieux du travail et qu’il est obligé d’attendre qu’on lui donne du travail;
- sous réserve de l’article 79, durant le temps consacré aux pauses accordées par l’employeur;
- durant le temps d’un déplacement exigé par l’employeur;
- durant toute période d’essai ou de formation exigée par l’employeur.
Une autre ancienne employée, qui ne veut pas être identifiée par crainte de représailles de la part de son employeur actuel, confirme qu’il s’agit d’une pratique courante au L'Gros Luxe et qu’elle cause beaucoup de frustrations au sein du personnel de l’établissement.
De son côté, le propriétaire du L'Gros Luxe, Alex Bastide, soutient qu’il n’a jamais reçu de plainte à ce sujet et qu’il n’était pas au courant de l’illégalité de cette pratique.

Alex Bastide, propriétaire, L’Gros Luxe
Photo : Radio-Canada
Je savais pas que c'était illégal. On va ajuster notre tir.
Il affirme qu’il mettra fin à cette pratique et gérera les horaires de ses employés différemment. Il a également accepté de rembourser plus de 300 $ à son ancien employé, Antoine Febres-Gagné.
L'Gros luxe n'est pas le seul restaurateur qui contrevient à l'article 57 de la Loi sur les normes du travail. Marc Charbonneau, qui a été longtemps serveur à Montréal, confirme avoir vécu l'injustice du temps d'attente impayé pendant près de quatre ans.
Selon notre enquête, d’autres restaurants ont recours à cette pratique.
Pour regarder le reportage de La Facture, cliquez ci.