Érosion aux Îles-de-la-Madeleine : « un éternel recommencement »

Le front de mer du centre-ville de Cap-aux-Meules est l'un des deux secteurs prioritaires retenus par la Commission permanente sur l’érosion des berges.
Photo : Radio-Canada / Philippe Grenier
Prenez note que cet article publié en 2018 pourrait contenir des informations qui ne sont plus à jour.
L'érosion des berges est un problème majeur aux Îles-de-la-Madeleine. Le site historique de La Grave en subit les conséquences, mais voilà qu'il sera restauré cette année à la suite d'une aide financière du gouvernement du Québec. C'est un baume sur ce joyau économique de l'archipel, mais une solution temporaire à un problème qui, lui, est permanent. La Municipalité sonne l'alarme depuis fort longtemps.
Un texte de Philippe Grenier
Le site historique de La Grave sera restauré pour cinq millions de dollars cette année, dont quatre proviennent du gouvernement provincial.
Mais la Commission permanente sur l'érosion des berges des Îles, un regroupement d'élus, de citoyens et d'environnementalistes, ne vise pas que ce site.
L'archipel en compte des dizaines d'autres.
C'est en quelque sorte un éternel recommencement!
« On ne pourra pas faire une ceinture de béton autour des Îles en pensant que nous allons protéger les Îles à tout jamais », rappelle le maire.

Jonathan Lapierre, maire des Îles-de-la-Madeleine.
Photo : Radio-Canada / Philippe Grenier
La Commission permanente sur l'érosion des berges a priorisé six sites dans sa lutte contre l'érosion :
- Le site historique de La Grave
- Le centre-ville de Cap-aux-Meules
- L'île d'Entrée
- La route du Gros-Cap
- Le camping du Gros-Cap
- L'ancien dépotoir de Fatima

Le site historique de la Grave aux Îles-de-la-Madeleine, un incontournable pour les touristes en visite dans l'archipel.
Photo : Radio-Canada / Philippe Grenier
Au centre-ville de Cap-aux-Meules, une partie du sentier pédestre et cyclable est sectionnée par une brèche remplie de matériaux qui n'ont pas résisté aux temps.
Le secteur fait partie des six sites jugés prioritaires par la commission, mais le financement manque pour entamer les travaux.

Le front de mer du centre-ville de Cap-aux-Meules aux Îles-de-la-Madeleine détruit par l'érosion.
Photo : Radio-Canada / Philippe Grenier
En termes de l'érosion, il faut s'adapter, agir, intervenir dans une globalité et non intervenir ponctuellement dans un endroit précis sur un site précis. Ce que l'expérience nous apprend, c'est qu'on vient causer des problèmes à l'extérieur.
Dans le passé, des maisons et des installations ont été déplacées pour contrer l'érosion.
Les écosystèmes sont eux aussi affectés.
« Les côtes de l'archipel font 236 kilomètres, puis on a le deux tiers qui sont des milieux dunaires, qui sont très très fragiles aux phénomènes d'érosion », explique Marie-Ève Giroux, directrice d'Attention FragÎles.
On a des falaises qui ont une certaine vulnérabilité, comme cet hiver où il y a beaucoup de gel-dégel.

Marie-Ève Giroux est la directrice générale d'Attention FragÎles aux Îles-de-la-Madeleine.
Photo : Radio-Canada / Philippe Grenier
Son organisme travaille sur les milieux dunaires depuis une vingtaine d'années avec des techniques d'intervention douce.
L'équipe utilise des matériaux naturels pour capter le sable à certains endroits et reconstruire des parties de dune.
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Entre la lagune et la mer, une portion de la route 199 près de la plage de la Martinique est protégée par des recharges de sable du ministère des Transports, année après année.
« Il y a des secteurs où on n'a pas le choix d'intervenir parce qu’il y a des choses à préserver, dit Marie-Ève Giroux. Il y a d'autres secteurs où peut-être que dans le futur, des décisions seront prises de dire "bien peut-être que la solution, c'est le repli". »

L'enrochement du littoral est permanent à la plage de la Martinique de Cap-aux-Meules pour la protéger les infrastructures routières.
Photo : Radio-Canada / Philippe Grenier
Les besoins de l'archipel pour contrer l'érosion des berges sont évalués à plus de 50 millions de dollars par le maire Jonathan Lapierre.
Ce dernier mentionne que l'enveloppe du gouvernement provincial pour l'érosion des berges est d'environ 45 millions, « ce qui est nettement insuffisant pour les besoins », ajoute-t-il.
Évidemment, il va falloir que les gouvernements mettent plus de sous disponibles pour les collectivités riveraines, donc pour être en mesure de se protéger.
Les travaux sur La Grave sont prévus pour l'automne prochain.