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La désinformation est « une guerre totale, sans front », affirme le SCRS

Photo : La Presse canadienne

Radio-Canada
Prenez note que cet article publié en 2018 pourrait contenir des informations qui ne sont plus à jour.

C'est un portrait inquiétant de la désinformation dans le monde que dresse le Service canadien du renseignement de sécurité (SCRS) dans un rapport publié jeudi. Il presse les divers acteurs à prendre au sérieux cette menace et à la combattre, s'inquiétant au passage de la capacité des journalistes, dans le contexte actuel, à garantir une information de qualité.

Un texte de Yannick Donahue

D’entrée de jeu, le SCRS affirme que « la désinformation empoisonne le débat public et menace la démocratie » et qu’il est nécessaire « de sensibiliser davantage la population au problème pour qu’elle apprenne à distinguer le vrai du faux ». De plus, il affirme que « les gouvernements et les organisations disposent de nombreuses façons de contrer la menace ».

Ce rapport, intitulé Qui dit quoi?, découle d’un atelier qui s’est tenu le 20 novembre dernier au cours duquel un groupe multidisciplinaire d’experts du Canada, des États-Unis et d’Europe se sont « penchés sur les conséquences stratégiques de la désinformation pour la sécurité nationale et l’intégrité des institutions démocratiques ».

On apprend dans le rapport que la désinformation repose sur un réseau complexe d’acteurs, souvent indépendants, pour se propager. On y lit : « Bon nombre véhiculent des théories du complot ou des canulars, unis par leur méfiance à l’égard des gouvernements occidentaux et des médias grand public ».

Dérapages

Le SCRS explique la puissance de ce phénomène par la « portée et la rapidité d’Internet et des médias sociaux » qui ont, selon lui, « amplifié les répercussions possibles de la désinformation ».

Le rapport décrit comment les fausses nouvelles parviennent à faire déraper et à mettre en danger les débats de société.

« L’augmentation de la capacité de transmission de données, jumelée au virage vers la publicité programmatique, a provoqué une diminution abrupte de la capacité du journalisme traditionnel d’être le garant de la qualité de l’information publique. Ce dernier a été remplacé en partie par un torrent de données provenant d’un nombre infini d’expéditeurs. Or, ce torrent charrie son lot de mensonges et de distorsions qui menacent l’intégrité du discours public, des débats et de la démocratie », indique le rapport.

On constate que « l’écosystème informationnel permet la tenue de campagnes de désinformation d’envergure ». Le principe de base est de diffamer et d'amplifier. L’objectif poursuivi est d’atteindre des segments précis de la population.

« Les fausses nouvelles sont propagées de multiples façons, mais Facebook et Twitter sont des outils particulièrement importants », souligne le rapport. Ainsi, les personnes qui « considèrent les fausses nouvelles comme dignes de foi ou utiles les propagent à leur tour ».

Des logos de Facebook
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Facebook

Photo : AFP / LOIC VENANCE

Le cas russe

Le SCRS s’est aussi intéressé aux acteurs qui utilisent la désinformation. On y lit : « La désinformation est devenue un outil extrêmement efficace pour les acteurs étatiques, les profiteurs, les personnes en quête d’un statut, les entreprises du spectacle et les vrais croyants ».

Le rapport stipule que le « plus habile pourvoyeur étatique de mensonges est la Russie ». La désinformation venant de ce pays est adaptée aux objectifs de l’État russe. Elle insiste sur le fait que les « gouvernements occidentaux sont fascistes ou les leaders mondiaux font partie d’une élite puissante qui méprise les gens ordinaires et agit contre eux ».

Les gouvernements occidentaux doivent prendre au sérieux les agissements de la Russie.

«  »

— Une citation de  Extrait du rapport
Vue du Kremlin, à Moscou
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Vue du Kremlin, à Moscou

Photo : Reuters / Sergei Karpukhin / Reuters

Des solutions

Pour lutter contre la désinformation, le SCRS propose différentes pistes de solution. « La vérification détaillée des faits joue un rôle dans la dénonciation de fausses informations et de faux discours », écrivent les auteurs du rapport.

Il importe aussi de démasquer les opérations d’influence et de les dénoncer. Il est crucial de comprendre comment « la technologie exacerbe le problème de la désinformation et, si possible, de trouver des moyens de modifier la façon dont l’information est communiquée ».

L’éducation est un bon moyen de combattre ce mal. « On ne saurait trop insister sur l’importance de sensibiliser et de mobiliser la population. La désinformation se propage mieux au sein des groupes qui ne se méfient pas ou qui ont un penchant pour les fausses informations. Des cours sur la façon de repérer un faux compte de média social, une photo volée ou un article tendancieux sur Internet devraient être donnés sur une échelle beaucoup plus vaste », est-il proposé.

Or, prévient le SCRS, il n’existe pas de « solution unique au problème complexe et multidimensionnel de la désinformation ». Il écrit : « La réglementation, la vérification des faits, la dénonciation et l’éducation ont toutes un rôle à jouer. Toute solution qui met l’accent sur un de ces éléments au détriment des autres n’a pas beaucoup de chances de réussir. Il est nécessaire de bâtir la résilience sur autant de fronts que possible ».

Une guerre totale

Le SCRS fait remarquer que la désinformation représente une menace à l’ordre public, car ses intervenants ont des intérêts cachés.

«  »

— Une citation de  Extrait du rapport

Enfin, le SCRS avait un message à lancer à tous ceux qui doivent lutter contre ce fléau : « Ceux qui étudient la désinformation et qui abordent la question publiquement ainsi que les acteurs étatiques et non étatiques qui se livrent à cette activité doivent garder à l’esprit qu’il n’existe pas d’observateurs passifs. Il s’agit d’une guerre totale, sans front, qui ne connaît pas la neutralité ».

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