Le propriétaire du pitbull qui a défiguré une fillette coupable de négligence criminelle

Vanessa a été attaquée par un chien de type pitbull lorsqu'elle avait 7 ans.
Photo : Photo fournie par la famille
Prenez note que cet article publié en 2018 pourrait contenir des informations qui ne sont plus à jour.
La procureure de la Couronne a demandé une peine de pénitencier de trois ans pour le propriétaire d'un pitbull déclaré coupable, jeudi, de négligence criminelle ayant causé de graves blessures à une fillette de sept ans, mais le juge a indiqué qu'il avait en tête une peine plus sévère car il y a selon lui « un message à lancer ».
Le juge Pierre Bélisle de la Cour du Québec a lu son jugement jeudi matin au palais de justice de Longueuil, par lequel il a déclaré Karim Jean Gilles coupable de négligence criminelle ayant causé des lésions corporelles.
L'homme n'a pas réagi quand le verdict est tombé.
Présente au tribunal, la mère de Vanessa avait les larmes aux yeux quand elle a entendu le mot coupable et elle a serré fortement la main de son conjoint.
Le juge Bélisle a dit en rendant son jugement que l'accusé avait été « irresponsable » et qu'il se moquait de la loi et de la sécurité d'autrui.
« Il aurait dû prévoir les conséquences de son inaction », a lu le juge. Il savait que ses chiens étaient dangereux et n'a pris aucune mesure pour empêcher qu'ils s'en prennent à quelqu'un, a-t-il ajouté.
Dans sa plaidoirie, l'accusé avait suggéré qu'il y avait peut-être eu provocation de la part de la petite victime.
« Cet argument est sans fondement », a tranché le juge Bélisle.
Selon lui, l'accusé a démontré une « insouciance déréglée » envers la sécurité d'autrui, en omettant de munir ses chiens de colliers et de laisses lorsqu'ils étaient à l'extérieur, en ne clôturant pas sa propriété de façon adéquate pour empêcher que ses chiens ne s'échappent et en laissant les deux chiens à sa mère, qui n'avait pas la capacité de les maîtriser.
« Il y a un message à lancer », dit le juge
Les recommandations sur la peine ont eu lieu jeudi, immédiatement après le verdict.
Citant les graves blessures subies par la fillette, les antécédents criminels de Karim Jean Gilles, son absence de remords et d'empathie, la procureure de la Couronne, Claudie Gilbert, a demandé une peine de prison de trois ans à purger de façon consécutive, c'est-à-dire après celle pour laquelle il est actuellement incarcéré.
« Moi je pensais à une peine plus sévère... plus que trois ans », a rétorqué le juge Bélisle, qualifiant l'accusé de « téflon » sur lequel les peines ne semblent pas avoir d'effet.
« Ça me préoccupe. Il y a un message à lancer », a-t-il ajouté.
Il a dit que l'homme aura une peine « sévère, peut-être même exemplaire ».
L'accusé, qui se représente seul, n'a pas témoigné à son procès ni fait entendre de témoins. Il n'a pas non plus présenté d'argument pour avoir une peine réduite.
Le juge Bélisle déterminera la peine le 23 mars prochain.
Lourdes séquelles
Le 20 septembre 2015, la petite Vanessa Biron s'était rendue au parc Marquise de la ville de Brossard avec sa sœur de cinq ans et sa mère. C'est là qu'elle a été attaquée par le pitbull de l'accusé, dont l’autre chien tournait autour d'elle en grognant et en jappant. La mère de Vanessa s'est jetée sur l’enfant pour servir de bouclier humain.
La fillette a notamment subi des blessures au visage, en plus d'une fracture au crâne et à une main. Les muscles et les nerfs d'un côté de son visage ont été broyés et un os de sa joue a été fracturé en sept morceaux, a expliqué Mme Biron. Elle a une paralysie au visage, n'a plus de glandes salivaires et son canal auditif a été déchiré.
L'accusé, qui se représente seul, n'a pas témoigné à son procès ni fait entendre de témoins.
La procureure de la Couronne avait fait valoir que l'accusé savait que ses chiens étaient dangereux et agressifs, et qu'il n'a rien fait pour empêcher que l'attaque ne se produise.
L'accusé avait de son côté plaidé mardi qu'aucun témoin n'était venu au procès dire que son chien avait attaqué un humain dans le passé.