Un groupe d'extrême droite se réunit au domaine de Maizerets

Des militants du groupe d'extrême droite Atalante lors d'une manifestation à Québec en novembre 2017.
Photo : Radio-Canada / Maxime Corneau
Prenez note que cet article publié en 2018 pourrait contenir des informations qui ne sont plus à jour.
Le groupe d'extrême droite Atalante a utilisé des locaux au domaine de Maizerets à Québec pour offrir une fin de semaine de formations à ses sympathisants, a appris Radio-Canada. Le domaine, géré par la Ville de Québec, est une propriété du gouvernement provincial.
Un texte de Maxime Corneau
Selon le directeur général de la Société du domaine Maizerets, Alain O’Neil, une vingtaine de participants ont assisté aux formations du groupe ouvertement xénophobe, les 17 et 18 février derniers. Le rassemblement s'est tenu à la maison Ango-Des Maizerets, aussi connue sous le nom de château Maizerets.
Le groupe Atalante s’est fait connaître notamment pour avoir mené des campagnes d’affichage anti-immigration ainsi que pour sa participation lors des manifestations identitaires ces dernières années.
Alain O’Neil précise que le groupe avait réservé une salle du château Maizerets en mentionnant simplement un nom, sans préciser les motifs de la rencontre.
La Société du domaine Maizerets, qui est mandatée par la Ville de Québec pour gérer le site, ignorait que la réservation était celle du groupe d’extrême droite Atalante. C’est un employé qui a réalisé la teneur du rassemblement au cours de la fin de semaine.
« Fin de semaine militante »
Le groupe Atalante avait annoncé sur les réseaux sociaux qu’une fin de semaine offrant diverses formations serait organisée à Québec sans en dévoiler le lieu.
Le prospectus de l'événement précise la tenue d'un atelier sur le survivalisme, d'une conférence du porte-parole de la Fédération des Québécois de souche, ainsi qu’une autre formation sur le nationalisme révolutionnaire.
Les militants masqués du groupe ont profité de cette réunion pour apposer dans divers lieux de Québec, en pleine nuit, de larges banderoles portant l’inscription « Québec bastion nationaliste ». Les images de ces affichages ont été publiées sur Facebook.

Des membres masqués d'Atalante devant l'Assemblée nationale.
Photo : Image tirée de Facebook
Intervention de la Ville demandée
Le militant antiraciste Sébastien Bouchard déplore qu’un groupe d’extrême droite ait pu louer une salle à la Ville de Québec, précisant au passage que plusieurs membres de la bande sont connus pour leurs démêlés avec la justice.
Selon lui, les policiers de Québec auraient intérêt à créer une liste noire des groupes haineux afin de mieux informer les organismes publics.
« La Ville, en concertation avec la police, doit prendre des décisions sur certains groupes et ne pas mettre les infrastructures publiques à leur service », affirme le militant.
Sébastien Bouchard a été au coeur des rassemblements de solidarité à la suite de l'attentat de la grande mosquée de Québec. Il est aujourd'hui candidat à l'investiture pour Québec solidaire dans la circonscription Jean-Lesage.
Le CA chargé du dossier
Le directeur général de la Société du domaine Maizerets, Alain O’Neil, affirme que le conseil d’administration de l'organisme évaluera les suites à donner aux événements de la fin de semaine afin de mieux outiller les responsables des locations des salles.
La semaine dernière, Le Soleil rapportait que le diocèse de Québec a reconnu avoir loué une salle de l'église Saint-Rodrigue à un autre groupe identitaire, Storm Alliance.
Le diocèse avait alors promis d'augmenter son niveau de vigilance afin de ne plus louer ses salles aux groupes qui prônent l'exclusion.
Le maire de Québec Régis Labeaume estime qu’il est plutôt difficile pour les organismes de savoir à qui ils louent réellement les salles. « On n’est pas à la course aux fascistes, là », s’est-il contenté de dire pour relativiser.
Selon lui, Atalante n’est pas un groupe majeur que la Ville devrait avoir à l’œil.