Des vers bios pour des canards du Centre-du-Québec

L'entreprise Élevage Vermeil au Centre-du-Québec a son propre élevage de vers biologiques pour nourrir ses canards.
Photo : Radio-Canada / Marie-Ève Trudel
Prenez note que cet article publié en 2018 pourrait contenir des informations qui ne sont plus à jour.
Les insectes sont encore mal-aimés lorsque vient le temps de les imaginer dans nos assiettes, mais une entreprise du Centre-du-Québec voit néanmoins leur immense potentiel dans le domaine de l'alimentation. Élevage Vermeil a choisi de les apprivoiser par l'intermédiaire du canard et de paver la voie avec le biologique.
Un texte de Marie-Ève Trudel
« On y a goûté mon conjoint et moi, mais [entre] un bon tartare de canard ou un bon tartare d'insectes, on aime mieux un tartare de canard! »
Véronique Bouchard, propriétaire de l'entreprise établie à Lefebvre, près de Drummondville, n'est pas différente de la majorité de ses concitoyens à l'égard de ses habitudes alimentaires. Elle a néanmoins la capacité de voir l'avenir prometteur promis aux bestioles.
Elle est à la tête de la première entreprise québécoise à obtenir la certification biologique pour son élevage d'insectes. Tout ce qui entre dans l'élevage est certifié bio, que ce soit le substrat ou les légumes qui sont donnés en complément d'alimentation.
« On s'est dit, si on veut donner nos insectes à nos animaux, il faut qu'eux aussi soient biologiques, relate-t-elle. Donc on a décidé de faire la transition. Puis ce sont des gens qui nous ont aidés au niveau de notre mise en marché qui nous ont dit : "c'est vraiment une très bonne idée, un très bon argument de vente, personne ne fait ça!" ».
Si je n'avais pas eu les insectes, je pense que mon entreprise ne se serait pas développée aussi rapidement au cours des deux dernières années.

Véronique Bouchard a choisi d'ajouter des vers biologiques à la diète de ses canards, plutôt que de les nourrir uniquement avec de la moulée.
Photo : Radio-Canada / Marie-Ève Trudel
Sa certification biologique commande une grande rigueur. Elle a d'ailleurs mis en place un système de traçabilité des vers.
On est capable de retracer comme si c'était une viande, on est capable de retracer l'élevage, tout son historique.
Pour 2018, son objectif est d'élever 350 canards nourris aux vers biologiques. Elle compte aussi accroître sa production d'insectes. Une stratégie qui lui permettra, à terme, de trouver la rentabilité, espère-t-elle.
« C'est un bel élevage donc plus les gens vont en parler, plus ça va se développer », dit-elle.
Un élevage avantageux
Le développement des insectes d'élevage dure environ quatre mois. L'entreprise fait valoir que l'élevage est facile, nécessitant environ quatre minutes de travail, deux fois par semaine. Autre avantage non négligeable, les vers de farine ne volent pas, ne piquent pas et ne sont pas bruyants, explique Véronique Bouchard, contrairement à d'autres types d'insectes.
L'élevage prend peu d'espaces et chaque bac donne un rendement d'environ un kilogramme de vers.
Les insectes constituent entre 15 à 20 pour cent de l'alimentation des canards chez Élevage Vermeil, ce qui bonifie leur apport en protéines.
« Un insecte en poids, c'est environ 50 % de protéines. Donc c'est beaucoup plus intéressant que de lui donner juste de la moulée qui va être à environ 18 % de protéines. Puis c'est une protéine qui est très écologique à produire »

Élevage Vermeil, qui élève des canards depuis 2016, a reçu sa certification biologique pour ses insectes en septembre 2017.
Photo : Radio-Canada / Josée Ducharme
« Nous c'est vraiment au niveau du goût qu'on vient se distinguer des autres canards, même des canards biologiques parce qu'il y a notre apport d'insectes d'élevage, mais aussi tous les insectes qu'ils trouvent à l'extérieur ». Le terrain de jeu des canards est lui aussi contrôlé, exempt de tout pesticide ou autre composante qui viendraient nuire à la certification biologique, chère à l'éleveuse.