Congrès du NPD : Jagmeet Singh souhaite la réouverture de la Constitution

À Ottawa, le Nouveau Parti démocratique (NPD) entame un congrès crucial, à l'approche des prochaines élections. Le nouveau chef Jagmeet Singh fait face à de nombreux défis, notamment sur la question des pipelines. Le reportage de Louis Blouin
Photo : The Canadian Press / Fred Chartrand
Le chef du Nouveau Parti démocratique (NPD), Jagmeet Singh, cherche visiblement à séduire l'électorat québécois. À l'ouverture du congrès de son parti, vendredi, il a prononcé un plaidoyer pour la réouverture de la Constitution canadienne, un appel entendu par les délégués présents à Ottawa.
M. Singh a incité les délégués à adopter une résolution pour reconnaître « l'erreur historique » du rapatriement de la Constitution en 1982 sans l'accord du Québec et pour accueillir favorablement une réforme constitutionnelle qui reconnaîtrait « le caractère national du Québec » et viserait à « assurer son adhésion au cadre constitutionnel canadien ».
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La résolution a été adoptée par une large majorité de délégués, tout comme une autre pour l'instauration d'une déclaration d'impôt unique gérée par le gouvernement du Québec, qui transférerait ensuite la portion fédérale à Ottawa.
Le gouvernement de Philippe Couillard avait tenté de relancer le débat constitutionnel en juin dernier avec sa Politique d'affirmation canadienne et des relations canadiennes, mais le premier ministre Justin Trudeau s'était empressé de fermer la porte.
L'aile québécoise du NPD tenait à ce que le congrès serve à élaborer une offre néo-démocrate spécifique au Québec et une vision du fédéralisme en vue des prochaines élections. Les 16 députés du Québec sur les 44 que compte le caucus du NPD, de même que les délégués au congrès, savent que les prochaines élections seront cruciales pour la présence du parti dans la province.
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« En 2015, on n’a pas eu une offre spécifique au Québec. Ça nous a manqué un petit peu. On est capable de corriger le tir pour 2019 », a insisté de son côté le député Alexandre Boulerice.
Entre autres résolutions qui visent à charmer l'électorat québécois, on retrouve également la protection renforcée de la langue française.
Les résolutions pourraient se retrouver dans le programme électoral du NPD lors de la prochaine élection fédérale.
Sentiment d’urgence
La bataille s'annonce ardue dans deux élections complémentaires fédérales qui auront lieu au Québec prochainement, surtout que les appuis du NPD reculent dans les sondages. Il n'est pas assuré que la circonscription d'Outremont, celle de l'ex-chef Thomas Mulcair, restera orange après son départ en juin.
Si le NPD veut se préparer adéquatement en prévision de la prochaine campagne électorale, la formation politique devra aussi trouver une façon de regarnir ses coffres.
Même si la course à la direction a permis au parti de grossir ses rangs, moins de 25 % de ses 124 000 membres ont fait un don. Le NPD s'est donné pour objectif d'amasser 9 millions de dollars cette année.
Près de 2000 délégués de partout au pays sont réunis jusqu’à dimanche dans la capitale pour ce dernier grand rendez-vous avant la prochaine élection fédérale.
Politique contre le harcèlement
La présidente du parti, Marit Stiles, a profité du congrès pour présenter aux délégués la politique du parti contre le harcèlement.
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L'ébauche de cette nouvelle politique ne sera pas débattue au cours du congrès. Le document final sera ensuite adopté ultérieurement par le conseil fédéral du parti.
Le NPD, qui se définit comme un parti féministe, est lui aussi aux prises avec des allégations de harcèlement sexuel. Au cours des dernières semaines, quatre femmes ont accusé l'ex-député Peter Stoffer d'avoir eu un comportement inapproprié à leur égard lorsqu'il était en poste.
Des allégations de « comportements harcelants » ont aussi été portées contre le député Erin Weir.
Avec les informations de Louis Blouin