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Washington et Ankara tentent de régler leurs différends sur la Syrie

MM. Tillerson et Cavusoglu, devant des lutrins, en conférence de presse.

Le secrétaire d'État américain Rex Tillerson et le ministre turc des Affaires étrangères Mevlüt Cavusoglu, en conférence de presse, vendredi matin, à Ankara.

Photo : Getty Images / ADEM ALTAN

Radio-Canada

Les États-Unis et la Turquie vont établir des « mécanismes » pour surmonter leurs différends sur l'avenir de la Syrie, en cherchant « en priorité » une solution au sujet du contrôle de la ville de Manbij sous contrôle kurde, ont annoncé vendredi les chefs de la diplomatie des deux pays.

Les relations entre les deux alliés de l’OTAN sont notoirement tendues depuis maintenant plus d’un an, et elles se sont dégradées davantage récemment en raison d’un sérieux litige concernant leurs relations avec les milices kurdes de Syrie, les YPG.

« Nous n’allons plus agir chacun de son côté » en Syrie mais plutôt « aller de l’avant ensemble », a fait valoir le secrétaire d’État américain Rex Tillerson, lors d’une conférence de presse donnée aux côtés de son homologue turc Mevlüt Cavusoglu.

« Nos deux pays partagent les mêmes objectifs en Syrie », à savoir la défaite du groupe armé État islamique (EI), et la recherche d’une solution politique au conflit, a ajouté M. Tillerson, qui a aussi rencontré le président turc Recep Tayyip Erdogan jeudi soir.

Nous avons avancé des propositions pour nous pencher sur tous les enjeux cruciaux qui s’interposent entre nous.

Une citation de Rex Tillerson

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Selon le numéro un de la diplomatie américaine, les « mécanismes » que les deux pays ont convenu d’établir sont en fait des « groupes de travail » appelés à se pencher sur différents aspects de leur relation. « La question de Manbij sera traîtée en priorité » par un groupe de travail dont la première réunion est prévue à la mi-mars, a-t-il précisé.

M. Cavusoglu a pour sa part insisté sur le fait que l’amélioration des relations entre les deux pays doit passer par le retrait des YPG de Manbij. Cette ville stratégique du nord de la Syrie a été reprise à l’EI l’an dernier par les Forces démocratiques syriennes (FDS), une milice qui comprend des combattants arabes, mais dont les YPG constituent la principale composante.

Nous pourrons effectuer des pas avec les États-Unis en toute confiance lorsque les YPG se seront retirés [de Manbij]. Il est nécessaire que les YPG sortent de là.

Une citation de Mevlüt Cavusoglu

Pour la Turquie, les YPG sont des « terroristes » associés au PKK, la guérilla kurde engagée dans une lutte contre Ankara; pour les États-Unis, ce sont des alliés qui ont été le fer de lance de la lutte contre l’EI, qui a culminé l’automne dernier avec la chute de Raqqa.

Manbij, prochain objectif turc?

À la fin du mois de janvier, l’armée turque et des rebelles de l’Armée syrienne libre (ASL) ont lancé une offensive militaire contre l’enclave kurde d’Afrine, dans le nord-ouest de la Syrie, afin d’en déloger les YPG, et le président Erdogan menace maintenant de faire de même à Manbij.

Des soldats turcs circulent parmi des camions de l'armée.

Des forces turques près du mont Barsaya, au nord-est d'Afrine, à la fin du mois de janvier.

Photo : Reuters / Khalil Ashawi

Un tel développement pourrait faire dérailler les relations entre Ankara et Washington. Si Manbij est contrôlée par les FDS, elle abrite aussi des troupes américaines, de sorte qu'une offensive militaire turque sur la ville pourrait entraîner des affrontements directs entre les deux alliés de l'OTAN.

Bien avant l'offensive des FDS contre l'EI, Ankara avait affirmé haut et fort qu'il était hors de question pour elle que les combattants kurdes puissent s'établir à l'ouest de l'Euphrate, notamment à Manbij, assimilant le tout à une « ligne rouge » à ne pas franchir.

Selon la Turquie, les États-Unis s’étaient engagés à s’assurer que les YPG se retirent de cette ville après leur victoire contre l’EI, mais cela ne s’est pas produit.

Selon des sources proches du dossier, la Turquie a d’ailleurs formellement proposé à Rex Tillerson que des soldats turcs et américains prennent position ensemble à Manbij, et que les YPG s’en retirent.

Au sujet d’Afrine, M. Tillerson s’est contenté vendredi d’appeler la Turquie à la « retenue », tout en reconnaissant les « inquiétudes légitimes » de la Turquie pour sa sécurité, réitérant ainsi la délicate position américaine dans ce dossier.

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Le secrétaire d’État américain a aussi profité de sa visite pour rappeler sa « préoccupation » face aux nombreuses arrestations faites par les forces de l’ordre turques depuis le coup d’État avorté de juillet 2016.

Il a également promis que les États-Unis étudieront les « preuves » qu’Ankara pourra lui fournir au sujet de l’implication alléguée du prédicateur Fethullah Gülen dans ce coup d’État.

M. Gülen, qui habite aux États-Unis depuis de nombreuses années, est considéré par le pouvoir turc comme le cerveau de ce putsch raté et réclame son extradition.

Avec les informations de Agence France-Presse, Reuters et Associated Press

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