L’efficacité de la marijuana médicinale reste à prouver, selon des experts
Les bienfaits du cannabis médicinal seraient surestimés, selon une étude de l'Université de l'Alberta.
Photo : CBC
Prenez note que cet article publié en 2018 pourrait contenir des informations qui ne sont plus à jour.
Alors que le nombre de consommateurs de cannabis médicinal grimpe en flèche au pays, une équipe de l'Université de l'Alberta demande aux médecins de faire preuve de prudence. L'état actuel de la recherche ne permet pas, selon elle, de prouver ses bienfaits, sauf pour quelques cas.
Les douleurs nerveuses dont souffre Lou Morin font partie de ces exceptions. À 64 ans, il a arrêté les opioïdes et consomme désormais du cannabis pour soulager sa souffrance.
Les opioïdes traitaient la douleur, explique-t-il, mais ne lui permettaient pas de « fonctionner ». Le cannabis lui permet cela, mais aussi, surtout, de bien dormir la nuit : « Cela me permet de vivre, en fait », confie-t-il.
Comme lui, beaucoup de patients qui souffrent de douleurs chroniques se tournent vers la marijuana pour réduire leur dépendance aux opioïdes.
Entre avril et septembre 2017, le nombre de consommateurs de cannabis à des fins médicinales a triplé au Canada, y compris en Alberta, selon des chiffres de Santé Canada.
Plus de recherche nécessaire
Mais les preuves quant au bien-fondé du cannabis médical manquent, dit Mike Allan, qui a dirigé l’étude. Par exemple, il n'y a pas assez de recherches sur les effets du cannabis contre le mal de dos ou la dépression, qui sont des causes fréquentes de prescription.
Tant qu’on n’a pas plus de recherche, on devrait vraiment limiter nos prescriptions.
La recherche soulève, qu'en revanche, les effets secondaires du cannabis sont mieux connus : ceux-ci incluent la somnolence et les vertiges.
Selon l’étude, l’efficacité de la marijuana médicinale n’a été prouvée que pour les douleurs chroniques des nerfs, les douleurs liées aux soins palliatifs, les nausées et vomissements causés par la chimiothérapie, et la spasticité, qui est associée à la sclérose en plaques ou à des lésions de la moelle épinière.
Mike Allan, professeur à l'Université de l'Alberta, pense que cette étude est la première du genre.
Photo : Radio-Canada
Dans tous les cas, les chercheurs recommandent aussi, dans leur communiqué, de recourir au cannabis « seulement après avoir essayé un certain nombre de thérapies conventionnelles ».
Une prescription au cas par cas
L’étude est destinée à servir de guide aux médecins de famille qui, selon Mike Allan, ont besoin de plus d’informations et de conseils à ce sujet. Elle présente donc des recommandations générales.
Cela n’empêche pas, dit-il, que chaque médecin prenne une décision différente, basée sur l’histoire médicale de son patient, et en collaboration avec lui.
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Le cannabis, ce n’est en effet pas la panacée, pense Maria Hudspith, directrice de Pain BC, un groupe qui oeuvre en faveur d’un meilleur traitement de la douleur.
Elle aussi estime qu’il faut mener plus de recherche sur les effets du cannabis médicinal, notamment sur les effets à long terme.
Mais en attendant, dit-elle, « qu’est-ce que les patients doivent faire? Ils ont besoin d’avoir accès à des traitements, et d'après ce que j’ai lu, les effets secondaires du cannabis pour les patients qui souffrent de douleurs chroniques sont minimes, s'ils ne le fument pas ».
Au-delà du traitement médicinal de la douleur chronique, suggère-t-elle, on devrait aussi soutenir les thérapies physiques et psychologiques, « parce que nous savons que celles-là fonctionnent ».
