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Pourquoi les humains s’embrassent-ils?

Un couple échange un baiser profond.

Entre 80 et 100 millions de bactéries sont échangées lors d'un baiser profond.

Photo : iStock / KatarzynaBialasiewicz

Radio-Canada

Qu'il s'agisse d'un acte informel de salutation ou d'un geste romantique intense, le baiser fait partie des communications humaines, dans toutes les langues, depuis des milliers d'années. Mais quelles sont ses origines et à quoi sert-il? Tour d'horizon.

Un texte d'Alain Labelle

Le professeur en anthropologie William R. Jankowiak et ses collègues de l’Université du Nevada à Las Vegas, aux États-Unis, se sont intéressés aux baisers dans des travaux qu’ils ont publiés en 2015 (Nouvelle fenêtre).

Ces chercheurs ont établi que 46 % des 168 cultures humaines qu’ils ont étudiées pratiquaient le baiser au sens romantique du terme, soit le contact lèvres sur lèvres dans un couple.

Ce qui représente une vaste majorité des humains (environ 90 %) puisque ce type de baiser est observé dans les cultures les plus répandues dans le monde.

Le saviez-vous?

  • La philamatologie est la science qui étudie le baiser et plus largement les activités labiales.
  • Le Kamasutra décrit pas moins de 30 types de baisers différents.
  • Un baiser profond de 10 secondes avec la langue revient à un transfert de 80 à 100 millions de bactéries d'une personne à l'autre.
  • Il faut une trentaine de muscles faciaux pour donner un baiser.
  • Le record du monde du plus long baiser a été attribué aux Thaïlandais Ekkachai et Laksana Tiranarat : pas moins de 58 heures, 35 minutes, et 58 secondes.

Ces travaux montrent aussi qu'il existe une forte corrélation entre la fréquence du baiser romantique et la complexité d'une société. Ainsi, plus une culture est complexe sur le plan social, plus les baisers romantiques sont fréquents.

Plusieurs groupes culturels ne pratiquent pas le baiser, comme certaines communautés du Brésil.

Photo : iStock

Les sociétés actuelles composées de chasseurs-cueilleurs ne montrent aucune inclinaison pour le baiser. En fait, certaines comme les Mehinaku au Brésil le trouvent même répugnant.

Si les groupes actuels de chasseurs-cueilleurs ne pratiquent pas le baiser romantique, certains chercheurs estiment possible que nos ancêtres, eux-mêmes chasseurs-cueilleurs, ne le pratiquaient pas non plus.

Il est pourtant impossible d’en être certain, car les groupes de chasseurs-cueilleurs modernes ne vivent pas de la même façon que les chasseurs-cueilleurs ancestraux, puisque leurs sociétés ont changé et se sont adaptées entre-temps.

William Jankowiak estime donc que les baisers romantiques ne sont pas un comportement humain universel, comme le veut la croyance populaire. Ils seraient plutôt, selon lui, un produit des sociétés occidentales, transmises d'une génération à l'autre.

Remonter dans le temps

D'autres travaux publiés en 2013 et réalisés par les psychologues évolutionnistes Rafael Wlodarski et Robin Dunbar, de l'Université d'Oxford, au Royaume-Uni, tendent à confirmer que le baiser est une invention relativement récente dans l'évolution humaine.

Ces chercheurs ont fouillé l’histoire humaine afin de trouver des preuves de sa présence et de son évolution. Résultat : la plus vieille preuve qu’ils ont trouvée remonte à 3500 ans. L’action d’embrasser est décrite dans le Veda, un ensemble de textes qui, selon la tradition, a été révélé aux sages indiens. Le baiser y est décrit comme le fait d’ « inhaler l'âme de l'autre ».

Pour leur part, certains hiéroglyphes égyptiens représentent des personnes proches les unes des autres, sans pour autant que leurs lèvres se touchent.

Deux éléphants.

Photo : iStock / Freder

Et les animaux?

Nos plus proches cousins dans le règne animal, les chimpanzés et les bonobos, s’embrassent aussi.

Le primatologue Frans de Waal, de l’Université Emory, aux États-Unis, a été témoin de plusieurs séances d’embrassades et d’étreintes après des conflits.

Selon lui, le baiser représente en quelque sorte une forme de réconciliation qui est plus commune chez les mâles que chez les femelles. Il ne serait donc pas un comportement romantique.

Les bonobos s'embrassent plus souvent que les chimpanzés, et ils utilisent souvent la langue. Des gestes qui ne sont pas surprenants, considérant qu’ils sont des animaux très sexués.

Par exemple, lorsque deux humains se rencontrent, ils se serrent la main et s’embrassent sur les joues. Pour leur part, les bonobos ont des rapports sexuels. Leurs baisers ne sont donc pas particulièrement romantiques non plus.

Deux chimpanzés s'embrassent.

Photo : iStock / abzerit

Ces deux grands singes seraient des exceptions dans le monde animal. D’autres animaux se touchent le visage, mais ne posent pas les lèvres les unes sur les autres.

Un acte inné ou appris?

Il n’existe aucune explication qui se détache du lot pour expliquer les origines du baiser.

Certains anthropologues avancent que c'est un comportement appris, qui remonte aux premiers ancêtres humains. À l'époque, les mères mâchaient la nourriture et la passaient de leur bouche à celle de leurs bébés. Les mères auraient continué à appuyer leurs lèvres sur celles de leurs enfants sevrés ou sur leurs joues pour les réconforter ou pour montrer l'importance de leur lien.

Une mère embrasse son fils.

Photo : iStock / wundervisuals

Le fait que certaines cultures humaines ne s’embrassent pas tend à confirmer la nature apprise du baiser.

D’autres pensent que le baiser est plutôt un comportement inné. Ils citent l’exemple des bonobos, qui ne manquent pas une occasion de s’embrasser pour se réconcilier, se réconforter ou sans raison aucune, un peu comme l’humain.

Le saviez-vous?

La bouche humaine contient plus de 700 variétés de bactéries. En plus des interactions avec les autres par les baisers, entre autres, ce microbiome est également influencé par la génétique, l'alimentation et l'âge.

S'embrasser ou se renifler?

Actuellement, l’une des théories les plus répandues est que cette action est associée à la senteur et aux phéromones. Le fait de s’approcher d’un partenaire permet d’échanger des informations biologiques entre les personnes. Des informations importantes pour les femmes qui préféreront inconsciemment le parfum des hommes dont les gènes associés au système immunitaire sont différents des leurs.

Ce type de jumelage pourrait donner des descendants avec un système immunitaire plus fort, qui ont donc de meilleures chances de survie.

Un buffle d'Afrique mâle renifle le derrière d'une femelle.

Photo : iStock

Il ne faut pas oublier que les humains sont des mammifères, et que les phéromones jouent un rôle important dans le choix des partenaires, pour la plupart d’entre eux.

Nous avons hérité de la biologie des mammifères, nous avons simplement ajouté des comportements évolutifs à travers le temps. Nous pourrions renoncer aux baisers et nous sentir, à la place.

Une citation de Rafael Wlodarski, Université d’Oxford

De ce point de vue, selon Rafael Wlodarski, les baisers ne sont qu'un moyen culturellement acceptable de se rapprocher suffisamment d'une autre personne pour détecter ses phéromones.

« Dans certaines cultures, ce comportement de reniflage s'est transformé en contact physique avec les lèvres. Il est difficile de déterminer quand cela s'est produit, mais les deux ont le même objectif », ajoute Rafael Wlodarski.

Pour le plaisir

La plupart des humains se satisfont d’une explication très large du rôle du baiser. Les humains s'embrassent parce qu'ils se sentent bien, et pour accroître l'excitation, notamment pendant les préliminaires.

Les lèvres et les langues sont pleines de terminaisons nerveuses, ce qui aide à intensifier toutes ces sensations associées au plaisir amoureux.

En outre, il servirait aussi à maintenir la stabilité d'une relation.

Donc en conclusion, embrasser servirait à trouver un partenaire (Nouvelle fenêtre) et, une fois le partenaire trouvé, cela serait le meilleur moyen de le garder.

Une signification différente entre les sexes

D'ailleurs, pour les hommes ou pour les femmes, le baiser ne semble pas avoir la même signification. C'est ce qu'a conclu la biologiste Sheril Kirshenbaum, de l'Université du Texas, après de nombreux travaux sur le sens du baiser. Les hommes auraient ainsi plus tendance à considérer le baiser comme un moyen d'accéder à une relation sexuelle, alors que les femmes donnent plus d'importance au geste lui-même.

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