Louisbourg : pour la renaissance d'une route historique

Gene Kersey, Heather Hayes et Tim Menk sur la route, fermée en 1967, qui sépare Louisbourg et Gabarus, en Nouvelle-Écosse.
Photo : La Presse canadienne / Vaughan Merchant
Il fut un temps où elle était une artère vitale, alors que le Cap-Breton était d'une importance stratégique pour les Européens en Amérique du Nord.
Maintenant, la route qui reliait Louisbourg à Gabarus, en Nouvelle-Écosse, est obscurcie par les arbres qui la bordent, les voyageurs doivent faire un long détour, et des villageois rêvent de voir le chemin de 25 kilomètres renaître, un demi-siècle après sa fermeture.
Probablement l’un des plus anciens au Canada, le chemin entre Louisbourg et Gabarus existe depuis le début du 18e siècle.
Des résidents des environs croient que sa réouverture rendrait plus agréable le voyage vers la forteresse de Louisbourg, un lieu historique national, et donnerait un nouveau souffle à cette région du Cap-Breton.
À lire aussi :
« Vous ne pouvez pas avoir une tasse de café à Louisbourg passé octobre. Vous ne pouvez pas avoir d’essence. Personne ne conduit à travers la ville, c’est un cul-de-sac », lance le sénateur Michael MacDonald, un natif de Louisbourg.
Au début des années 1960, le gouvernement fédéral a ordonné des expropriations dans le cadre du projet de reconstruction de la forteresse, fondée par les Français en 1713. Plusieurs résidents ont dû quitter leur résidence le long de la vieille route, qui a été fermée à la circulation en 1967.
Le sénateur MacDonald dit que les touristes arrivent à la forteresse « épuisés mentalement » par l’état de la route qui les y amène.
« C’est un préjudice économique à tout le secteur, aucun doute là-dessus. Et c’est si facile à régler ». La solution évidente, croit-il, est de remettre la vieille route en service.
Une route deux fois plus longue
Plusieurs groupes locaux se sont réunis pour demander au gouvernement de les aider à faire renaître cette route. Une assemblée publique est annoncée le 17 février prochain à 14 h, au Highland Arts Theatre de Sydney, afin de débattre du sujet.
Tim Menk, de la Société des amis de Gabarus, fait valoir qu’il est incongru qu’une région renommée pour ses panoramas ait une route côtière partout, sauf entre Gabarus et Louisbourg.
M. Menk dit que les voyageurs en provenance de la côte est du Cap-Breton n’ont pas de voie directe vers Louisbourg et sont contraints de rouler 57 kilomètres à l’intérieur des terres pour faire le chemin entre deux communautés qui ne sont qu’à 25 kilomètres l’une de l’autre.
Il est convaincu des avantages économiques et touristiques d’un tel projet, à plus forte raison maintenant que le Cap-Breton est plus reconnu que jamais comme destination touristique digne d’intérêt.
« Un certain nombre de villages côtiers traversent des moments difficiles et toute circulation ou commerce additionnels seraient bénéfiques pour les communautés qui longent la route », dit M. Menk. « La fermeture de la route a essentiellement mis fin aux échanges économiques qui ont existé pendant plus de 300 ans entre deux villages. »
Nancy Dickie, une habitante de Gabarus, circulait à bicyclette sur cette route lorsqu’elle était enfant. « Vous deviez pousser votre vélo jusqu’en haut de cette grande côte », se rappelle la femme de 72 ans, qui a vécu au village jusqu’à l’âge de 18 ans et est revenue s’y installer il y a 5 ans.
« Au bout de la route, à Louisbourg, il y avait un restaurant appelé le Fleur-de-lis, et ils servaient de la crème glacée dans un cornet », se remémore-t-elle. « C’était une route charmante avec une vue sur l’océan tout le long. »
Des citoyens ont parlé de rouvrir la route depuis qu’elle a été fermée il y a un demi-siècle, dit le sénateur MacDonald, qui est en faveur de cette idée depuis longtemps.
Une pétition sur Change.org lancée par Bill Fiander a recueilli plus de 2100 signatures à travers la Nouvelle-Écosse, le reste du Canada et les États-Unis.
Parcs Canada ne paiera pas
Parcs Canada, qui gère le lieu historique national de Louisbourg, dit que la route, presque entièrement située sur un terrain appartenant au gouvernement fédéral, a été fermée en 1967 pour « protéger les ressources culturelles in situ » (sur place).
« Il est à noter que ces ressources culturelles sont toujours présentes » à la forteresse de Louisbourg, mentionne Coady Slaunwhite, porte-parole de l’organisme fédéral. « Parcs Canada est ouvert à discuter des propositions pour mieux relier les deux communautés, en gardant à l’esprit que la protection des ressources culturelles demeure notre priorité. »
Parcs Canada n’investira pas d’argent dans un tel projet, précise-t-il. Les coûts, incluant pour l’entretien futur d’une telle route, devront être assumés par d’autres acteurs.
Marla MacInnis, une porte-parole du ministère des Transports de la Nouvelle-Écosse, dit qu’il n’y a eu aucune discussion récemment au sujet de cette route. La province se concentre pour l’instant sur le maintien et l’amélioration des infrastructures existantes.