Réforme des normes du travail : trop pour certains, pas assez pour d’autres

Les travailleurs pourraient bénéficier de plus de congés.
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Son projet de réforme des normes du travail n'est pas encore déposé, mais le gouvernement Couillard fait déjà face à la critique. Les uns craignent des impacts négatifs sur les petites entreprises, les autres affirment que les changements sont insuffisants pour les travailleurs.
Un texte d’Alexandre Duval
L'attaque la plus virulente est venue de Québec solidaire. « Ce qu’on a entendu ce matin, c’est largement insuffisant. Je vous dirais même que c’est minuscule », a déclaré le co-porte-parole du parti, Gabriel Nadeau-Dubois.
Selon lui, les propositions du gouvernement ne permettront pas de lutter contre ce qu’il compare à une « épidémie d’épuisement professionnel ».
Mardi matin, Radio-Canada révélait que le gouvernement de Philippe Couillard souhaite offrir plus de congés aux Québécois.
Il envisage notamment de donner aux travailleurs une troisième semaine de vacances après trois ans de service, plutôt qu’après cinq ans. Il veut aussi leur offrir deux congés payés par année pour maladie ou obligations familiales.
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Le milieu des affaires sceptique
Le patronat se montre également réticent aux changements proposés par Québec. Il s’inquiète surtout du sort des petites entreprises qui dégagent peu de profits.
« Ce n'est pas de donner une semaine de congé de plus qui est le problème. C'est de remplacer la personne. Il y a un coût double », illustre le PDG du Conseil du patronat du Québec, Yves-Thomas Dorval.
La Fédération canadienne de l’entreprise indépendante croit pour sa part que renforcer les normes du travail enlèvera de la flexibilité aux employeurs.
La vice-présidente principale de la Fédération, Martine Hébert, ne comprend pas que le gouvernement Couillard tarde à dire combien toutes ces mesures coûteront aux employeurs.
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Autres propositions du gouvernement pour réformer les normes du travail :
- Reconnaître le statut de proche aidant et augmenter la durée des absences pour s’occuper d’un proche
- Offrir deux journées de congé payées plutôt qu’une seule pour assister aux funérailles d’un proche
- Mettre fin aux clauses « orphelin » pour les régimes de retraite et les avantages sociaux
- Augmenter la période d’absence de 52 à 104 semaines pour la mort d’un enfant mineur
Trop peu, disent des militants
Si le patronat s’inquiète des conséquences négatives, les défenseurs des travailleurs déplorent que le gouvernement ne songe pas à en faire plus.
La porte-parole de la campagne 5-10-15, Virginie Larivière, affirme que des pas sont faits dans la bonne direction, mais elle aurait voulu que Québec offre 10 congés payés pour maladie.
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La ministre reste vague
Interrogée sur les intentions de son gouvernement, la ministre du Travail n’a pas voulu trop s’avancer. Dominique Vien s’est limitée à dire que le projet de loi serait déposé « bientôt » et que « l’ensemble de l’œuvre » sera alors dévoilée.
« On est très soucieux d’améliorer la qualité de vie des citoyens », a-t-elle simplement indiqué. Depuis plusieurs mois, le premier ministre Philippe Couillard répète d’ailleurs qu’il souhaite « donner du temps » aux familles du Québec.
Là-dessus, les deux principaux partis d’opposition se montrent ouverts. Le Parti québécois (PQ) se dit d’accord avec cette idée.
« Nous-mêmes, on est en préparation de propositions qui vont dans ce sens-là », a laissé entendre le chef du PQ, Jean-François Lisée.
À la Coalition avenir Québec (CAQ), le discours est semblable. François Legault a toutefois précisé qu’il se prononcerait sur la réforme proposée des normes du travail seulement une fois que le projet de loi serait déposé.
« Ça fait partie d'un des objectifs importants de la CAQ de mieux aider les familles », a fait savoir le chef caquiste.