« Une crise de confiance » guette le ministre de l’Éducation, avertissent les enseignants

Le ministre de l'Éducation du Québec, Sébastien Proulx
Photo : Radio-Canada
Prenez note que cet article publié en 2018 pourrait contenir des informations qui ne sont plus à jour.
Alors que Philippe Couillard place l'éducation en tête des priorités de la nouvelle session parlementaire, des enseignants l'avertissent : le ministre Sébastien Proulx a du chemin à faire pour mener à terme sa politique de réussite éducative. Après une consultation auprès de ses membres, la Fédération autonome de l'enseignement (FAE) affirme que 86 % des professeurs n'ont pas confiance en lui.
Un texte de Véronique Prince, correspondante parlementaire à Québec
La FAE, qui représente environ le tiers des enseignants du Québec, a recueilli l’opinion de plus de 900 participants sur différents aspects de la politique de réussite éducative.
Au cours des dernières semaines, Sébastien Proulx est apparu comme un ministre hyperactif qui multipliait les annonces pour décliner les mesures de cette politique visant les élèves de la prématernelle à l’âge adulte.
Quand le ministre annonce trois ou quatre fois la même chose, ça crée un nuage. En s’agitant comme il s’agite, ça a pour effet de lever la poussière et de cacher le bilan du gouvernement Couillard. On comprend qu’il a reçu ce mandat.
Les enseignants affiliés à la FAE l’accusent d’avoir renié sa promesse de les placer au cœur des décisions. Alors que le ministre leur a promis d’en faire des alliés, ils ont l’impression d’être systématiquement écartés des réflexions sur l’avenir du système d’éducation. Ils déplorent un manque de reconnaissance en plus du non-respect de leur autonomie.
« Le ministre a créé des attentes et on constate que deux ans après son arrivée, rien n’a été fait pour valoriser notre profession. Il considère les professeurs comme de simples exécutants », estime Sylvain Mallette.
Selon les résultats de la consultation menée par la FAE, le ministre ferait fausse route sur plusieurs mesures de la politique de réussite éducative.
Entre autres, les membres considèrent à 66 % qu’il ne devrait pas poursuivre sa réflexion pour faire passer de 16 à 18 ans l’âge obligatoire de fréquentation scolaire.
Prolonger la scolarité risquerait d’augmenter le taux de décrochage, d’après eux. De plus, alors que Sébastien Proulx privilégie l’implantation de classes de maternelle 4 ans dans les milieux défavorisés, la majorité des enseignants sondés souhaitent qu’il l’étende progressivement dans tous les milieux de la province.
La FAE prétend que le ministre tente de jeter de la poudre aux yeux des parents à l’approche de la campagne électorale.
« Le gouvernement a imposé des compressions de 1 milliard de dollars en éducation. On n’est même pas revenu au niveau où on était avant que les libéraux charcutent dans les services. On n’est pas dans un processus de réinvestissement, mais plutôt de remboursement », déplore Sylvain Mallette.