Violence en classe, un problème trop souvent passé sous silence

Des enseignants de Winnipeg sont victimes de violence.
Photo : iStock
Des instituteurs taisent la violence dont ils sont victimes en salle de classe, affirme la présidente de l'Association des enseignantes et enseignants de Winnipeg (AEEW), Kristin Insull. Son équipe travaille avec la Division scolaire pour améliorer les protocoles de sécurité.
« Nous savons à partir des données de 2016-17 que 35 incidents violents ont été signalés par des membres de l'AEEW au cours de l’année scolaire », a déclaré Kristin Insull.
Elle ajoute que 35 incidents dans les 70 écoles que compte la division scolaire, cela semble être un petit nombre. Or, affirme-t-elle, les anecdotes sont multiples lorsqu’elle se rend dans les écoles.
« Des professeurs se font frapper, battre, reçoivent des coups de pieds ou de poing, se font traiter de toutes sortes de noms et se retrouvent même enfermés dans des casiers », déplore-t-elle.
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Selon Mme Insull, le nombre d’incidents est plus élevé.
« Les professeurs ne veulent pas nécessairement mettre une étiquette sur l’enfant. Le mot violence est très chargé, et ils ne veulent pas catégoriser l’élève », admet la présidente de l’Association.
Un problème mal compris
Selon Mme Insull, le nombre d’incidents est plus élevé que celui de ceux qui sont signalés. « Si le protocole est méconnu, comment les professionnels de l’éducation peuvent-ils se sentir en sécurité? »
Sherri Rollins a d'ailleurs déposé une motion à la commission scolaire pour améliorer ce protocole de sécurité dans les écoles.
Kristin Insull voudrait idéalement « mettre au point une stratégie innovante pour protéger le personnel ». « Tout comme les hôpitaux ont une considération particulière pour les infirmières et que la police en a une pour ses agents, il faut qu’il en soit de même pour les enseignants. »
L'AEEW rappelle, cependant, que le manque de données précises limite la possibilité d’élaborer des plans pour les élèves qui pourraient avoir besoin d'un programme d'intervention particulier.
Consulter
La Division scolaire franco-manitobaine (DSFM), de son côté, rappelle l’importance de consulter avant de déposer une plainte.
« On essaie toujours de former nos enseignants. Ils sont de plus en plus outillés, mais il reste du travail à faire. L’idéal, c’est de travailler conjointement avec le syndicat », mentionne le directeur général adjoint des services de ressources humaines de la DSFM, Marco Ratté.
Il croit que certains employés ont aussi une fausse conception de leur métier. « Certains se disent que ces incidents font partie de leur travail, que c’est un facteur de risque s’ils se font donner un coup de pied par un élève, ce qui n’est pas le cas », conclut-il.
La motion proposée comprend :
- De nouvelles lignes directrices pour les enseignants qui définissent leurs responsabilités et qui favorisent la sensibilisation à propos de ce qui devrait être signalé;
- Plus de formation sur la santé et la sécurité au travail pour les enseignants;
- Le lancement d'une campagne de sensibilisation sur les incidents violents;
- La conduite d'une étude d'impact sur les effets de la formation.
La motion sera présentée à la réunion du conseil d'administration de la division scolaire, lundi soir.