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Cancer : des injections de vitamine C réclamées au Québec

Nathalie Prud'Homme reçoit des injections intraveineuses de vitamine C.

Nathalie Prud'Homme reçoit des injections intraveineuses de vitamine C.

Photo : Radio-Canada / David Richard

Radio-Canada
Prenez note que cet article publié en 2018 pourrait contenir des informations qui ne sont plus à jour.

Pour améliorer leur qualité de vie et soulager leurs symptômes, des Québécoises atteintes de cancer se rendent à Ottawa pour obtenir des injections de vitamine C par intraveineuse. Un traitement encore inaccessible au Québec, déplorent-elles. Regard sur un médicament controversé.

Un texte de Fanny Samson

Il y a quelques années, Brigitte Guibord et Nathalie Prud'homme ont reçu un diagnostic de cancer en stade terminal. Dans les deux cas, les médecins parlaient d'une maladie incurable.

« Ils m'ont dit : “on peut t'aider à acheter du temps, mais on ne parle pas de guérison” », raconte Brigitte Guibord, de Québec.

Elles découvrent après leur diagnostic les injections de vitamine C par intraveineuse.

Toutefois, elles réalisent rapidement qu’elles devront se rendre à Ottawa, en Ontario, pour obtenir ce traitement qui aurait des bienfaits dans la lutte contre les cellules cancéreuses, selon certaines études préliminaires.

« Après quelques téléphones, quelques appels, quelques courriels, j'ai vu que ce n'était pas disponible et je me suis tournée rapidement vers l'Ontario », indique-t-elle.

Pour obtenir ce traitement au Québec, Nathalie Prud'homme a lancé une pétition, qui a déjà obtenu plus de 10 000 signatures.

Brigitte Guibord a reçu un diagnostic de cancer du poumon en 2015.
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Brigitte Guibord a reçu un diagnostic de cancer du poumon en 2015.

Photo : Radio-Canada

Multiples voyages vers Ottawa

Avant de découvrir la vitamine C, la liste de leurs problèmes de santé était longue : douleurs aux muscles qui empêchent de marcher, douleurs aux os, bouche brûlée, perte des ongles, difficultés avec les articulations, etc.

Pour soulager les nombreux effets secondaires de la chimiothérapie, elles se rendent au Centre de cancérologie intégrative d'Ottawa deux fois par semaine.

Brigitte Guibord, qui a depuis dû arrêter les injections en raison de la longue distance, explique que le traitement est encadré par un naturopathe, un médecin et une infirmière.

«  »

— Une citation de  Nathalie Prud'homme

« Je n’en revenais tout simplement pas parce que ça fait six ans que je fais de la chimiothérapie par intermittence. Je prends du naproxen, de la morphine, mais il n’y a rien qui me soulage comme la vitamine C », affirme Nathalie Prud'homme, qui habite la Rive-Nord, à Montréal.

Nathalie Prud'homme
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Nathalie Prud'Homme

Photo : Radio-Canada / David Richard

La naturopathie en Ontario

En Ontario, les naturopathes font partie d’un ordre professionnel depuis 2015. Au Québec, aucune loi ne protège un acte rendu par un naturopathe et la formation diffère d'une école à l'autre.

Selon le fondateur du centre, Dugald Seely, l'absence de réglementation sur la profession de naturopathe explique en partie la difficulté d'obtenir ce traitement dans la province.

« Ce qu’on veut donner aux gens qui ont le cancer, ce sont des soins qui sont intégrés, qui ne sont pas alternatifs, mais qui sont complémentaires avec les soins qu’ils reçoivent à l’hôpital », ajoute-t-il.

«  »

— Une citation de  Dugald Seely

Bien que les études sur ce traitement soient préliminaires, le fondateur a observé des bienfaits auprès de ses patients. Plus d'une cinquantaine de Québécois ont reçu des injections de vitamine C à Ottawa depuis 2011.

Dugald Seely, médecin naturopathe et fondateur du Centre de cancérologie intégrative d’Ottawa
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Dugald Seely, médecin naturopathe et fondateur du Centre de cancérologie intégrative d’Ottawa

Photo : Radio-Canada / David Richard

L'avis des médecins québécois

Le président de l’Association des médecins hématologues et oncologues du Québec, Martin Champagne, admet que la vitamine C suscite un grand intérêt depuis des années en cancérologie, mais le traitement n’a pas été homologué par Santé Canada ni par la Food and Drug Administration (FDA) des États-Unis.

En laboratoire, les études préliminaires démontrent une certaine activité sur les cellules cancéreuses. « Cependant, on n'a aucune donnée clinique qui montre que cet effet-là a un effet bénéfique pour le patient », précise-t-il.

Martin Champagne soutient que, généralement, la vitamine C est bien tolérée, mais que les données sur ses bienfaits ne sont pas constantes.

«  »

— Une citation de  Martin Champagne, président de l’Association des médecins hématologues et oncologues du Québec

Selon le médecin, « en dehors d’une étude clinique, il est inapproprié et non éthique d’administrer de la vitamine C ».

Brigitte Guibord fait des démarches pour « obtenir les bons traitements ».
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Brigitte Guibord fait des démarches pour «obtenir les bons traitements».

Photo : Radio-Canada

Les normes actuelles

Les injections de vitamine C par intraveineuse sont approuvées par Santé Canada, mais seulement dans le traitement du scorbut.

Par contre, « la décision de prescrire ou d’utiliser un médicament revient au patient et à celui qui émet la prescription ». Selon l’agence fédérale, l’utilisation d’un produit pour une autre raison que celle étiquetée est supervisée par les collèges des médecins, dans chaque province.

Le Collège des médecins du Québec déclare ne pas avoir de ligne directrice sur ce sujet, mais dans son code déontologique, « le Collège demande aux médecins de pratiquer selon les normes scientifiques en vigueur ».

En Ontario, le collège des médecins affirme que les patients peuvent prendre les décisions qu’ils souhaitent concernant leur santé, ce qui inclut la médecine complémentaire. Depuis 1991, les médecins ne peuvent être punis parce qu’ils pratiquent une médecine non conventionnelle.

«  »

— Une citation de  Nathalie Prud'homme

Les Québécois comme les Ontariens doivent payer environ 200 $ pour obtenir ces injections qui ne sont pas couvertes par le régime public d'assurance maladie.

Nathalie Prud'Homme espère que sa pétition permettra de rendre accessible ce traitement. « Pourquoi est-ce que les médecins ontariens en donneraient à des patients, et ils veulent leur bien-être, et que nous au Québec on dit qu'on veut prendre soin de nos patients, mais on ne leur en donne pas? » se demande-t-elle.

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