Le coût social des sables bitumineux évalué à 320 milliards de dollars, selon un rapport

Le site d'extraction de sables bitumineux de Syncrude, à Fort McMurray. En arrière-plan, le site de Suncor.
Photo : Getty Images / Mark Ralston/AFP/
Prenez note que cet article publié en 2018 pourrait contenir des informations qui ne sont plus à jour.
Si les cinq plus gros producteurs de sables bitumineux exploitent toutes leurs ressources de bitume, le coût à l'environnement et à la société atteindra 320 milliards de dollars, une somme plus grande que la valeur de l'économie albertaine, estime l'Institut Parkland dans un rapport publié mercredi.
Un texte de Tiphanie Roquette
Ce nombre est une évaluation prudente qui prend en compte les réserves actuelles de ces entreprises et un prix du carbone à 50 $ la tonne. Les dommages économiques iraient jusqu’à près de 2 billions de dollars, en ajoutant les réserves probables et un coût de la tonne de carbone à 200 $.
Parmi ces dommages, le rapport cite la lutte contre les événements climatiques extrêmes comme les feux et les inondations ainsi que les effets sur la santé des citoyens.
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Appel à la transparence
Malgré ces estimations, les cinq entreprises pétrolières, CNRL, Husky, Suncor, Cenovus et Imperial Oil, ne semblent pas prendre de mesures pour contrer leur participation aux changements climatiques, affirme Ian Hussey l’auteur du rapport.
« Ces compagnies clament que la technologie future réduira leur contribution au changement climatique, mais il n’y a aucune preuve qui nous permet de le croire », dit M. Hussey.
Le chercheur croit que les géants pétroliers ont effectué des projections de leur plan d’affaires pour prendre en compte une augmentation du prix du carbone ainsi que le respect des engagements internationaux comme l’Accord de Paris. Ces informations ne sont toutefois pas publiques.
« Une transparence accrue est nécessaire pour que les gouvernements puissent réglementer correctement les entreprises », explique M. Hussey.
Réduire l’exploitation des sables bitumineux
Le rapport recommande également aux gouvernements fédéral et provinciaux de faire preuve de plus de fermeté et de sévérité envers les producteurs pétroliers pour espérer réduire la croissance de leurs émissions de gaz à effet de serre.
L’exploitation des sables bitumineux devrait être plafonnée, croit M. Hussey. Le rapport appelle même à la fin de la production de bitume d’ici 2050.
Si les recommandations peuvent paraître radicales pour une province où l’or noir a très longtemps dominé l’économie, le chercheur estime que la contribution du secteur énergétique aux économies albertaines et canadienne est, selon sa recherche, surestimée depuis la chute des prix du pétrole.
L’industrie se défend
L’Association canadienne des producteurs pétroliers réfute les conclusions de ce rapport. Le directeur du climat à l’Association Patrick McDonald questionne la méthodologie utilisée pour obtenir l’évaluation du coût social des sables bitumineux.
Il affirme également que l’industrie a investi 1,3 milliard de dollars ces cinq dernières années en innovation technologique pour améliorer le bilan environnemental de l’industrie.
Nous ne faisons pas que parler. Nous investissons.
Dans un courriel, le porte-parole de Husky Energy, Mel Duvall, reconnaît que les questions liées au changement climatique sont un défi, mais qu'il y a du progrès. Il cite des projets pilotes de capture et de stockage du carbone dans son installation de Pikes Peak. « Notre industrie a prouvé sa capacité à innover et à s’adapter », écrit-il.
Cenovus a répondu pour sa part que l’entreprise s’est engagée à dévoiler ses émissions de gaz à effet de serre. Depuis 2004, elle affirme avoir réduit ses émissions par baril d’un tiers.