Le décompte des orignaux par une application mobile

L'application mobile pourra éventuellement être adaptée pour le bénéfice de diverses communautés autochtones, selon la professeure Popp.
Photo : CBC/Waubgeshig Rice
Une chercheuse de l'Université Laurentienne vient d'inventer une application mobile afin d'améliorer le décompte d'orignaux dans le Nord de l'Ontario. Les études du ministère des Richesses naturelles et des Forêts (MNRF) montrent une diminution de 20 % du cheptel depuis les dix dernières années.
Un texte de Caroline Bourdua avec les informations de Waubgeshhig Rice
Elle-même d’origine autochtone, la professeure de biologie Jesse Popp travaille avec la Anishinabek Ontario Fisheries Resource Centre comme spécialiste de la faune.
Mme Popp veut équiper les chasseurs autochtones d’une application mobile pour aider à mieux connaître et retracer les populations d’orignaux.
« Je cherche aussi à connaître les facteurs derrière cette baisse du nombre d’orignaux », explique la professeure Popp.
Dans sa recherche, elle veut ajouter une perspective autochtone.
Ils nous parlent de changements climatiques qui affectent le déplacement et la période d’accouplement des orignaux.
« Nous avons commencé des entrevues avec des aînés d’une communauté autochtone du nord-ouest de l’Ontario. Il y a de l’inquiétude de leur part quant aux conséquences du déclin de la population d’orignaux sur leur communauté », dit la professeure Popp.
Autres facteurs à considérer
Le président sortant de la Fédération des pêcheurs et des chasseurs de l’Ontario (OFAH) pour le Nord-Ouest, Glenn Rivard, indique que plusieurs facteurs affectent la population d’orignaux, et pas seulement dans le nord de l’Ontario.
« Au Manitoba et au Minnesota aussi, dit-il. Avec des hivers plus cléments, les chevreuils se mêlent à la population d’orignaux et transmettent des parasites qui sont mortels pour l’orignal. »
Il indique aussi avoir remarqué plus de loups dans le Nord-Ouest, un prédateur pour les orignaux, surtout les plus jeunes.
La coupe de bois moins fréquente des feuillus a aussi des conséquences, puisque selon le biologiste Mark Rykman de OFAH, les orignaux qui sont des consommateurs de nouvelles pousses d’arbres comme le peuplier et le bouleau doivent se déplacer pour trouver leur nourriture.
Les communautés autochtones
Selon la Constitution, les Autochtones n’ont pas de quota pour chasser.
Ils sont souvent montrés du doigt par des chasseurs qui associent leur récolte à la décision de la province de réduire le nombre de vignettes allouées pour chasser l’orignal dans certains territoires.
« Soyons justes, indique M. Rivard. Aucune preuve scientifique [ne] démontre que ces communautés chassent à outrance. »
Le MRNF a par ailleurs l’intention de rendre obligatoire dès l’automne 2018 la présentation de rapports sur les activités de chasse et les prises pour l’ensemble des chasseurs qui détiennent une vignette.
Le taux de réponse serait de moins de 30 %, selon l'OFAH.
Le signalement est facultatif, sauf pour certaines unités de gestion, pour certains types de chasse et pour certaines espèces.
En le rendant obligatoire, cela pourrait encourager les communautés autochtones à collaborer davantage avec la province quant au décompte des orignaux, comme le font les Algonquins.
« Ils tiennent un registre même si rien ne les y oblige », explique M. Rivard.
La fédération estime qu’il y aurait aujourd’hui environ 90 000 orignaux en Ontario.
Bien que la fédération en sache très peu sur le projet de la professeure Popp, elle applaudit toute initiative qui permettra un meilleur décompte.
Selon Mme Popp, les connaissances autochtones, combinées à la science contemporaine, peuvent améliorer la recherche en tout point.