Dupuis Frères, la fin d’un symbole de l’entrepreneuriat canadien-français

La dessinatrice de costumes Janine Caron magasine dans un rayon du magasin Dupuis Frères, en 1958
Photo : Radio-Canada / Henri Paul
Il y a 40 ans, la maison Dupuis Frères fermait ses portes inopinément. Pour les 600 employés qui perdent leur emploi sans préavis, c'est un choc. C'est aussi une fin abrupte pour cette institution montréalaise qui a régné durant 110 ans. De nos archives, retrouvez le premier grand magasin de Montréal.
Le magasin Dupuis Frères connaît son apogée dans l'après-guerre. Il occupe alors un édifice de plusieurs étages sur la rue Sainte-Catherine entre Saint-André et Saint-Hubert. Son chiffre d’affaires se compare aux autres grandes enseignes de cette rue commerçante : Eaton, Simpson’s, Morgan.
La maison Dupuis Frères se distingue toutefois sur un point : Elle fait exclusivement affaire en français. Sa clientèle se compose donc majoritairement de la bourgeoisie canadienne-française. Sauf pour quelques exceptions, ses employés sont également francophones et catholiques. Une spécificité bien inscrite dans les valeurs de l’entreprise.

Montage d'archives, Dupuis Frères
Notre montage d’archives illustre bien l’affluence chez Dupuis Frères au cours de ses bonnes années, notamment lors de ventes. Également illustrée dans ce montage, une autre particularité de l’enseigne montréalaise : sa garderie. Avant Dupuis Frères, aucun grand commerce n’avait pensé libérer les mères des enfants pendus à leur jupe pendant qu’elles font leurs emplettes!

Aujourd'hui, 28 juillet 1964
L’histoire du grand magasin a été marquée par quelques grèves, dont une particulièrement violente en 1952. Dans ce vox pop tiré de l’émission Aujourd’hui du 28 juillet 1964, plusieurs clientes se disent soulagées de retrouver les rayons de Dupuis Frères. Une grève et un lock-out ayant perturbé les activités du grand magasin durant la période estivale. Une cliente confie à la journaliste Andréanne Lafond avoir fait garder ses quatre enfants et être venue directement de Fabreville pour profiter de cette réouverture! L’attachement de la clientèle pour l’institution canadienne-française est manifeste.

Téléjournal, 27 janvier 1978
Le 27 janvier 1978, cinq minutes avant la fin de leur quart de travail, les employés du commerce de la rue Sainte-Catherine sont informés de la fermeture définitive de Dupuis Frères. De nombreux autres employés l’apprennent à la télévision, dans cette brève nouvelle diffusée au Téléjournal de 22 h.
L’entreprise se place sous la Loi sur la faillite et de l’insolvabilité. Dupuis Frères avait été fondé en 1868. Les 600 employés mis à pied mettront plus de 10 ans pour obtenir leur indemnité de vacances, à la suite d’un procès qui a tiré en longueur.
En complément :