Le lock-out à l'Aluminerie de Bécancour crée une onde de choc

Des travailleurs en lock-out de l'Aluminerie de Bécancour se rassemblent devant la roulotte syndicale le 11 janvier 2018.
Photo : Radio-Canada
Prenez note que cet article publié en 2018 pourrait contenir des informations qui ne sont plus à jour.
Les 1030 employés de l'Aluminerie de Bécancour inc. (ABI) sont en lock-out depuis jeudi matin. Le conflit de travail au sein du plus grand employeur privé de la Mauricie et du Centre-du-Québec préoccupe tant la population que les intervenants économiques et politiques de la région.
Plus d'une centaine d'employés étaient regroupés dès le début de la journée à l'extérieur de l'usine, où des roulottes avaient déjà été installées par le syndicat. Les activités des autres entreprises situées dans le parc industriel de Bécancour n'ont toutefois pas été entravées.
Le lock-out a été déclenché par la direction de l'ABI à 3 h, dans la nuit de mercredi à jeudi, quelques heures après le rejet de l'offre patronale.
Par voie de communiqué, Alcoa Canada, qui détient 75 % de l'Aluminerie de Bécancour, a indiqué que l’usine sera exploitée par les cadres le temps du lock-out. Une seule chaîne de production sera en fonction sur les trois existantes.

Des représentants syndicaux donnent des instructions aux travailleurs de l'ABI, rassemblés à l'entrée de l'usine à Bécancour.
Photo : Radio-Canada / Marie-Pier Bouchard
Le Syndicat des métallos (FTQ) dénonce le décret du lock-out, le qualifiant de geste « cavalier ».
Le président de la section locale 9700, Clément Masse, se désole que la partie patronale ait refusé de retourner à la table de négociation, rappelant également l'ouverture du Syndicat à poursuivre les pourparlers.
Mercredi, les travailleurs avaient rejeté la dernière offre patronale à 80,3 %. La direction avait qualifié cette offre de finale. Le Syndicat avait tout de même lancé un « ultime appel aux négociations ».
Les 1030 syndiqués se sont prononcés sur cette offre lors d'assemblées qui se sont tenues mardi soir et mercredi matin.
Une grève en 2004
Le dernier conflit de travail à l'ABI remonte à 2004 : les syndiqués avaient alors fait la grève pendant près de quatre mois et demi à l'échéance de la convention collective, en juin 2004.
Une rencontre devant le médiateur-conciliateur
Le médiateur-conciliateur du ministère du Travail a convoqué les parties à une rencontre jeudi midi. Rien n'a filtré de cette rencontre, qui s'est déroulée dans un lieu tenu secret, à Trois-Rivières.
Le syndicat a indiqué que la rencontre a pris fin vers 17 h et que, selon lui, les négociations « sont au point mort ».
Le directeur québécois et le président de la section locale 9700 du Syndicat des métallos vont faire le point vendredi à 14 h devant l’usine de Bécancour.
L'ABI, l'un des plus importants employeurs de la région
L’Aluminerie de Bécancour inc. est l’un des plus importants employeurs du secteur privé de la région. En plus des 1030 travailleurs, de nombreux emplois indirects dépendent de cette usine.
L'ABI génère des retombées économiques de l'ordre d'environ 500 millions de dollars annuellement dans la région.
Des élus préoccupés

De passage sur le site d’ABI, le maire de Bécancour Jean-Guy Dubois a dit vouloir demander à la ministre de l’Économie Dominique Anglade de dépêcher d’urgence un négociateur pour que les deux parties reprennent les discussions.
Photo : Radio-Canada / Marilyn Marceau
Plusieurs intervenants politiques de la région observaient avec inquiétude les relations houleuses entre les parties patronale et syndicale depuis quelques semaines. L'annonce de ce lock-out a été consternante pour plusieurs, dont le maire de Bécancour, Jean-Guy Dubois, qui redoute l'impact que pourrait avoir ce conflit de travail sur sa ville.
« C’est près de 20 % de nos revenus qui viennent de l’ABI. C’est sûr que je suis assommé ce matin », a-t-il lancé à l'émission Facteur matinal.
Dans le courant de la journée, le maire de Bécancour, de concert avec le maire de Trois-Rivières, Yves Lévesque, et le PDG de la Société du parc industriel et portuaire de Bécancour, Maurice Richard, a interpellé la ministre de l’Économie, de la Science et de l’Innovation, Dominique Anglade, pour qu'elle intervienne auprès des deux parties.
« Je suis un peu surpris de cette réaction assez extrême de la compagnie, a quant à lui dit le député de Bécancour-Nicolet-Saurel, Louis Plamondon. Je suis inquiet aussi, surtout à l’aube d’une possible rupture de l’ALENA. »
Le député de Nicolet-Bécancour Donald Martel soutient pour sa part que le syndicat doit prendre les initiatives pour débloquer le conflit de travail à l’ABI. Il croit aussi que les membres du syndicat devraient à nouveau être consultés, maintenant qu’un lock-out a été décrété.
Avec les informations de La Presse canadienne