
Alors que le Conseil scolaire public anglais de Toronto a suspendu son programme de policiers dans les écoles secondaires, une étude conclut qu'une initiative similaire dans la région de Peel permet aux étudiants de se « sentir plus en sécurité ».
Les chercheurs de l’Université Carleton d’Ottawa en sont venus à cette conclusion après avoir sondé notamment 1300 étudiants de 9e année.
Selon l’étude, le programme de 9 millions de dollars par année atteint plusieurs objectifs :
- Aide à prévenir ou à minimiser le vandalisme et la criminalité;
- Aide à limiter les blessures liées aux batailles ainsi que les surdoses;
- Réduit le temps d’intervention, l’agent étant déjà sur place;
- Accroît la confiance entre les étudiants et la police. Les étudiants ont plus tendance à se tourner vers le policier s’ils ont besoin d’aide. Cette relation facilite également le partage d’indices.
- Les policiers à l’école peuvent former les étudiants sur les questions de l’intimidation en ligne et des drogues, notamment.
- Les chercheurs soutiennent que, pour chaque dollar investi, le programme rapporte au moins 11 $ en bénéfices sociaux et économiques.
L'auteure principale de l'étude, la professeure Linda Duxbury, précise que le programme connaît un véritable succès 22 ans après sa création. « Cette initiative a permis d'alléger le fardeau sur les services sociaux de la région, en réduisant les visites chez le médecin ou le psychologue et par ricochet le taux d'absentéisme des élèves; les jeunes dorment mieux et ils ont de meilleurs résultats scolaires. »
La chef de la police régionale de Peel, Jennifer Evans, explique que la confiance à l'égard de ses agents a facilité le partage d'informations sur des crimes comme le sextage et la cyberintimidation. « Les jeunes apprennent de leurs erreurs au contact des policiers, ils sont moins nombreux à être traduits devant des cours juvéniles, si bien qu'ils n'auront aucun casier judiciaire à l'âge adulte. »

Protection ou intimidation?
La professeure Duxbury ne croit pas toutefois que la cueillette d'informations ou d'indices dans les écoles par les policiers doit être interprétée comme une opération de fichage auprès d’élèves qui sont ciblés pour des raisons précises. Elle explique que ce sont les jeunes qui prennent l'initiative d'aller parler aux policiers pour leur confier un problème et non l'inverse. « Les policiers de Peel ne posent donc aucune question compromettante aux élèves, ils ne sont là que pour les écouter et les protéger. »
Seul bémol toutefois : l'étude montre que les agents à l'école consacrent près du quart de leur temps à des tâches administratives comme la rédaction de rapport sur des événements dont ils ont été témoins ou qui leur ont été signalés.
Le conseil scolaire public anglais de Toronto (TDSB) a aboli une initiative semblable l'an dernier, parce que certains élèves se sentaient au contraire intimidés par la présence de policiers dans leur école. Le groupe Black Lives Matter y voyait une forme de fichage racial, parce qu'une dizaine d'écoles seulement avaient été sélectionnées dans des quartiers multiethniques et sensibles de la métropole.
La professeure Duxbury dit qu'elle ne connaît rien de l'expérience torontoise si ce n'est ce qu'elle en a lu dans les journaux. Mais elle affirme de façon hypothétique que « ces écoles ont peut-être été stigmatisées dès le début ». Elle rappelle que le programme de Peel a été mis en place dans toutes les écoles publiques et catholiques de la région sans aucune différenciation. Mme Duxbury pense que l'initiative aurait eu plus de succès si le débat avait été moins politisé et polarisé à Toronto.
d'après les informations de Jean-Philippe Nadeau
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