10 ans de malheur pour le béluga du Saint-Laurent
Le béluga échoué à Saint-Ulric est un juvénile de 2,90 mètres.
Photo : Radio-Canada / Claude Côté
Prenez note que cet article publié en 2018 pourrait contenir des informations qui ne sont plus à jour.
Près d'une dizaine de carcasses sur les 22 retrouvées sur les rives du Saint-Laurent en 2017 sont celles de très jeunes bélugas. Voilà 10 ans que cette série noire se poursuit pour les nouveau-nés. Les scientifiques parlent maintenant d'une tendance lourde.
Un texte de Michel-Félix Tremblay
Entre 1983 et 2007, jamais on n'avait retrouvé plus de trois nouveau-nés sur les berges du fleuve. Mais depuis 2008, on retrouve toujours plus de trois carcasses de veaux morts. Il est maintenant clair qu'il y a un problème entre leur naissance et le moment où ils peuvent se nourrir par eux-mêmes.
La chercheuse spécialiste des mammifères marins à l'Institut Maurice-Lamontage de Mont-Joli, Véronique Lesage, précise que lorsqu'une population ne va pas bien, les premières victimes sont les jeunes qui dépendent de leur mère pour survivre.
Quand une femelle allaite c'est très couteux [en énergie]. Si la mère n'est pas en forme, elle peut abandonner son jeune ou encore avorter.
En 2017, entre 8 et 10 veaux se sont échoués sur les rives du Saint-Laurent. Bien que ce nombre n'ait pas atteint celui de l'année tragique de 2012, où 16 nouveau-nés s'étaient échoués, Véronique Lesage n'hésite plus à parler d'une tendance lourde.
« On espère que ça va se rétablir, mais pour l'instant, ça continue chaque année à être plus élevé », dit-elle.
Pourquoi les bébés bélugas meurent-ils?
Une femelle béluga nage en compagnie d'un veau. Le fleuve Saint-Laurent compte trois groupes de femelles distincts, dont celui qui arpente l'embouchure de la rivière Saguenay. Les mâles vivent plus loin en aval.
Photo : Radio-Canada / Jean François Bouthillette
Difficile d'isoler une seule cause qui expliquerait l'abandon des petits par leur mère. La piste des contaminants demeure toujours étudiée, mais la température de l'eau y serait aussi pour quelque chose.
En effet, depuis le début des années 2000, celle-ci est en nette augmentation dans l'estuaire et le golfe du Saint-Laurent.
Précisons que le troupeau du Saint-Laurent se situe à la limite sud de l'aire de distribution du béluga, un animal arctique.
Si la nourriture du béluga ne se comporte plus de la même manière ou n'est plus là, le béluga n'a plus la capacité d'accumuler du gras, et quand un animal est moins gras, il se reproduit moins.
Nombre de veaux retrouvés morts sur les rives :
- 2017 : entre 8 et 10
- 2016 : 6
- 2015 : 6
- 2014 : 6
- 2013 : 4
- 2012 : 16
Le bruit des navires, un facteur négligé?
Un cargo déchargé vogue sur la mer.
Photo : getty images/istockphoto / Alexey_Lesik
Depuis une dizaine d'années, les scientifiques se penchent aussi sur l'impact du bruit chronique sur la faune aquatique. Auparavant, les études portaient surtout sur le bruit créé par des travaux en mer comme des levés sismiques.
Il est probable que l'augmentation du trafic maritime dans le Saint-Laurent, particulièrement à l'embouchure de la rivière Saguenay, ait pu contribuer au déclin du béluga.
« Leur vie est accoustique, lorsqu'on génère du bruit ça peut avoir des répercussions sur leur capacité à trouver des amis, quelqu'un pour se reproduire, leur capacité à trouver de la nourriture. »
Le directeur de la Station de recherche des Îles Mingan, Richard Sears, abonde dans le même sens. Selon lui, diminuer le bruit dans les fleuves et les océans constituerait le plus beau cadeau à offrir aux baleines.
Parmi les solutions, fabriquer des navires moins bruyants et diminuer la vitesse sur le fleuve pourraient être envisagés.
Les politiques et les grosses compagnies s'en foutent, l'important c'est de faire arriver la marchandise aussi rapidement que possible.
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