Votre voiture électrique résisterait-elle au froid extrême?

Une voiture électrique en recharge
Photo : Radio-Canada
Prenez note que cet article publié en 2018 pourrait contenir des informations qui ne sont plus à jour.
Les froids polaires mettent à rude épreuve toutes les automobiles, y compris les voitures électriques. Mais ces dernières connaissent-elles plus de difficultés en période de grands froids?
Pas plus que les voitures à essence, selon un analyste et expert automobile à CAA-Québec, Jesse Caron.
En hiver, le cauchemar de tout automobiliste est de tourner la clé et que le moteur refuse de démarrer.
Les voitures électriques démarrent comme un charme en hiver.
Autant CAA-Québec que Plug'n Drive, un organisme qui répond aux questions des consommateurs à propos des véhicules électriques, conviennent cependant que toutes les batteries sont très sensibles au froid.
L’expert automobile Jesse Caron compare la batterie d’un véhicule électrique à votre téléphone intelligent, qui se vide plus rapidement lorsqu’il fait très froid à l’extérieur.
« La même chose, peut-être à des degrés divers, va se produire avec la batterie au lithium-ion, la grosse batterie de traction qui est à l’intérieur du véhicule électrique », explique l'analyste de CAA-Québec en entrevue à RDI Matin.
M. Caron note que « la batterie perd au moins 30 % de son autonomie par temps très froid ». Elle a donc besoin d’être réchauffée pour offrir une meilleure efficacité au froid. Plusieurs véhicules électriques, lorsque branchés, maintiennent d'ailleurs leur chaleur.
Par ailleurs, la PDG de Plug'n Drive, Cara Clairman, rappelle que, selon le même principe, un véhicule « traditionnel » consomme aussi plus d'essence s'il fait très froid.
L'autre batterie de tous les véhicules
Les véhicules électriques sont par ailleurs tous munis d’une batterie 12 volts, similaire à celle que l’on retrouve dans une voiture à essence.
Cette batterie sert à alimenter les systèmes d’accessoires, comme le système de chauffage et de climatisation, les phares et le système audio, notamment.
« Ce sont des batteries classiques qui voient aussi leur efficacité diminuer par temps de grand froid », ajoute l’analyste de CAA-Québec.
Contrairement à une voiture à essence, où la batterie est toujours rechargée par l’alternateur quand on roule, dans le cas d’une voiture électrique, la batterie 12 volts classique n’est pas nécessairement rechargée.
Il revient donc à l’ordinateur du véhicule électrique de décider quand il doit convertir une partie du courant de la grosse batterie de traction pour alimenter la batterie 12 volts.
« Et ce qui se passe, c’est que si tous les accessoires fonctionnent, ça va prendre beaucoup de batterie, prévient Jesse Caron. Forcément, c’est un énorme test pour la batterie. »
L’expert automobile convient que cela cause des désagréments, mais pas plus qu’avec une voiture à essence. Il conseille simplement de surveiller la charge de cette batterie-là, comme vous le feriez pour tout autre véhicule.
Il propose en outre quelques trucs pour donner un répit à la batterie, comme opter pour les sièges chauffants plutôt que le chauffage pour se réchauffer dans sa voiture, ce qui demande moins d’énergie. Ou encore, ne pas allumer les phares de son véhicule électrique pendant la journée, si ça ne met pas la sécurité en péril.

Une borne de recharge
Photo : Radio-Canada
Contrairement à une voiture à essence, un véhicule entièrement électrique ne peut pas être survolté, selon CAA. On ne peut que le remorquer jusqu'à la borne la plus proche, précise l'association.
Objectif 2025
Les questions sur la résistance des voitures électriques au froid émergent au moment où ces dernières prennent de plus en plus de place dans le parc automobile des Canadiens. Un obstacle qui pourrait s’ajouter à l’autonomie relativement limitée et au manque d’infrastructures de recharge, qui freinent déjà la diffusion à grande échelle des voitures électriques.
Malgré tout, plusieurs pays ont adopté des mesures incitatives pour convaincre les automobilistes d’opter pour une conduite plus verte, et ainsi lutter contre le réchauffement climatique et la pollution.
Le gouvernement du Québec s’est lui-même donné d’ambitieux objectifs pour électrifier le parc automobile de la province en adoptant la loi 104 en octobre 2016.
La proportion des ventes de véhicules hybrides ou électriques avoisine actuellement environ 1 %.
Mais avec la Loi véhicules zéro émission, les constructeurs doivent accumuler des crédits pour les véhicules hybrides ou électriques équivalant à 3,5 % de leurs ventes dès cette année. S’ils ne respectent pas ce quota, ils devront acheter des crédits. Puis, le quota sera relevé à 15,5 % d’ici 2025.
Le Québec est la première province canadienne à se doter d’une pareille loi.
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Avec les informations de Philip Lee-Shanok de CBC News