Nouvelle journée de manifestations prorégime en Iran

Des milliers de partisan du régime ont défilé jeudi à Machhad, ville sainte chiite où un premier mouvement de contestation avait été rapporté le 28 décembre. Les femmes marchent à droite, les hommes, à gauche. Parmi eux, de nombreux mollahs, reconnaissables à leur turban.
Photo : Getty Images / NIMA NAJAFZADEH
Prenez note que cet article publié en 2018 pourrait contenir des informations qui ne sont plus à jour.
De nouveaux rassemblements organisés en appui au gouvernement iranien ont eu lieu jeudi dans plusieurs villes du pays, après une seconde nuit au cours de laquelle aucune manifestation significative de protestataires remontés contre le pouvoir et la situation économique n'a été signalée.
Les raisons expliquant l’absence de telles manifestations ne sont pas claires à ce stade-ci. S’il est possible que le mouvement se soit essoufflé ou qu’il ait été maté par le pouvoir, il est également possible que de nouvelles actions ne soient tout simplement pas médiatisées, étant donné le contrôle sévère des médias sociaux exercé par le régime.
La télévision d’État diffuse pour sa part des images des manifestations prorégime qui auraient eu lieu pour une deuxième journée de suite dans une vingtaine de villes, dont Machhad et Ispahan, respectivement deuxième et troisième ville iranienne en importance, ainsi qu’à Shiraz, Oroumieh, Babol, Ardebil, Birjand et Yassouj.
« Nous sommes tous ensemble, derrière le guide », l’ayatollah Ali Khamenei, scandaient des manifestants, selon les images de la télévision, qui décrit une fois de plus les rassemblements comme une « réponse aux émeutiers et aux partisans des émeutiers ».
Le commandant en chef de l’armée iranienne, le général Abdolrahim Mousavi, a pour sa part annoncé jeudi que ses troupes étaient prêtes à aider les forces de l’ordre au besoin.
« Bien que cette sédition aveugle soit si petite qu'une partie des forces de police ait pu l'étouffer dans l'oeuf [...] soyez assurés que vos camarades de l'armée de la République islamique sont prêts à affronter les dupes du Grand Satan [les États-Unis] », a-t-il déclaré, selon les médias iraniens.
Réunion du Conseil de sécurité
Le Conseil de sécurité de l'ONU tiendra vendredi à 15 h une réunion sur la situation en Iran, à la demande des États-Unis. La Russie, en désaccord avec cette rencontre, pourrait tenter de bloquer les débats.
Déploiement de troupes
Mercredi, les Gardiens de la révolution ont annoncé avoir déployé des troupes dans les provinces d’Ispahan, de Lorestan et d’Hamadan. Leur chef, le général Mohammad Ali Jafari, avait proclamé la « fin de la sédition », alimentée, selon le pouvoir, par des « ennemis » étrangers.
Les violences survenues lors du mouvement de contestation, qui se sont soldées par 21 morts, dont 2 membres des forces de l’ordre, et un millier d’arrestations, ont été unanimement condamnées par la classe politique iranienne, tant du côté des conservateurs que des réformistes.
Le conseiller du guide suprême pour les affaires internationales, Ali Akbar Velayati, a toutefois admis jeudi, à l’instar d’autres politiciens, que le gouvernement devait en faire davantage pour redresser la situation économique, plombée par un fort taux de chômage, particulièrement chez les jeunes, et une inflation galopante.
« La demande principale des gens aux responsables et au gouvernement est qu'ils règlent les problèmes économiques, a-t-il déclaré, selon l'agence Isna. Il faut le faire avec des mesures de la part du gouvernement et du Parlement, en évitant les divisions. »
Le Parlement, qui examine le budget pour la prochaine année financière, a d'ores et déjà rejeté des mesures que le gouvernement voulait appliquer. Une hausse de 50 % du prix de l'essence a notamment été abandonnée, de crainte qu'elle ne stimule l'inflation.
« Il faut absolument prendre en compte la situation de la population [...] Un bond du prix de l'essence n'est absolument pas dans l'intérêt du pays, il y a d'autres méthodes [...] pour que les couches populaires ne subissent pas de pressions » supplémentaires, a argué il y a trois jours son président, le conservateur Ali Larijani.
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Avec les informations de Associated Press, Agence France-Presse et Reuters