2017, année mouvementée pour l’industrie pétrolière dans l'est du Québec
Des opposants au développement de l'industrie pétrolière et gazière en Gaspésie ont érigé, en août, «le camp de la rivière» près du puits Galt, dans le secteur de Murdochville.
Photo : Radio-Canada
L'année 2017 a été difficile pour l'industrie pétrolière. Actuellement, la conjoncture géopolitique et économique ne favorise pas la mise en place de projets et, en cours d'année, le gouvernement libéral a semblé reculer sur le développement des hydrocarbures.
Un texte de Brigitte Dubé, d'après le reportage de Bruno Lelièvre
Quant à l'acceptabilité sociale, elle demeure au cœur des discussions. Elle figurera certainement parmi les enjeux de la prochaine campagne électorale, en région du moins.
Hiver 2017
L'entreprise Tuglik annonce qu'elle retire sa demande de permis d'exportation de gaz naturel sur le site Bourque, près de Murdochville, en Gaspésie.
Pétrolia n'a toujours pas confirmé le potentiel de la ressource.
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Printemps
Au printemps, Pétrolia annonce une fusion avec Pieridae Energy, dont le siège social est à Calgary.
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Un été chaud
En août, le gouvernement du Québec s'entend avec Pétrolia et accorde une compensation financière de 20,5 millions de dollars pour mettre un terme aux travaux d'exploration d'hydrocarbures sur l'île d'Anticosti.
Le premier ministre du Québec, Philippe Couillard, prend clairement ses distances (Nouvelle fenêtre) : « Ce n'était pas notre projet […], commente-t-il. […] Ce n'est pas un secret que je veux protéger ce territoire qu'on laisse à nos enfants. »
Peu après, les policiers de la Sûreté du Québec doivent utiliser la force pour démanteler une barricade (Nouvelle fenêtre) qui a été érigée pendant une semaine par un groupe d'activistes au puits Galt 4 de l'entreprise Junex, qui est situé près de Murdochville.
Ils arrêtent Freddy Stoneypoint, un militant autochtone de 29 ans. Libéré sous caution, il fait face à des chefs d'accusation de méfait, de vol et d'entrée par infraction. Il sera de retour en cour le 28 février pour son enquête préliminaire.
Pendant ce temps, à quelques kilomètres de la barricade, aux abords de la route 198, le « camp de la rivière » prend forme.
Le porte-parole de l’organisme Environnement vert Plus, Pascal Bergeron, définit ainsi les occupants : « des gens qui sont conscients de ce qui se passe avec les hydrocarbures et qui croient qu'au Québec, on ne devrait pas être en train de forer ».
Le chef traditionnel micmac de Listuguj, Gary Metallic, déclare alors pour sa part que la Nation micmaque appuie la démarche.
À la suite de ces événements, Junex accepte de suspendre ses travaux puisque Québec exige que la compagnie consulte les populations micmaques de la Gaspésie avant de poursuivre.
Automne
En septembre, tous les yeux de ceux qui sont préoccupés par les effets de l’exploration et de l’exploitation pétrolière sont tournés vers New Carlisle, où se déroule le procès opposant la pétrolière Gastem à la Municipalité de Ristigouche-Sud-Est.
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Gastem réclame 1 million et demi de dollars à la Municipalité parce qu’elle applique un règlement sur la protection de l'eau potable qui bloquerait ses projets (en cours de procès, Gastem abaisse sa réclamation à un million de dollars (Nouvelle fenêtre)).
Selon ce règlement, aucun forage ne peut être effectué dans un rayon de deux kilomètres d'un puits artésien ou de surface sur le territoire de la municipalité.
« Il y a un climat de peur, estime le maire François Boulay. C’est rendu qu’on devrait être gênés de protéger l’environnement pour nos citoyens. C’est inconcevable! »
Au terme du procès qui a duré une semaine, la juge Nicole Tremblay disposait de six mois pour rendre sa décision. Selon l'avocat de la Municipalité, Maître Jean-François Girard, elle pourrait faire jurisprudence.
Le 21 septembre, Québec fait connaître quatre projets de règlement pour encadrer l’industrie des hydrocarbures. Québec propose notamment d'autoriser un forage pétrolier à 175 mètres d'un quartier résidentiel. Il maintient la possibilité de forer sous les lacs et les rivières. Ces projets suscitent la contestation et sèment la confusion.
Le 10 novembre, le ministre des Ressources naturelles, Pierre Moreau, vient rencontrer les élus à Gaspé, qui le somment de se prononcer sur l'acceptabilité sociale.
« Ce serait très mal venu que ce soit le gouvernement qui dicte à une Municipalité la façon dont elle doit mesurer l’acceptabilité sociale », déclare-t-il.
Le maire de Gaspé, Daniel Côté, refuse que le gouvernement lui fasse porter cette responsabilité.
« S'il n'est pas capable de faire des consultations, on a un sérieux problème, commentait-il. C'est bien beau, mais nous on prend le singe et on le remet sur son épaule. C'est sa job de le faire. »
Actuellement, des environnementalistes qui s'opposent au développement pétrolier occupent toujours le camp de la rivière. Ils se sont équipés pour y passer l’hiver, s’il le faut.