Le 150e : entre legs culturel, retombées économiques et souvenirs mémorables

Bilan des activités culturelles du 150e à Ottawa-Gatineau
Photo : Radio-Canada
Les musées nationaux et le Centre national des Arts (CNA) se sont refait une beauté. Des centaines de milliers de spectateurs ont envahi les rues d'Ottawa pour suivre les allées et venues de l'araignée et de la dragonne, de La Machine. Et MosaïCanada a attiré 1,3 million de visiteurs à Gatineau. L'année 2017 a certes été faste dans la région. Mais que restera-t-il à court, moyen et long terme de tous ces investissements et événements liés au 150e anniversaire de la Confédération?
Un texte de Valérie Lessard
Les nombreuses festivités des derniers mois ont sans contredit été bénéfiques sur le plan financier pour la région. À elle seule, l'exposition florale MosaïCanada représente quelque 30 millions $ en retombées économiques des deux côtés de la rivière, selon les chiffres compilés par Tourisme Outaouais.
Au cours des derniers mois, Gatineau et Ottawa ont également profité d'augmentations respectives de 6 % et 5 % du taux d'occupation dans leurs hôtels comparativement à 2016.
Par-delà ces données à saveur lucrative, les célébrations de cette année ont aussi permis à la population d'ici et aux touristes venus d'ailleurs d'avoir accès à divers événements signatures qui ont fait courir les foules.
C'est entre autres le cas de La Machine, qui a décliné ses quatre jours de théâtre de rue devant plus de 750 000 spectateurs, ou encore du pique-nique sur le pont Alexandra et de la ruelle gourmande, auxquels plus de 30 000 personnes ont participé.
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Question de pérennité
Or, entre souvenirs qui resteront gravés dans la mémoire collective et véritables legs culturels, il y a une nuance importante à faire, tient à préciser la professeure à l'Université d'Ottawa spécialisée en histoire culturelle, Louise N. Boucher.
Cette nuance tient en un mot : pérennité.
« Ce qu'on entend par legs culturel, c'est ce qu'on laisse, ce que l'on choisit de laisser. [...] On peut parler de biens tangibles, comme des sculptures. [...] Il faut que cela s'inscrive dans la durée. »
Ainsi, les nouveaux Musée des sciences et de la technologie et Musée de la banque, de même que les salles d'exposition repensées et revampées du Musée canadien de l'histoire et du Musée des beaux-arts du Canada sont de bons exemples de legs culturels réels, aux yeux de Mme Boucher.
« La mission fondamentale d'un musée est de s'assurer que l'on préserve des artefacts pour que les générations suivantes puissent en profiter », rappelle la professeure de l'Université d'Ottawa.
La façade totalement repensée du CNA représente aussi un legs culturel.
« Un spectacle ou une activité culturelle, de par sa nature éphémère, relève cependant plus du souvenir », fait valoir Louise N. Boucher. À moins qu'un système ne soit mis en place pour que ladite activité « puisse se perpétuer » et se renouveler, comme on semble vouloir le faire avec MosaïCanada, note-t-elle.
Quant au retour de La Machine, il pourrait plutôt devenir synonyme de tradition.
« Est-ce qu'un spectacle qui se répète tel quel peut vraiment être qualifié de legs? [...] À mon avis, on n'est pas tout à fait dans la définition du terme si on l'interprète de cette façon-là », nuance Mme Boucher.
Une région plus unie
Alors que 2017 tire à sa fin, il est un legs tout aussi important que toutes les infrastructures et institutions remises au goût du jour, de l'avis de la directrice générale de Tourisme Outaouais, France Bélisle : la rivière des Outaouais n'est plus une frontière entre Gatineau et Ottawa.
« S'il y avait encore de la résistance, cette résistance, elle est tombée. On doit travailler en équipe. On doit travailler en région. Et ça, c'est un legs extrêmement important. »
Avec la collaboration de Chantal Plouffe et de Karine Lessard