Semer de l’orge en Gaspésie pour créer un whisky du terroir

Fûts pour le vieillissement du whisky
Photo : Radio-Canada
Les propriétaires de la jeune distillerie O'Dwyer de Gaspé veulent se démarquer en produisant le premier whisky 100 % gaspésien, c'est-à-dire à partir d'orge plantée dans la région.
Un texte de Brigitte Dubé, d'après le reportage de Martin Toulgoat
En mai prochain, Frédéric Jacques et Michael Briand vont donc planter de l'orge brassicole sur un terrain de quatre acres à Gaspé, la terre familiale des Briand.
Ils misent sur un climat similaire à l'Écosse qui, selon eux, pourrait améliorer la qualité de l'orge.
« En Gaspésie, on a l'humidité, les vents, l'air salin, explique Frédéric Jacques. C'est un peu ce qu'on voit en Écosse. On « trippe » sur le fait qu’on pourrait reproduire les mêmes conditions pour faire des scotches qui seraient exceptionnels. »
Si la qualité est au rendez-vous, l'orge sera ensuite transformée chez MaltBroue à Cabano.
Les deux associés se permettent de voir grand pour leur whisky. Ils veulent proposer un nectar « équilibré, légèrement fumé, pas trop tourbé », précise le distillateur.
Le produit devrait être lancé dans quatre ou cinq ans, mais les associés rêvent à plus long terme. « Les bons whiskys écossais, on parle de 10 à 12 ans de vieillissement. On s’attend à ça. »
« C'est sûr que ça va être un produit de luxe. Il va avoir un tirage très limité et ça va être un prix relativement élevé. »
La Radoune pour financer le whisky
Inaugurée il y a un an à peine, la distillerie roule à plein régime, produisant entre 300 à 400 bouteilles par jour de son gin Radoune. Cette popularité permet aux deux propriétaires de financer plus rapidement que prévu leur rêve de produire du whisky.
Frédéric Jacques observe qu’il y a de plus en plus de consommateurs de whisky dans le monde. Selon lui, le marché est en pleine croissance, vers l'Asie notamment. « Ces gens-là sont très intéressés à consommer du whisky », souligne-t-il.
Pour les plus impatients, la distillerie O'Dwyer va offrir un produit non vieilli, communément appelé whisky blanc, dès l'été prochain.
« Beaucoup de possibilités s’offrent à nous au cours du processus de développement de notre whisky, alors on veut que les gens en profitent, indique le Gaspésien. Les premières recettes qu’on va faire, ça risque d’être une bière de type un peu scotch-ale, qu’on va distiller deux fois. Il va y en avoir une partie mise dans des fûts de chêne de bourbon et de rye. Il y a une partie non vieillie qu’on voudrait vendre si on peut le faire. »
La possibilité de vendre sur place sans passer par la Société des alcools du Québec a permis aux distillateurs de se lancer dans la production de whisky plus tôt que prévu.