Peu de compostage dans les hôpitaux et les CHSLD

Les bacs bruns, qui servent à récupérer les résidus alimentaires, sont de plus en plus répandus au Québec, mais tardent à s'implanter dans les hôpitaux et les centres de soins de longue durée. La majorité des restes est encore jetée à la poubelle. Le reportage de Jean-Philippe Robillard
Photo : Radio-Canada
Les bacs bruns servant à récupérer les résidus alimentaires sont de plus en plus nombreux aux portes des résidences québécoises. Mais il en va tout autrement pour les hôpitaux et les CHSLD de la province, qui ne sont qu'une poignée à ne pas tout jeter aux poubelles.
Un texte de Jean-Philippe Robillard
Jérôme Ribesse accompagne depuis quelques années les établissements du réseau de la santé qui souhaitent améliorer leurs pratiques environnementales. Selon ce consultant, seulement une vingtaine d'hôpitaux et de CHSLD sur plus de 400 au Québec récupèrent les déchets alimentaires pour les envoyer dans une usine de compostage ou de biométhanisation plutôt qu’à l’enfouissement.
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Le gouvernement du Québec s'est pourtant doté il y a quelques années d'une politique de gestion des matières résiduelles et d'un plan d'action qui vise à éliminer d'ici 2020 tous les déchets compostables des bacs à ordures.
Le réseau de la santé génère annuellement 25 000 tonnes métriques de déchets alimentaires. C'est l'équivalent des déchets produits par plus de 250 000 personnes.
« C'est des déchets que vous envoyez à l'enfouissement et qui génèrent un gaz à effet de serre qu'on appelle le méthane, et qui va donc contribuer de façon importante aux changements climatiques », fait remarquer M. Ribesse.
À l'hôpital de Fleurimont, à Sherbrooke, l'établissement a choisi en 2009 de composter les déchets alimentaires. La cafétéria y prépare près de 2000 repas par jour.
« Nous, on a décidé qu'on compostait et qu'on voulait faire la différence. Ça représente aujourd'hui 160 tonnes en moyenne annuellement qu'on élimine en matière organique. C'est l'équivalent de douze bacs bruns par semaine qu'on élimine », indique Éric Paradis, le chef des services d'alimentation.
À l'hôpital de Magog, où près de 1000 repas par jour sont servis, on ne récupère pas encore les déchets alimentaires, mais on prévoit le faire dès l'an prochain.
Selon la chef des services des activités d'alimentation du CSSSS de Memphrémagog, Julie Audesse, le défi est grand.
« Il faut gérer le changement, dit-elle. Il faut gérer probablement des modifications de planification de travail. Ce n'est pas nécessairement simple. [...] C'est changer la façon de fonctionner et faire les investissements dans un temps où les investissements, ce n'est pas tant ça qu'on essaie de faire ».
En attendant le compostage, l'hôpital remet ses surplus de nourriture à un organisme communautaire qui vient en aide aux plus démunis. Certaines réglementations du ministère de l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation du Québec limitent cependant ce qui peut être récupéré pour fin de consommation, même si les aliments n’ont pas été touchés ou déballés.
Une porte-parole du ministère de la Santé précise que le ministère recueillera en février des données auprès des établissements de santé afin « d’avoir un portrait global des démarches de développement durable dans le réseau de la santé et des services sociaux […] au printemps 2018 ».