Après le feu, la faune est de retour à Waterton

Un jeune chevreuil cherche de la nourriture dans les quelques zones qui n'ont pas été brûlées.
Photo : Parcs Canada / Dan Rafla
Les montagnes du parc national des Lacs-Waterton portent encore les traces de l'immense feu de forêt qui a ravagé l'endroit en septembre. Des troncs calcinés se dressent à perte de vue; mais, malgré ce bouleversement de leur environnement, les animaux ont commencé à reprendre leurs droits.
Un texte de Tiphanie Roquette
Un matin de décembre, une poignée de bénévoles espèrent bien en apprendre plus sur la manière dont les animaux s’adaptent au nouveau paysage. Jumelles à la main, ils effectuent le recensement des oiseaux de Noël, le premier compte depuis l’incendie.
« C’est différent, c’est sûr. C’est brûlé », constate laconiquement Pat Lucas, une des bénévoles.
Premier changement : une grosse moitié du parc est inaccessible au public. La zone où l'incendie a fait rage est encore trop dangereuse pour les déplacements. Certains oiseaux habituellement observés dans la région ne pourront pas être comptés.
Même dans l’autre moitié du parc, les ornithologues amateurs se promènent au milieu des arbres noircis.
Pat Lucas, qui a vu aussi sa propriété brûlée il y a une dizaine d’années, est cependant philosophe. « Oui, c’est brûlé, mais vous apprenez que la nature s’adapte », affirme-t-elle.
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Si ce compte n’est qu’un instantané de la population d’oiseaux et ne permet pas de tirer des conclusions, Parcs Canada s’attend à ce que la terre noire et l’absence de végétation produisent quelques effets sur les populations d’oiseaux.
Après un feu similaire en 1998, on a ainsi observé un plus grand nombre d’oiseaux de proie, selon la coordonnatrice des bénévoles à Parcs Canada, Dianne Pachal. L’absence de végétation leur facilite la chasse aux petits oiseaux et aux rongeurs.
Les arbres brûlés sont quant à eux recherchés par les oiseaux qui aiment y faire leur nid, comme les pics-bois. Un petit oiseau blanc et noir fait ainsi entendre régulièrement son toc-toc.
Les cendres encore chaudes attirent aussi certains types d’insectes qui y pondent leurs oeufs. De quoi garantir de la nourriture aux oiseaux de retour.
Certains volatiles amateurs d’arbres anciens risquent cependant de déserter la zone, croit le directeur de la conservation des ressources au parc national des Lacs-Waterton, Dennis Madsen.
« Lorsque la végétation va se remettre à croître, vous allez voir encore les populations changer », explique-t-il.
Ces fluctuations ne toucheront pas seulement les oiseaux, mais également tous les animaux, gros mammifères compris.
La population de wapitis, habitués à prendre ses quartiers d’hiver dans un versant du parc, s’est déplacée dans une vallée adjacente.
Juste après le feu, les ours sont retournés dans les régions calcinées pour s’engraisser sur les carcasses d’animaux qui n’avaient pas survécu.
« Nous ne pensons pas que les animaux vont éviter les zones brûlées. Nous avons d’ailleurs vu certaines bêtes chercher de la nourriture là où le feu est passé, mais s’ils n’en trouvent pas, ils vont juste se déplacer », explique M. Madsen. « De longues distances pour vous et moi ne représentent rien pour les cervidés, par exemple. »
Reviendront-ils dans les limites du parc? Dennis Madsen a confiance. « Il y aura sûrement moins de nourriture pour les ours l’année prochaine, mais les années suivantes promettent plus de nourriture », indique-t-il.
Selon M. Madsen, le sol brûlé riche en nutriments produira une végétation de plus en plus luxuriante. Les arbustes de baies pousseront là où ils ne poussaient plus.
« Nous allons sans aucun doute prêter attention à ces évolutions », promet-il.