Locataires expulsés à Moncton : la démolition a commencé
George Randall, 70 ans, devra passer Noël à la Maison Nazareth, un refuge pour sans-abris de Moncton
Photo : Radio-Canada / Catherine Allard
Un homme de 70 ans, George Randall, devra passer Noël dans un refuge pour sans-abri. La démolition de la maison de chambres où il habitait, au centre-ville de Moncton, a débuté lundi matin. Il peine maintenant à se trouver un autre logement abordable.
Un texte de Catherine Allard
George Randall a été expulsé de la maison de chambres où il habitait, à l’angle des rues Gordon et Highfield, vendredi. Les 13 résidents savaient depuis le début du mois de novembre qu'ils allaient bientôt devoir quitter les lieux. La semaine dernière, le service des incendies de la Ville a jugé que trois propriétés voisines n’étaient pas sécuritaires et les résidents ont eu 24 heures pour quitter les lieux.
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George Randall dit qu’il a bien reçu, au début du mois de novembre, un avis lui informant qu'il devait quitter les lieux. Il a cependant continué à occuper sa chambre car il n’a pas réussi à se trouver un autre logement à prix modique.
Début de la démolition
Les démolisseurs se sont attaqués à la première des trois maisons condamnées, lundi matin. Les deux autres maisons doivent être démolies avant la fin de la semaine.
« La dernière chose qu'on veut faire c'est faire l'éviction des gens. On fait tout notre possible pour que ça n'arrive pas, mais parfois c'est la seule solution. Une fois de temps en temps on n'a pas d'autre choix », dit Charles LeBlanc, chef de division des préventions et des enquêtes du service d'incendie de la ville de Moncton.
Charles LeBlanc explique que la Ville a offert aux résidents de dormir dans des refuges pour sans-abris. Au moins quatre personnes ont accepté et sont montées dans des taxis pour se rendre dans différents refuges de la ville, dont George Randall.
Le nouveau propriétaire s'explique
Les trois propriétés ont récemment été achetées par l'entreprise Ashford Investments, qui a ses bureaux de l'autre côté de la rue.
Le président de l'entreprise, Patrick Gillespie, déplore la situation dans laquelle se retrouvent les résidents, mais précise que ces propriétés ont été achetées avec l'objectif de les démolir.
« Nous avons toujours prévu de les démolir. Une des clauses du contrat stipulait que l'ancien propriétaire devait envoyer des avis aux résidents et que les bâtiments seraient vides au moment de l'achat pour que nous puissions les démolir », explique Patrick Gillespie. La vente a été conclue à la mi-novembre.
L'ancien propriétaire a envoyé un premier avis au début du mois de novembre, mais personne n'est parti, selon Patrick Gillespie.
« De plus en plus de gens sont arrivés. C'est devenu un endroit où des gens habitaient parce qu'ils n'avaient pas d'autre endroit », dit-il. Il précise que son entreprise a également envoyé un dernier avis le 30 novembre et que les résidents n'ont pas payé leur loyer en décembre.
Difficulté à trouver un logement abordable
George Randall n’a pas beaucoup d’argent. La chambre qu'il occupait lui coutait environ 300 $ par mois. Il n'est pas en mesure de trouver un autre logement à ce prix.
« Tous les petits appartements coûtent environ 500 $, en plus du dépôt en cas de dommage. Je n’ai pas de meubles. Je vais rester ici [à la maison Nazareth] au moins jusqu’à la nouvelle année », dit-il.
« J’avais une chambre. Je dormais dans un sac de couchage, sur deux oreillers posés sur le sol. »
La ville de Moncton fait face à un sérieux manque de logement abordable depuis plusieurs années. Le Grand Moncton compte environ 750 sans-abris, ce qui en fait la région la plus durement touchée par l’itinérance au Nouveau-Brunswick.
En octobre, les demandes de logements subventionnés et sociaux atteignent 1578, à Moncton et à Dieppe. Il existe des projets de logements abordables, mais ils tardent à se concrétiser.