Les 35 ans d'Uniboard à Sayabec

Usine Uniboard de Sayabec
Photo : Radio-Canada / Jean-françois Deschênes
Saviez-vous que le premier panneau de particules de l'usine de Sayabec a été fabriqué il y a 35 ans, le 15 décembre 1982? L'usine, qui emploie 400 travailleurs aujourd'hui, est toujours un acteur économique majeur dans la Matapédia. Mais pour qu'elle puisse voir le jour, il aura fallu que les gens descendent dans la rue et affrontent les autorités. Retour sur ce jalon important de l'histoire de la région.
Un texte de Jean-François Deschênes
René Canuel était aux premières loges des manifestations qui ont marqué la Vallée de la Matapédia.
Les manifestants revendiquaient une papetière pour donner du travail aux nombreux chômeurs de l'époque.
Aussi, ils n'étaient plus question pour eux que leur bois soit transformé à l'extérieur de la région.
Des milliers de personnes ont marché dans les rues. Des routes ont été bloquées. Le train a été arrêté. « On a fait autre chose d'extraordinaire, mais l'arrêt du train ça, c'était plus qu'extraordinaire, c'était du jamais vue! »
S'il n'y avait pas eu de rassemblement populaire, il n'y aurait pas eu de Panval.
L'ancien député péquiste Léopold Marquis se souvient aussi très bien de ces moments troubles. « J'étais présent quand 14 personnes ont été appréhendées par l’escouade antiémeute. »
Il a été jusqu'à interpellé publiquement le premier ministre de l'époque René Lévesque.
Il était inconcevable pour lui que le dossier de la papetière soit chapeauté par le ministre et député de Matane, Yves Bérubé, parce que Matane était aussi pressentie pour implanter une papetière. « Ça n'a pas été accepté [par René Lévesque] sauf que ça n'a pas nui finalement », précise-t-il.
J'ai eu des interventions partout au Québec, même des gens de l'extérieur du Québec, des journalistes qui m'ont appelé. Ça a incité M. Lévesque à s'occuper du dossier.
Comme les Matapédiens le redoutaient, la papetière a été construite à Matane. C’est l’actuel Rayonier Advanced Materials, acheté récemment à Tembec.
Cette décision n’a pas plu aux gens de la Vallée. « Quand on a appris que la papetière allait à Matane, là on s'est gonflé. On a dit : "Ça n'a pas de bon sens. Ça va être ici, ça va être ici ça va être ici." », exprime avec vigueur encore aujourd'hui, René Canuel.
Toutefois, René Lévesque a trouvé un compromis. En remplacement, il y aura une usine de fabrication de panneaux-meubles à Sayabec.
L'usine se nommera Panval, ou si vous préférez Panneaux de la Vallée.
Aujourd’hui, elle se nomme Uniboard et l'usine est considérée comme un leader dans son domaine en Amérique du Nord.
Au moins 400 personnes travaillent ici.
Selon le syndicat, pour chacun d'eux, il y a quatre emplois indirects, ce qui en fait un acteur économique majeur pour la région.
Des gens de partout dans la région y travaillent. C’est le cas du retraité Mario Bernier de Sayabec. « Ça nous a permis de gagner notre vie et pas rien que nous autres, pas juste à ceux qui travaillent là. Je pense aux autres petites usines au côté. »
Pour sa part, le moment marquant pour le retraité Rémi Vallée, c'est l'investissement important qui a permis une modernisation au tournant des années 2000. L'usine avait besoin de ce souffle nouveau, selon lui.
On voyait l'usine mourir parce qu'on ne pouvait pas survivre avec Panval 1. Lorsqu'ils ont fait Panval 2, franchement là, moi personnellement, ça m'a donné un regain en maudit.
Tous sont d'avis que même si les temps sont difficiles dans le domaine forestier, Uniboard est voué à un bel avenir.
Un défi se dresse devant l'employeur aujourd'hui, c'est d'assurer la relève de ces nombreux retraités.
Le président du syndicat local, Roger Harvey, assure que la direction peut compter sur son organisation. « On voit la tendance. Les gens vieillissent et s’en vont. Je pense que notre défi c'est récupérer cette expertise-là, puis la transmettre aux plus jeunes. »
Pour le député de Matane-Matapédia, il s’agit d’un défi pour toute la région. « Il va falloir vendre notre région, vendre cette usine, vendre le milieu de travail et ça, c'est le défi de toute une région », affirme Pascal Bérubé.
De son côté, le maire actuel Marcel Belzile veut rencontrer la direction d’Uniboard pour voir comment permettre de plus grandes retombées économiques pour la région.
La direction d'Uniboard commentera cela plus tard.