Les plus démunis paieront la note de la réforme fiscale de Trump, selon l'ONU

Philip Alston, rapporteur spécial des Nations unies sur l'extrême pauvreté et les droits de l'homme
Photo : Reuters / Jason Lee
La réforme fiscale du président des États-Unis risque de faire exploser le système de protection sociale des Américains les plus pauvres, selon un expert de l'ONU.
Au terme d’une visite de deux semaines aux États-Unis, le rapporteur spécial des Nations unies sur l'extrême pauvreté et les droits de l'homme, Philip Alston, a déclaré que, si elle était adoptée, la réforme de la fiscalité initiée par le président Donald Trump « représenterait l'augmentation la plus forte dans les inégalités qu'on puisse imaginer ».
Le diplomate a indiqué que le financement d’une partie de cette réforme « s'est concentré sur des économies d'envergure et sur la suppression de nombreux programmes [sociaux] » qui « vont faire exploser » le filet de sécurité de la protection sociale.
Philip Alston doit déposer son rapport final au Conseil des droits de l'homme des Nations unies en juin 2018.
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La réforme prévoit que le taux de l'impôt fédéral sur les sociétés passerait de 35 % à 21 % (au lieu de 20 % dans les versions précédentes du projet), et que le taux maximal de l'impôt sur le revenu sera quant à lui ramené de 39,6 % à 37 %.
D'autant plus, le code des impôts sera simplifié, ce qui réduira les possibilités de déductions et d'abattements.
La réforme pourrait être adoptée par le Congrès la semaine prochaine. Les deux sénateurs qui s’y opposaient, Marco Rubio et Bob Corker, se sont ralliés vendredi.
Marco Rubio a d'ailleurs annoncé vendredi qu'il avait réussi à faire entendre une partie de ses demandes. En effet, les ménages auront droit au double du crédit d'impôt par enfant, soit 2000 $ au lieu de 1000 $.
Le sénateur Bob Corker a quant à lui estimé que toutes les lois étaient imparfaites, mais que les États-Unis bénéficieraient de cette réforme, peu importe.
La majorité des républicains au Sénat n'étant que de 52 voix sur 100, les votes de Marco Rubio et Bob Corker auraient pu faire avorter la réforme de Donald Trump.
En novembre et en décembre, les chambres du Congrès (Sénat et Chambre des représentants) ont chacune adopté leur proposition de la réforme. Une commission avait ensuite été mise sur pied pour créer un compromis entre ces deux versions.
Le texte final devrait être soumis au vote de chacune des chambres au début de la semaine prochaine.
Le président américain a assuré vendredi que les procédures se déroulaient bien. Il a promis la mise en vigueur de la baisse d'impôt avant Noël et la baisse des prélèvements salariaux à la source dès février.
Les États-Unis comptent 40,6 millions de personnes vivant sous le seuil de pauvreté, soit 12,7 % de la population. En 2016, le taux de pauvreté chez les Blancs non hispaniques était de 8,8 %, tandis qu'il était de 22 % chez les Noirs et de 18,4 % chez les Hispaniques.