TVA s'excuse pour son reportage sur un chantier près de mosquées

Photo : Radio-Canada
Le réseau TVA a présenté ses excuses pour son reportage diffusé cette semaine qui affirmait que deux mosquées de l'arrondissement de Côte-des-Neiges-Notre-Dame-de-Grâce avaient demandé d'exclure des femmes d'un chantier de construction le vendredi, jour de la prière.
« TVA Nouvelles regrette cette situation et tient à s'excuser auprès des différents intervenants et des téléspectateurs qui ont été affectés par cette nouvelle », peut-on lire sur son site Internet.
La direction du réseau dit continuer de « mener son enquête interne pour valider les étapes de la démarche journalistique effectuées dans le cadre de ce reportage ».
TVA précise que le reportage était fondé sur les témoignages rapportés à la caméra mardi soir par deux entrepreneurs. « Or, les versions que nous avions recueillies auprès de ces intervenants ont changé depuis hier. »
Ces excuses interviennent après que la Commission de la construction du Québec (CCQ) a conclu jeudi à l'issue d'une enquête qu'aucune demande d'exclusion des femmes d'un chantier de construction n'avait été formulée par ces mosquées et qu'aucune clause dans ce sens n'était stipulée dans un contrat avec un entrepreneur, contrairement à ce qu'a affirmé le réseau TVA plus tôt cette semaine.
Jeudi soir, devant les conclusions de la CCQ, TVA Nouvelles avait senti le besoin de rectifier le tir avec une mise au point, mais sans présenter d'excuses comme telles.
La journaliste à l’origine de l’histoire, Marie-Pier Cloutier, a ainsi affirmé que les versions « recueillies auprès des intervenants et présentées en ondes ont évolué au cours des dernières heures, de sorte que nous ne sommes plus en mesure d’affirmer qu’il y aurait eu une demande afin que les femmes ne se retrouvent pas sur le chantier pour la prière ».
« La situation, poursuit-elle, semble plutôt découler d’un important imbroglio entre les divers intervenants ».
Aucun fondement, dit la CCQ
Au terme de ses vérifications, la CCQ a conclu qu'« aucune indication, aucun témoignage, aucun élément nous permettrait d’affirmer que les mosquées sont les instances qui auraient commandé ce genre d’aménagement ».
« D’aucune manière, aucune trace, aucune déclaration des gens rencontrés sont à cet effet-là », a déclaré la PDG de la CCQ, Diane Lemieux.
« Deuxièmement, a-t-elle poursuivi, il n’y a aucune clause dans le contrat qui imposait des aménagements qui auraient pu faire en sorte de mettre des femmes dans des situations particulières. »
Elle a ajouté qu'on y trouve une clause, usuelle en abord de chantier, pour éviter du brouhaha le vendredi.
Diane Lemieux a précisé que ces conclusions interviennent après des rencontres des représentants de la CCQ avec des employés de la Commission des services électriques de Montréal (qui effectue des travaux dans le secteur), de G-Tek Transit MAP Signalisation (l’employeur des personnes qui s’occupent de faire la signalisation pendant les travaux), des représentants des mosquées et les employées visées par le reportage incriminant diffusé plus tôt cette semaine.
La Meute ne manifestera finalement pas
Concernant l'appel à une manifestation, demain, par le groupe La Meute, la ministre responsable du Travail, Dominique Vien, a lancé un appel au calme. « Je demande d’être excessivement prudent, qu’il n’y a pas de fondement qui pourrait justifier de telles manifestations. Vous comprendrez ici que je fais un appel au calme », a-t-elle dit.
En fin d'après-midi, La Meute a fait savoir sur Facebook qu'elle suspendait la manifestation prévue vendredi.
Pour le premier ministre Philippe Couillard, les résultats de l'enquête de la CCQ sont rassurants. « La vérification a été faite par la Commission de la construction, les gens qui sont dans le lieu de culte ont dit qu’il n’y avait aucune demande qui avait été faite, ça ne figure dans aucun contrat, alors c’est plutôt rassurant. J’aurais été très insatisfait de voir qu’une telle pratique aurait été demandée par quelqu’un dans notre société », a-t-il dit en point de presse.
Diane Lemeux a par ailleurs précisé qu'un « manque de fluidité » dans les communications et des « incompréhensions » quant à la gestion du chantier étaient plutôt à l'origine du déplacement d'employées chargées de la signalisation.
« Par exemple, est-ce que c'est clair le nombre de signaleurs qui était nécessaire pour le chantier? Si, par exemple, il était convenu qu'il n'y ait que deux signaleurs et que finalement il y en avait quatre, il est possible que deux personnes aient été déplacées. [...] Il reste des éléments à clarifier au niveau de la gestion du chantier, mais le résultat de ça n'est pas le résultat de demandes des autorités de la mosquée », a-t-elle ajouté.
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