Le sort des artistes francophones hors Québec : l’industrie sonne l’alarme

D’après la présidente de l’ANIM, Véronique Wade, beaucoup d’artistes sont tentés de quitter les régions pour les grands centres pour obtenir le soutien dont ils ont besoin.
Photo : Radio-Canada / Joane Bérubé
Prenez note que cet article publié en 2017 pourrait contenir des informations qui ne sont plus à jour.
L'Alliance nationale de l'industrie musicale (ANIM) s'inquiète de l'avenir des artistes francophones et des entreprises qui leur viennent en aide hors Québec. Selon l'organisme, plusieurs agences d'artistes menacent de fermer si elles n'ont pas d'aide supplémentaire.
Un texte de Raluca Tomulescu
L’ANIM demande ainsi 1,6 million de dollars au gouvernement fédéral pour soutenir ces agences. Selon sa présidente, Véronique Wade, les entrepreneurs musicaux, dont les agents d’artistes, jouent un rôle indispensable pour percer à l’échelle nationale et internationale.

La présidente de l’Alliance nationale de l’industrie musicale (ANIM), Véronique Wade
Photo : Radio-Canada / Raluca Tomulescu
Une étude réalisée par l’Institut canadien de recherche sur les minorités linguistiques conclut, dit-elle, que l’industrie musicale des communautés francophones et acadienne a un grand potentiel de développement, mais que le manque de ressources humaines et financières auquel doivent faire face les artistes et les entrepreneurs musicaux menacent son épanouissement.
Les professionnels de l'industrie à l'international veulent de plus en plus négocier directement avec des agences d'artistes. C'est vraiment important qu'on crée de plus en plus d'entreprises comme celles-là, c'est un besoin urgent.
D’après Véronique Wade, beaucoup d’artistes sont tentés de quitter les régions pour les grands centres, comme le Québec, pour obtenir le soutien dont ils ont besoin.
« Au Québec, ils ont plus d'aide du gouvernement. Ils ont plus de structures, de personnes professionnelles qui entourent les artistes », explique-t-elle.
L’ANIM demande au ministère du Patrimoine canadien 1 million de dollars pour soutenir les entreprises de l’industrie hors Québec, et 600 000 $, pour que les artistes puissent participer à des activités ou à des tournées pour se faire connaître, appelées vitrines.
Les artistes, ces « petites machines »
La situation difficile des artistes francophones hors Québec que dénonce Véronique Wade n’est pas étrangère à l'auteure-compositrice-interprète d’origine fransaskoise Anique Granger.

Anique Granger
Photo : Radio-Canada / Ricardo Costa
Bien qu’elle s’identifie comme une artiste de l’Ouest, elle s’est installée au Québec au début des années 2000.
« On a décidé de faire le saut. On avait un gérant en Outaouais, ça nous a beaucoup aidés, et c’était une des raisons pour lesquelles on a déménagé », se souvient-elle.
Anique Granger compare les artistes de langue officielle en situation minoritaire à de « petites machines d’entreprise indépendante », mais souligne qu’il y a des limites à ce qu’un artiste peut faire à lui tout seul.
Quand un artiste a plus de temps pour se consacrer à son art, son calibre augmente. On a besoin d'agent pour stimuler l'industrie. Ce sont des collaborations vraiment importantes, et il en manque.
Anique Granger estime qu’il est important pour la diversité musicale au pays de soutenir les artistes francophones en Saskatchewan, en Alberta, ou en Acadie, autant que ceux du Québec.
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La culture francophone potentiellement en danger
La directrice générale du Conseil culturel fransaskois, Suzanne Campagne, espère que le ministère du Patrimoine canadien entendra d’une bonne oreille la demande de l’AMIN. Elle demeure toutefois inquiète.
On n’a aucune idée de ce qui va se produire pour la prochaine feuille de route. Souvent, la culture et [nous] les artistes, on nous voit un peu comme un luxe.
Aux yeux de Véronique Wade, le danger de ne pas venir en aide aux artistes et aux entreprises de l’industrie hors Québec, c'est l'effritement de la culture francophone au Canada.
« On est une industrie culturelle qui apporte beaucoup à la société, et je pense que c'est le temps qu'on nous soutienne activement », affirme-t-elle.
Mercredi soir, le ministère du Patrimoine canadien n’avait pas répondu à nos demandes de précisions sur le sujet.