Deux Palestiniens tués à Gaza lors d'une deuxième « journée de rage »

Un manifestant palestinien lance une pierre avec une fronde vers des troupes israéliennes près de la ville de Ramallah.
Photo : Reuters / Mohamad Torokman
Prenez note que cet article publié en 2017 pourrait contenir des informations qui ne sont plus à jour.
Au moins deux Palestiniens de la bande de Gaza sont morts dans des heurts avec l'armée israélienne vendredi, lors de manifestations organisées dans le cadre d'une deuxième « journée de rage » visant à dénoncer la reconnaissance par le président américain Donald Trump de Jérusalem comme capitale d'Israël. Des centaines d'autres ont été blessés.
Selon le ministère palestinien de la Santé, un homme de 30 ans du nom de Mahmoud al-Masri a été tué par balle à l'est de Khan Younès, dans l'enclave de Gaza, près du mur érigé à la frontière avec Israël.
Un deuxième Gazaoui est mort de ses blessures, selon le porte-parole d'un hôpital de Gaza.
L'armée israélienne a confirmé avoir ouvert le feu sur deux « instigateurs » de « violentes émeutes » rassemblant des centaines de personnes près du mur.
En Cisjordanie occupée, des accrochages ont également eu lieu à Jérusalem-Est, Ramallah, Hébron, Bethléem, Jéricho et dans les environs de Naplouse. Comme cela avait été le cas jeudi, les manifestants ont lancé des pierres en direction des forces de sécurité, qui ont répliqué en utilisant des gaz lacrymogènes et des balles de caoutchouc.

Une Palestinienne crie sa colère au visage d'une soldate israélienne, vendredi, près de la porte de Damas, dans la vieille ville de Jérusalem.
Photo : Getty Images / THOMAS COEX
Les affrontements, qui ont éclaté à la sortie des mosquées après la grande prière du vendredi, ont fait 245 blessés selon le plus récent bilan avancé par le Croissant-Rouge palestinien.
Plus de la moitié d'entre eux ont été incommodés par du gaz lacrymogène, mais 80 ont été blessés par des tirs à balles réelles ou en caoutchouc. Des dizaines de protestataires ont aussi été atteints par des balles de caoutchouc. Ce bilan a été fourni avant l'annonce des deux décès.
Plus tôt, l'armée a dit avoir recensé 3000 « émeutiers » qui avaient brûlé des pneus ou lancé des cocktails Molotov ou des pierres en direction des soldats ou de gardes frontaliers à une trentaine d'endroits. Elle a aussi dit avoir arrêté six personnes.
À Jérusalem-Est, une empoignade intense, mais brève, entre des manifestants et une cinquantaine de policiers israéliens a éclaté près de la porte de Damas alors que les Palestiniens quittaient la vieille ville, rapporte notre correspondante au Moyen-Orient, Marie-Ève Bédard. Des vitres ont volé en éclats dans le tumulte.
Les autorités israéliennes n'avaient pas limité l'accès à l'esplanade des Mosquées, troisième lieu saint de l'islam, malgré les débordements prévus. Le mouvement islamiste Hamas, qui contrôle la bande de Gaza, a notamment appelé jeudi à une nouvelle Intifada (soulèvement) après la décision du président américain.
Le Hamas a réitéré son appel à une nouvelle Intifada. « Tous ceux qui installeront leur ambassade à Jérusalem deviendront des ennemis des Palestiniens et en conséquence des cibles potentielles », a déclaré un dirigeant du Hamas, Fathy Hammad, devant des manifestants qui brûlaient des affiches montrant le président Trump. « Nous proclamons une Intifada jusqu'à la libération de Jérusalem et de toute la Palestine », a-t-il ajouté.
L’armée israélienne a effectué des frappes aériennes contre des cibles militaires du Hamas à la suite de deux tirs de roquette sur Israël à partir de la bande de Gaza. L’armée israélienne a précisé avoir bombardé un complexe d’entraînement militaire du Hamas ainsi qu’un dépôt d’armes.
Le ministère palestinien de la Santé a indiqué que les frappes avaient fait 15 blessés.
Les tirs de roquette n’ont fait aucun blessé du côté israélien.
Peu après les frappes israéliennes, un troisième tir de roquette a endommagé des véhicules dans la ville israélienne de Sderot.

Des Palestiniens scandent des slogans devant le dôme du Rocher, sur l'esplanade des Mosquées, troisième lieu saint de l'islam.
Photo : Getty Images / AHMAD GHARABLI
Sentiment d'impuissance côté palestinien
Selon Marie-Ève Bédard, les Palestiniens rencontrés dans les rues de Jérusalem-Est se sentent impuissants face à la décision de Donald Trump et dénoncent l'incurie de leurs dirigeants et des autres leaders du monde arabo-musulman.
Ces derniers ont beau condamner l'approche de l'administration Trump, ils abandonnent dans les faits les Palestiniens à leur sort, estiment-ils.
Des musulmans de partout dans le monde ont tout de même manifesté leur appui à la cause palestinienne vendredi. Des manifestations ont notamment eu lieu en Jordanie, au Liban, en Iran, en Irak, en Égypte, en Turquie, en Algérie, en Tunisie, au Yémen, au Pakistan, en Afghanistan, en Indonésie, en Malaisie et dans le Cachemire indien.
Jeudi, des heurts entre manifestants et forces de sécurité israéliennes ont fait une centaine de blessés dans les rangs palestiniens en Cisjordanie et à la frontière entre Israël et la bande de Gaza, selon un bilan du Croissant-Rouge palestinien.

Des soldats israéliens montent la garde dans la vieille ville de Jérusalem en prévision des manifestations attendues après la prière du vendredi.
Photo : Getty Images / THOMAS COEX
Les Palestiniens revendiquent Jérusalem-Est comme capitale de l’État auquel ils aspirent. Israël, qui a conquis Jérusalem-Est lors de la guerre des Six Jours en 1967, avant de l’annexer, considère pour sa part Jérusalem dans son entier comme sa capitale « éternelle et indivisible ».
Avec sa décision, le président Trump a rompu avec le reste de la communauté internationale, qui considère que le statut final de cette ville, considérée comme sainte par les trois grandes religions monothéistes du monde, doit se régler par des négociations.
L'ambassade ne déménagera pas avant deux ans
Malgré l'annonce controversée du président Trump, les États-Unis ne déménageront « probablement » pas leur ambassade de Tel-Aviv à Jérusalem avant au moins deux ans, selon le secrétaire d'État américain, Rex Tillerson.
« Ce n'est pas quelque chose qui va arriver cette année ni même probablement l'année prochaine, mais le président veut que nous avancions de façon très concrète et très résolue », a-t-il déclaré à l'issue d'une rencontre avec son homologue français Jean-Yves Le Drian à Paris.
À New York, le Conseil de sécurité des Nations unies s'est réuni d'urgence vendredi pour débattre de la décision de Donald Trump, qui a provoqué la fureur du monde arabe et suscité une réprobation générale des partenaires de Washington.
Au terme de la rencontre, les ambassadeurs de la France, du Royaume-Uni, de l'Italie, de la Suède et de l'Allemagne ont conjointement déclaré que la décision de Donald Trump « n'est pas conforme aux résolutions du Conseil de sécurité » et ne « favorise pas la perspective de paix dans la région ».
L'Organisation des nations unies est « particulièrement inquiète des risques d'une escalade violente », a quant à lui déclaré le coordonnateur spécial des Nations unies pour le processus de paix au Proche-Orient, Nickolay Mladenov.
Les Palestiniens rompent toute discussion avec les États-Unis
Quant aux Palestiniens, ils ne discuteront plus avec les États-Unis tant que Donald Trump ne sera pas revenu sur sa décision de reconnaître Jérusalem comme capitale d'Israël, a déclaré vendredi le négociateur en chef des Palestiniens, Saeb Erekat, à la chaîne Al-Jazeera.
Jeudi soir, un haut responsable du Fatah (le parti du président de l'Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas) avait déclaré que le vice-président Mike Pence n'était « pas le bienvenu » en territoire palestinien. « Il a demandé à rencontrer [M. Abbas] le 19 décembre à Bethléem. Cette rencontre n'aura pas lieu », avait fait savoir Djibril Radjoub.
Le grand imam d'Al-Azhar a aussi annulé une rencontre avec M. Pence pour protester contre la décision américaine, a indiqué vendredi cette influente institution de l'islam sunnite basée au Caire, en Égypte.
Dans un communiqué, Ahmed Al-Tayeb indique qu'il est revenu sur sa décision de rencontrer M. Pence, qui doit effectuer une visite en Israël et en Égypte dans la seconde moitié de décembre. La rencontre avec M. Pence était prévue le 20 décembre, selon le communiqué.
Avec les informations de Reuters, Agence France-Presse, Associated Press, Haaretz, Jerusalem Post et Times of Israel