Il y a 100 ans, une explosion défigurait la ville d'Halifax
Le navire Mont-Blanc impliqué dans l’explosion d’Halifax, en 1917
Photo : Inconnu
Le matin du 6 décembre 1917, une collision entre deux bateaux dans le port d'Halifax cause une énorme déflagration. Une bonne partie de la ville est soufflée par l'explosion, qui laisse derrière elle 2000 morts et 9000 blessés. Une tragédie qui continuera de vivre dans les mémoires des survivants.
En pleine Première Guerre mondiale, la ville portuaire d'Halifax bouillonne. Le matin du 6 décembre 1917, le port est déjà en effervescence lorsque le Mont-Blanc arrive. Ce cargo français fait une dernière escale sur le sol canadien avant de traverser l'Atlantique vers l'Europe en guerre. De son côté, l'Imo, un bateau norvégien, vient de lever l'ancre. À la suite d'une série d'incidents mineurs, les deux navires se heurtent vers 8 h 45. Un incendie éclate sur le Mont-Blanc, qui transporte une cargaison d'explosifs.
L’onde de choc
Une colonne de feu s’élève du navire français, attirant dans le port les passants et les enfants qui se rendent à l’école. Vingt minutes après la collision, le Mont-Blanc explose, pulvérisant tout sur son passage.
Quelque 1600 personnes périssent sur le coup et 400 autres meurent des suites des blessures. Parmi les survivants, plusieurs se retrouvent aveugles en raison des éclats de verre qui se sont enfoncés dans leurs yeux.

Reportage du journaliste James Bamber à l’occasion du 70e anniversaire de l’explosion d’Halifax. Le bulletin de nouvelles est animé par Céline Galipeau.
À l’occasion du 70e anniversaire du tragique événement, James Bamber reconstitue la catastrophe dans un reportage du Téléjournal animé par Céline Galipeau. Le journaliste présente le témoignage de Margaret Boulay, alors enfant au moment des faits. La survivante blessée lors de l’explosion y a perdu ses parents ainsi que des frères et sœurs. Elle explique qu’après la déflagration, elle a réussi à trouver le corps de sa mère mais pas celui de deux de ses sœurs.
La tragédie a continué à hanter les esprits pendant des décennies.
Des archives inédites retrouvées
En 2003, les Archives nationales du Canada reçoivent une bobine de film qui dormait sur les étagères des Archives australiennes. Les images qui s’y trouvent montrent Halifax à l’été 1918. Six mois après le drame, la ville ressemble toujours à une zone sinistrée où rien n’est reconstruit. Le journaliste Denis-Martin Chabot raconte cette découverte au Téléjournal du 3 décembre 2003 animé par Gilles Gougeon.

Reportage du journaliste Denis-Martin Chabot sur l’acquisition par les Archives nationales du Canada d’un film montrant la destruction de Halifax, en 1918. Le bulletin de nouvelles est animé par Gilles Gougeon.
Le Mont-Blanc
- Le Mont-Blanc, un navire à vapeur, transporte une cargaison dangereuse : 2 300 tonnes d’acide picrique sec, 200 tonnes de trinitrotoluène (TNT), 10 tonnes de nitrocellulose et 35 tonnes de benzol, le tout formant un potentiel explosif important.
- L’équipage du bateau est composé de 41 marins, avec à leur tête Aimé Le Medec, capitaine depuis deux ans seulement, dont c’est le premier voyage à bord du Mont-Blanc.
- Le capitaine du Mont-Blanc ordonne à son équipage de quitter le navire, ce qu’il fit sans attendre, connaissant la dangerosité de la cargaison.
- Sur deux bateaux de sauvetage, les marins du Mont-Blanc rament vigoureusement jusqu’à terre, sur la rive. Dans leur fuite, ils tentent d’avertir les bateaux proches du danger. Mais comme ils parlent français, les équipages des embarcations ne réagissent pas.
- Tous les hommes du navire français arrivent sains et saufs au rivage. Criant aux gens à terre de fuir, ils courent dans les bois proches se mettre à l’abri.
L’Imo
- Vide lorsqu’il quitte son ancrage à Halifax, l’Imo, propriété de la Norwegian Southern Pacific Whaling Company, est un vaisseau neutre qui ne transporte aucun matériel de guerre.
- Son équipage est composé de Norvégiens, de Suédois, de Danois, d’un Hollandais et d’un Canadien français. Son capitaine, Haakon From, est Norvégien, mais parle anglais.
- Après l’impact, l’Imo réussit à sortir du port tandis qu’une colonne de feu s’élève du navire français
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