Adidas se dit profondément désolé des propos « offensants » de son employé

Des chaussures de marque Adidas
Photo : Getty Images / Kohlerphoto
L'entreprise Adidas, aux prises avec une gestion de crise marketing depuis deux jours en raison des propos sur la langue française qu'a tenus le gérant de sa boutique du centre-ville de Montréal, s'est dite désolée par la situation vendredi.
« Nous sommes profondément désolés que les récents commentaires faits par un des employés d'Adidas aient été offensants. Ceci n'était pas notre intention », écrit l’entreprise dans un communiqué de 72 mots.
« C’est la déclaration officielle – et la seule – que donnera la marque », indique une relationniste de presse à Radio-Canada.
« Chez Adidas, nous sommes fiers de notre présence internationale et sommes engagés à respecter la culture, les coutumes et les langues de chaque ville et pays dans lesquelles nous résidons », ajoute le communiqué.
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Lors d'une célébration marquant la réouverture du magasin Adidas au centre-ville après des rénovations, le gérant Alexandre Desroches a dit qu'il allait prononcer quelques mots en français pour « accommoder » la Ville de Montréal et les médias francophones. Le reste de l'événement s'est déroulé en anglais.
L'incident, qui a d'abord été rapporté par Le Journal de Montréal, a déclenché une vague de critiques.
De nombreux consommateurs ont lancé un appel au boycottage de la marque, évoquant le mépris ainsi démontré par le géant des articles de sport à l'endroit des Québécois francophones.
Dans une lettre adressée au président de l'entreprise au Canada, Michael Rossi, la ministre responsable de la Protection et de la Promotion de la langue française, Marie Montpetit, a exprimé sa « profonde déception » quant à la manière dont Adidas a géré la « controverse linguistique qui a entouré la réouverture » de la boutique à Montréal « sur le plan des communications publiques ».
La ministre estime que l'entreprise « doit transmettre un message clair » près de 48 heures après les propos qu'a tenus le gérant, mercredi soir.
Mme Montpetit rappelle que l’entreprise est inscrite à l’Office québécois de la langue française, et elle se dit surprise par les méthodes qu’elle décide d’employer.
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« En agissant de la sorte, poursuit la ministre, vous auriez contribué à faire de cette controverse un cas isolé, et du même coup, contribué à accroître votre capital de sympathie auprès des francophones montréalais et québécois. »
Protection et promotion de la langue française : @AdidasCa doit transmettre un message clair. #PolQc #Montréal pic.twitter.com/3HXUH4BKll
— Marie Montpetit (@Marie_Montpetit) 24 novembre 2017
Le délai de réponse d’Adidas
Adidas Canada a mis plus de deux jours pour réagir.
« C’est un incident déplorable, un manque de jugement. […] Mais ce qui est particulièrement déplorable, c’est qu’on a une entreprise qui n’a toujours pas réagi », a dit la ministre Marie Montpetit au micro de Michel C. Auger, vendredi, en réaction à ce silence.
« La moindre des choses [que l’entreprise] aurait pu faire, a dit la ministre, c’est de faire un communiqué de presse [jeudi], faire une lettre ouverte, mettre quelque chose sur les médias sociaux… C’est très simple, à notre époque, de réagir et [de] s’excuser dans un premier temps; reconnaître dans un deuxième temps qu’elle s’installe dans une métropole francophone, que le fait français pour elle est important, qu’elle reconnaît qu’elle s’installe dans un endroit où ce sont des citoyens, des consommateurs francophones, aussi. »
Selon la ministre Montpetit, le cas Adidas en est un qui est « malheureux », mais qui « n’arrive pas si souvent ».
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« Et ça, c’est intéressant de voir aussi que les gens ont réagi, a-t-elle ajouté, parce que si on se rapporte à il y a 20 ans, non seulement il y avait beaucoup plus de marques de commerce en anglais, il y avait beaucoup moins de réactions. Donc, le seuil de tolérance a diminué beaucoup. »
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De son côté, le président et chef de la direction de la Chambre de commerce du Montréal métropolitain, Michel Leblanc, croit qu’il s’agit d’une maladresse de la part de l'entreprise.
« De toute évidence, ce qu’on a observé chez Adidas, c’est un manque de jugement d’un employé, d’un gérant, affirme M. Leblanc. Ce qui est surprenant, c’est la réaction de l’entreprise. »
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Rappelons que, jeudi, la classe politique québécoise a condamné les propos du gérant du magasin montréalais.
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