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Plus de 200 morts dans une attaque contre une mosquée du Sinaï égyptien

Des gens marchent devant une mosquée.

L'attaque s'est produite dans cette mosquée de Bir Al-Abd, dans la péninsule du Sinaï

Photo : EPA / Pigiste

Radio-Canada
Prenez note que cet article publié en 2017 pourrait contenir des informations qui ne sont plus à jour.

Au moins 235 personnes sont mortes et 109 autres ont été blessées dans un attentat perpétré par un groupe d'hommes armés dans une mosquée de la péninsule du Sinaï majoritairement fréquentée par des soufis, selon un bilan fourni par le procureur général égyptien. L'attaque n'a pas été revendiquée.

Le carnage s'est produit à l'heure de la grande prière du vendredi dans la mosquée Al-Rwadah, située à Bir Al-Abd, ville côtière de la Méditerranée. Selon des sources policières, une explosion est survenue avant que des militants n'ouvrent le feu sur la foule.

D'après des témoins de l'agence Reuters, le carnage a été commis par un groupe d'une quarantaine d'hommes armés qui se trouvaient dans des véhicules tout-terrain positionnés à l'extérieur de la mosquée pour abattre les gens qui tentaient de prendre la fuite.

« Ils tiraient sur les fidèles fuyant la mosquée. Ils tiraient aussi sur les ambulances », a rapporté un habitant dont plusieurs proches ont été témoins de la fusillade.

« Des gens de la place ont amené les blessés à l'hôpital dans leur propre voiture ou leur camion », a raconté un résident de Bir Al-Abd joint au téléphone par Associated Press.

La télévision égyptienne a montré les images de nombreux corps ensanglantés recouverts de couvertures à l'intérieur de la mosquée.

L'attaque contre la mosquée est la plus sanglante jamais perpétrée dans cette région qui relie l'Égypte à Israël et à la bande de Gaza depuis qu'une insurrection islamiste y a éclaté, il y a environ trois ans.

Bien qu'il n'ait pas revendiqué l'attaque, le groupe armé État islamique (EI) apparaît comme le principal suspect, puisque la mosquée Al-Rwadah était connue comme un lieu de rassemblements de soufis, un courant mystique de l'islam considéré comme hérétique par le groupe djihadiste.

D'ailleurs, dans une entrevue publiée dans Al-Nabaa, la lettre d'information de l'EI, le commandant de la « police de la moralité » du groupe au Sinaï avait déclaré que sa priorité était de « combattre les manifestations du polythéisme, y compris le soufisme ».

Les membres de l'EI adhèrent au salafisme, un courant rigoriste de l'islam. Ils accusent les soufis de polythéisme en raison de leur recours à l'intercession des saints morts. Ils condamnent aussi les rites et prières soufis qui n'ont pas été prescrits par le prophète Mahomet.

Al-Sissi promet une réponse « brutale »

Dans un discours diffusé par la télévision égyptienne, le président égyptien, Abdel Fattah Al-Sissi, a promis de répondre avec une « force brutale » à cette attaque.

«  »

— Une citation de  Abdel Fattah Al-Sissi, président égyptien

Dans la nuit de vendredi à samedi, l’armée a d'ailleurs annoncé que l’aviation égyptienne avait « détruit plusieurs véhicules utilisés dans l'attaque » contre la mosquée.

«  »

— Une citation de  Tamer el-Refaï, porte-parole de l'armée

Le gouvernement égyptien a d'ores et déjà décrété trois jours de deuil national en hommage aux victimes de l'attentat.

Le président américain, Donald Trump, dont le pays est un allié de l'Égypte, a dénoncé dans un tweet une « attaque terroriste horrible et lâche » visant des « fidèles innocents et sans défense ».

« Le monde ne peut pas tolérer le terrorisme, nous devons vaincre militairement [les terroristes] et discréditer l'idéologie extrémiste qui forme la base de leur existence! » a-t-il écrit.

Le Cabinet du premier ministre canadien a également publié une déclaration où Justin Trudeau offre ses condoléances « aux amis et aux familles des victimes ».

« Nous devons nous dresser contre ces actes terroristes et lutter contre la haine en faisant la promotion des valeurs de diversité, d’inclusion et de paix », peut-on lire dans la déclaration.

Les mesures de sécurité à l'aéroport international du Caire ont été renforcées après l'attentat.

Des corps protégés par des couvertures sont alignés sur le sol de la mosquée.
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Des Égyptiens circulent parmi les corps de victimes de l'attentat dans la mosquée Al-Rwadah, à Bir Al-Abd, dans le Sinaï.

Photo : Getty Images / Pigiste

Des attaques régulières depuis 2013

Depuis que l'armée égyptienne a destitué en 2013 le président Mohamed Morsi, issu du mouvement des Frères musulmans, des groupes djihadistes du Sinaï, dont l'EI, ont régulièrement attaqué des policiers ou des militaires dans le Sinaï, faisant des dizaines de morts.

En juillet dernier, 23 militaires égyptiens ont notamment été tués dans des attentats à la voiture piégée commis à des points de contrôle. Ces attaques ont été revendiquées par l'EI.

La branche locale de l'EI a aussi revendiqué plusieurs attaques contre des civils, entre autres des soufis et des chrétiens.

Un chef soufi accusé de pratiquer la magie, Suleiman Abou Heraz, a notamment été décapité par l'EI l'an dernier et plusieurs autres soufis avaient été kidnappés; ils ont finalement été libérés après s'être « repentis ».

En février, des chrétiens d'Al-Arich, située à une quarantaine de kilomètres à l'est de Bir Al-Abd, ont aussi fui la région en masse après une série de violentes attaques les visant.

La situation sécuritaire qui prévaut dans ce territoire largement désertique demeure cependant nébuleuse, l'Égypte y interdisant l'accès aux journalistes depuis de nombreuses années.

Une région historiquement instable

Peuplée essentiellement de Bédouins, la péninsule du Sinaï est la région la plus pauvre du pays et elle a été déchirée par de nombreux affrontements au fil du temps. Elle a notamment été le théâtre de conflits entre les armées égyptienne et israélienne dans la deuxième partie du 20e siècle.

Israël, qui a pris le contrôle du territoire lors de la guerre des Six Jours, en 1967, l'a finalement restitué à l'Égypte en 1979, dans le cadre du traité de paix conclu entre les deux pays. Le Sinaï est cependant demeuré une zone instable, les Bédouins restant à couteaux tirés avec le pouvoir central.

Pendant son long règne, le président Hosni Moubarak s'est plutôt intéressé au développement des villes touristiques du sud de la péninsule, comme Charm el-Cheikh et Taba, devenues prisées par des touristes du monde entier. Les Bédouins n'en ont pas bénéficié, et certains d'entre eux se sont plutôt investis dans des trafics en tout genre avec des Palestiniens de la bande de Gaza.

La région du Sinaï a aussi été la cible de plusieurs attentats à la bombe depuis 20 ans, les plus sanglants étant celui commis à Louxor, qui a fait 62 victimes en 1997, et celui de Charm el-Cheikh, qui en a fait 88 en 2005.

Avec les informations de Associated Press, Agence France-Presse, et Reuters

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