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Préposés aux bénéficiaires : la solution à la pénurie est-elle à l'étranger?

Les préposés aident les bénéficiaires dans leurs déplacements.

Les préposés aident les bénéficiaires dans leurs déplacements.

Photo : Radio-Canada

Radio-Canada
Prenez note que cet article publié en 2017 pourrait contenir des informations qui ne sont plus à jour.

La pénurie de préposés aux bénéficiaires est tellement sévère que l'Association des ressources intermédiaires d'hébergement du Québec (ARIHQ) envisage de recruter à l'étranger. Cette pénurie commence même à toucher le réseau public.

Un texte de Davide Gentile

Quatre femmes assurent les services aux bénéficiaires sur un étage de la résidence Le Voilier, une ressource intermédiaire située à Saint-Jérôme, dans les Laurentides. « On va vous mettre beau à matin. Votre famille vient vous voir pour votre fête », dit Manon Levasseur à un résident en mettant doucement la main sur son épaule.

Victime de l'effondrement du secteur textile, Manon Levasseur a réorienté sa carrière comme préposée aux bénéficiaires, il y a cinq ans.

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— Une citation de  Manon Levasseur, préposée aux bénéficiaires

Comme ses collègues, c'est une boule d'énergie. Le groupe de femmes bourdonne à l'étage. Elles écoutent les patients, mais doivent aussi les nourrir et les nettoyer. Or, la charge de travail est lourde et la pénurie de personnel est devenue chronique. « Ça arrive que certaines filles fassent des [quarts de] 12 heures », confie Manon.

« On a de la difficulté à embaucher. La pénurie est vraiment importante », explique Alexandre Bourgeois, de l'ARIHQ, qui est également propriétaire de la résidence Le Voilier.

Cette résidence devrait employer 75 préposés à temps plein, mais en compte moins de 60. Cette situation prévaut dans plusieurs autres ressources intermédiaires de la province, qui hébergent 13 000 personnes en perte d'autonomie.

Une partie de la solution passerait par le recrutement à l'étranger. « En tant qu'organisation, on analyse les possibilités avec la France et la Chine, affirme M. Bourgeois. On pourrait conclure une entente avec le ministère de l'Éducation pour franciser ces gens-là en Chine pour qu'ils suivent le cours de préposé au Québec. »

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— Une citation de  Yves Desjardins, PDG du Regroupement québécois des résidences pour aînés (RQRA)

Yves Desjardins soutient que la pénurie de main-d’œuvre touche également les résidences pour aînés qui accueillent des personnes autonomes ou semi-autonomes.

« Il y a des résidences qui retirent des services parce qu'elles manquent de personnel », note-t-il. Sur les 20 000 préposés que compte ce réseau, plus de la moitié quitte le domaine chaque année. Yves Desjardins pense qu'il faut une solution pérenne à ce problème. « C'est rendu qu'on se bat entre nous pour attirer des préposés », illustre-t-il.

Plusieurs places disponibles en formation

Pourtant, les écoles de formation pourraient recevoir plus d'étudiants. C'est le cas du Centre de formation professionnelle des métiers de la santé à Kirkland, sur l'île de Montréal, qui fait partie de la Commission scolaire Marguerite-Bourgeoys.

« Nous avons de la difficulté à recruter depuis près d'un an », affirme le directeur Luc Lafrenière. Une session de formation qui devait débuter lundi a dû être reportée d'une semaine faute d'élèves. « Et on va finalement avoir 15 élèves au lieu de 22 », précise-t-il, un peu étonné.

Pourtant, le taux de placement des élèves inscrits au programme d'assistance à la personne en établissement de santé est de plus de 90 %. « Je pense que je vais trouver un travail dès que je termine », dit Azzoug Ibtissem, un élève au programme.

La concurrence pour recruter est forte entre les établissements du réseau de la santé. Et les centres privés peinent à attirer les préposés, entre autres parce que le salaire moyen y est d'environ 13 $ de l'heure. « Dans le réseau public, c'est plutôt de 21 à 23 $ de l'heure », indique Alexandre Bourgeois.

C'est entre autres pour améliorer les salaires et contrer l'exode de leurs employés que l'ARIHQ demande à Québec d'augmenter son financement de 15 millions par année.

Malgré des moyens supérieurs, le réseau public appréhende aussi une pénurie. Ce week-end, une résidente d'un CHSLD de l'Estrie a été clouée à son lit 36 heures parce qu'il manquait de préposés aux bénéficiaires. La direction du CIUSSS de l'Estrie s'est dite désolée de la situation « qui s'est produite à cause d'une pénurie de personnel ».

Dans cette région, on doit embaucher 600 préposés aux bénéficiaires d'ici un an. « On est dans une situation où l'embauche est difficile », a affirmé le ministre de la Santé et des Services sociaux du Québec, Gaétan Barrette, en réaction à notre reportage mercredi soir.

« Il y a des régions où on a fait des foires d'emploi pour le poste de préposé, et on n'a pas eu de candidatures », a-t-il ajouté.

Selon le ministre, cela prouve que le Québec a un urgent besoin d'immigrants. Toutefois, la pénurie de préposés aux bénéficiaires pourrait être un problème chronique. Le vieillissement de la population tarit le bassin de main-d’œuvre et augmente le nombre de personnes qui ont besoin de soins.

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