Ingérence russe dans la campagne américaine : Trump croit Poutine sur parole

Donald Trump et Vladimir Poutine se sont rencontré pour la première fois depuis le mois de juillet à Danang au Vietnam,
Photo : Getty Images / AFP/Mikhail Klimentyev
Le président des États-Unis Donald Trump ne croit pas que les Russes sont intervenus dans la campagne présidentielle américaine en 2016, puisque son homologue Vladimir Poutine l'a assuré qu'il n'en était rien.
À l'issue du sommet de la Coopération économique Asie-Pacifique (APEC), qui s’est tenu à Danang au Vietnam, Donald Trump a déclaré croire que Vladimir Poutine était parfaitement sincère dans ses démentis.
« Chaque fois qu'il me voit, il me dit qu'il n'a pas fait ça [s'ingérer dans les élections], et je crois vraiment qu'il est sincère », a déclaré le président aux journalistes, à bord d'Air Force One, après avoir quitté le sommet.
« Je pense qu'il se sent très offensé par ça, ce qui n'est pas une bonne affaire pour notre pays », a ajouté Trump, qui, au Vietnam, a rencontré Poutine pour la première fois depuis le mois de juillet.
M. Trump a également annoncé qu’il cesserait de questionner M. Poutine à ce sujet puisque c’était devenu « insultant » pour le président russe. Il rejette en bloc les accusations de collusion et parle de « chasse aux sorcières ».
Depuis son élection il y a un an, Donald Trump n’a jamais pu faire taire l’histoire de l’ingérence russe dans les élections. Les agences de renseignement américaines ont été parmi les premières à accuser des pirates informatiques russes du vol et de la fuite de documents démocrates, ainsi que dans la propagation de fausses nouvelles pour favoriser la candidature présidentielle du républicain au détriment de celle de la démocrate Hillary Clinton.
Un rapport conjoint du FBI, de la CIA et de la NSA à ce sujet a été publié en janvier dernier.
Extraits de ce rapport
« Nous estimons que le président russe Vladimir Poutine a ordonné une campagne d'influence en 2016 ciblant l'élection présidentielle américaine. Les objectifs de la Russie étaient d'affaiblir la confiance de l'opinion dans le processus démocratique américaine, de dénigrer la secrétaire (d'État Hillary) Clinton et de nuire à sa capacité à être élue et à sa potentielle présidence. »
« La campagne d'influence de Moscou a suivi une stratégie de communication russe qui a mêlé des opérations de renseignement clandestines – comme des cyber activités – et des efforts manifestes de la part d'agences gouvernementales russes, de médias financés par des fonds publics, d'intermédiaires et d'utilisateurs rémunérés des médias sociaux, ou '’trolls’'. »
« Nous estimons en outre que Poutine et le gouvernement russe ont nourri une préférence claire pour le président élu Trump. »
Manafort : aucun lien, dit Poutine
Dans ce dossier, l’ancien directeur de campagne de Trump, Paul Manafort, ainsi qu’un de ses associés, Rick Gates, font face à 12 chefs d’accusation, notamment de complot contre les États-Unis, de blanchiment d'argent, d'avoir omis de se déclarer en tant qu'agents d'un pays étranger, d'avoir fait de fausses déclarations et d'avoir omis de déclarer des comptes bancaires et financiers à l'étranger.
Il s'agit des premières accusations déposées par le procureur spécial Robert Mueller, qui dirige l'enquête sur la possible ingérence russe durant la campagne présidentielle de 2016.
MM. Manafort et Gates ont plaidé non coupables lorsqu’ils ont comparu devant un juge fédéral à la fin octobre, mais ils restent assignés à résidence, et leurs passeports ont été saisis.
Les liens prétendus entre Paul Manafort et la Russie ont été fabriqués de toutes pièces par les adversaires du président américain dans l'intention de lui nuire, a pour sa part affirmé le chef de l'État russe, Vladimir Poutine, depuis Danang.
Les informations d'après lesquelles des proches du président russe ont eu des contacts avec l'équipe de campagne de Trump sont erronées, a-t-il ajouté.
En septembre dernier, le fils de Donald Trump a été interrogé par le Congrès américain au sujet d'une rencontre qu’il aurait eue en 2016 à la Trump Tower, à New York, avec une avocate russe s’étant présentée comme « avocate du gouvernement russe ».
Réactions à Washington
Les affirmations de M. Trump et de M. Poutine n’ont pas convaincu à Washington, à commencer au sein des troupes républicaines, où le sénateur John McCain s’est étonné que l'on puisse « placer les paroles d'un colonel du KGB au-dessus de la communauté américaine du renseignement ».
« Il n'y a rien d'''America First'’ là-dedans », a insisté McCain en reprenant le slogan de Trump, ajoutant que « Poutine ne porte pas les intérêts de l'Amérique au cœur ». « Penser autrement est non seulement naïf, mais cela met aussi notre sécurité nationale en danger », a-t-il poursuivi.
Chez les démocrates, le représentant californien Adam Schiff a pour sa part estimé que « le président ne trompe personne. Il sait que les Russes sont intervenus en piratant et en publiant les courriels de son adversaire, et qu'il en a exploité les fruits encore et encore durant la campagne ».