Violence conjugale : des organismes demandent à Québec d'agir

La directrice de la Fédération des maisons d’hébergement pour femmes du Québec, Manon Monastesse, entourée des députés péquistes Alexandre Cloutier et Catherine Fournier.
Photo : Radio-Canada
Prenez note que cet article publié en 2017 pourrait contenir des informations qui ne sont plus à jour.
La Fédération des maisons d'hébergement pour femmes du Québec a demandé mercredi au gouvernement provincial la mise en œuvre d'un nouveau plan d'action en violence conjugale, car la stratégie actuelle arrive à échéance.
Un texte de Fanny Samson
« Nos ressources débordent », a laissé tomber la directrice de la fédération, Manon Monastesse. Le regroupement représente 36 maisons d’hébergement qui accueillent chaque année près de 3000 femmes et leurs 1500 enfants.
Chaque année, les maisons d’hébergement doivent refuser entre 6000 et 10 000 demandes, puisque que ces organismes communautaires ne peuvent répondre à la demande.
« Une directrice nous confiait qu’hier, au cours des deux dernières semaines, elle avait dû refuser deux familles, dont quatre enfants, et deux femmes. Nous sommes les porte-parole de ces femmes et ces enfants qui ne peuvent être présents pour témoigner », a ajouté Mme Monastesse.
Force est de constater que les violences envers les femmes et les enfants existent toujours au Québec. Une femme sur quatre est victime de violence conjugale dans sa vie.
Accompagnée des députés péquistes Catherine Fournier et Alexandre Cloutier, la directrice a lancé un cri d'alarme à un mois de la fin du plan d’action, qui avait été implanté par le gouvernement péquiste en 2012. Il comporte trois axes : la prévention, le dépistage et l’intervention.
« Depuis cinq ans, les libéraux sont arrivés au pouvoir, et malheureusement, il n’y a pas eu la campagne de sensibilisation qu’il devait y avoir [...] on ne sait pas ce qui va arriver. Est-ce que le gouvernement libéral prévoit l'adoption d'un nouveau plan? C'est la question que l'on se pose », a décaré Mme Fournier.
Elle ajoute que les maisons d'hébergement n'ont pas été consultées.
Selon la fédération, près de 12 femmes sont tuées par leur conjoint ou leur ex-conjoint par an. Entre 11 et 23 % des enfants canadiens seront exposés à la violence conjugale au cours de leur vie.
« C’est la preuve que la violence faite aux femmes est encore un fléau dans notre société et la violence est un sujet qui malheureusement revient périodiquement dans l’actualité », a ajouté la jeune députée.
Les hommes
La fédération veut participer à préparation du nouveau plan d’action. « C’est toute la société qui doit être mobilisée pour que les violences cessent. N’oublions pas les hommes, qui doivent faire partie de la solution », a souligné la directrice Manon Monastesse.
Le député Alexandre Cloutier a appelé les hommes à soutenir, à parler, à écouter et à dénoncer. « Les hommes font clairement partie du problème. Les hommes doivent donc faire partie de la solution. »
Les femmes immigrantes
La Maison pour femmes immigrantes de Québec tenait un colloque mercredi, à l'Hôtel Québec, sur la violence conjugale, les femmes immigrantes et l'intervention de la Direction de la protection de la jeunesse (DPJ).
La responsable du colloque, Nahid Ghadoor, a constaté sur le terrain que les femmes immigrantes ont une perception plutôt négative de l’intervention de la DPJ.
Les gens n’osent pas dénoncer la violence conjugale parce qu’ils pensent qu’ils vont perdre leurs enfants.
Selon elle, les femmes immigrantes ne connaissent pas le fonctionnement de la DPJ, ce qui peut les empêcher de demander de l’aide.
« Les femmes parlaient de certaines discriminations ou de l’attitude de certaines intervenantes envers elle, et de certaines difficultés », a ajouté Mme Ghadoor, qui a demandé à une trentaine de femmes, hébergées par son organisme, de raconter leur expérience.
Différents acteurs du milieu participent au colloque pour trouver des pistes de solution et inciter les femmes à demander de l’aide.