Valérie Plante, la première mairesse de Montréal

Valerie Plante, mairesse de Montréal, devant ses partissans
Photo : La Presse canadienne / Graham Hughes
Prenez note que cet article publié en 2017 pourrait contenir des informations qui ne sont plus à jour.
La nette progression de Valérie Plante, entrevue par les sondeurs, s'est confirmée dimanche soir : elle est devenue la première mairesse de l'histoire de Montréal. La chef de Projet Montréal dirigera un conseil municipal majoritaire, au sein duquel Denis Coderre ne siégera pas, le maire sortant ayant annoncé qu'il quittait la politique municipale (Nouvelle fenêtre).
Visiblement émue par le résultat, Valérie Plante a souligné qu'au-delà de sa victoire personnelle et de l'accession d'une femme à la mairie de Montréal, il s'agissait de l'arrivée au pouvoir de son parti, Projet Montréal.
Elle a remercié les maires d'arrondissement du Plateau-Mont-Royal, Luc Ferrandez, et de Rosemont-La Petite-Patrie, François W. Croteau, d'avoir ouvert la voie. « Vous avez fait briller les idées de Projet Montréal [...] Vous avez montré aux Montréalais ce qu'on pouvait faire de mieux », a-t-elle dit.
Nous l'avons faite ensemble, cette victoire.
« Cette élection n'était pas à propos de moi, mais à propos de vous et de ce que vous voulez pour Montréal », a ajouté Mme Plante dans un discours ponctué de quelques-uns de ses éclats de rire caractéristiques.
La nouvelle mairesse s'est adressée aux ordres de gouvernement fédéral et provincial, énonçant des priorités qu'elle veut réaliser, dont le développement du réseau de métro et l'augmentation de l'offre de logements sociaux pour les 25 000 familles en attente à Montréal.
À Québec et Ottawa, je vous invite à prendre acte du message fort que vous envoient les Montréalais.
« Ce soir, nous avons écrit une nouvelle page d'histoire pour Montréal. 375 ans après Jeanne Mance, Montréal a enfin sa première mairesse », a déclaré Valérie Plante en soulignant le travail à accomplir au cours des prochaines années.
La chef de Projet Montréal a obtenu 51,36 % des voix, contre 45,63 % pour Denis Coderre. Elle a devancé son principal adversaire avec plus de 27 000 votes.
Il faut remonter à 1960 pour retrouver un maire battu après seulement un mandat à la tête de Montréal; il s'agissait de Sarto Fournier, qui s'était incliné contre Jean Drapeau.
Majoritaire au conseil et en contrôle des arrondissements
Projet Montréal a également remporté une faible majorité au conseil municipal.
Le parti a enlevé 34 des 65 sièges, contre 25 pour l'Équipe Coderre. Les 6 autres sièges devraient être répartis comme suit : 3 pour l'Équipe Barbe, 2 pour l'Équipe Anjou et 1 pour Coalition Montréal.
La vague de Projet Montréal a emporté 11 des 19 arrondissements, en incluant celui de Ville-Marie, que dirigera la nouvelle mairesse. Valérie Plante comptera aussi des alliés potentiels en Manon Barbe, réélue mairesse de l'arrondissement de LaSalle, et Luis Miranda, qui conserve la mairie d'Anjou.
Arrondissements contrôlés par chacun des partis :
- Projet Montréal (11) : Ahuntsic-Cartierville, Côte-des-Neiges–Notre-Dame-de-Grâce, Lachine, Le Plateau-Mont-Royal, Sud-Ouest, L’Île-Bizard–Sainte-Geneviève, Mercier-Hochelaga-Maisonneuve, Outremont; Rosemont–La Petite-Patrie, Ville-Marie, Villeray–Saint-Michel–Parc-Extension;
- Équipe Denis Coderre pour Montréal (6) : Montréal-Nord, Pierrefonds-Roxboro, Rivière-des-Prairies–Pointe-aux-Trembles, Saint-Laurent, Saint-Léonard, Verdun;
- Autres (2) : Anjou (Équipe Anjou), LaSalle (Équipe Barbe Team).
Il s'agit donc d'un revirement de situation : lors du déclenchement des élections, l'Équipe Coderre contrôlait 11 des 19 arrondissements, contre 4 pour Projet Montréal. Les quatre autres arrondissements étaient dirigés par des maires indépendants ou des chefs de partis d'arrondissement.

Les partisans de Valérie Plante rassemblés au Corona ont éclaté de joie à l'annonce de sa victoire.
Photo : La Presse canadienne / Graham Hughes
L'élection visait à pourvoir 103 postes électifs : 1 maire, 18 maires d'arrondissement, 46 conseillers de ville et 38 conseillers d'arrondissement.
Pour connaître tous les résultats : ici.radio-canada.ca/municipales2017.
Parmi les faits marquants de cette soirée électorale montréalaise :
- Sue Montgomery (Projet Montréal) a remporté une course très serrée à la mairie de Côte-des-Neiges–Notre-Dame-de-Grâce contre Russell Copeman (Équipe Coderre);
- Même chose à la mairie d'Ahuntsic-Cartierville, où Émilie Thuillier (Projet Montréal) a tout juste devancé Harout Chitilian (Équipe Coderre);
- Les maires sortants de l'Équipe Coderre dans les arrondissements de Mercier–Hochelega-Maisonneuve, Réal Ménard, et de Villeray–Saint-Michel–Parc-Extension, Anie Samson, ont été défaits;
- L'ex-chef de Projet Montréal, Richard Bergeron, qui avait rejoint l'Équipe Coderre, a été défait dans le district de Saint-Jacques – un résultat qui ne manquera pas d'être attribué à la controverse entourant la course de formule E de juillet dernier et à ses effets sur le quartier;
- Avec 72 % des voix, c'est le maire sortant du Sud-Ouest, Benoit Dorais, qui obtient la plus forte majorité. Il devrait être le prochain président du comité exécutif;
- Projet Montréal remporte tous les sièges du Plateau-Mont-Royal, de Rosemont–La Petite-Patrie, du Sud-Ouest et de Lachine;
- C'est la fin de l'ère Claude Dauphin à Lachine; après un règne de 12 ans, le maire d'arrondissement et tous les candidats de son équipe ont été défaits;
- Le doyen du conseil municipal, Marvin Rotrand, est le seul élu de Coalition Montréal;
- L'ex-parti de Mélanie Joly, Vrai changement pour Montréal, est rayé de la carte.
Parmi les nouveaux venus, on note notamment l'élection pour l'Équipe Coderre de Cathy Wong (Ville-Marie), d'Hadrien Parizeau (Ahuntsic-Cartierville) et de Marie-Josée Parent (Verdun).
La formation du maire sortant a toutefois échoué à faire élire l'ex-député péquiste Scott McKay (Rosemont–La Petite-Patrie) ainsi que les transfuges Elsie Lefebvre (Villeray–Saint-Michel–Parc-Extension) et Lorraine Pagé (Ahuntsic-Cartierville).
De son côté, Projet Montréal peut se réjouir de la réélection de la plupart de ses maires d'arrondissement et conseillers sortants, dont Sylvain Ouellet, l'un des idéateurs du projet de la « ligne rose », qu'on croyait en danger dans son district de François-Perreault (Villeray–Saint-Michel–Parc-Extension). Il a finalement été réélu avec environ 60 % des voix contre Érika Duchesne.
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Les premières réactions
Le premier ministre du Canada, Justin Trudeau, a offert ses félicitations à Valérie Plante sur Twitter. « J’ai hâte qu’on travaille ensemble à nos priorités communes », a-t-il écrit.
À Québec, le ministre responsable de Montréal, Martin Coiteux, a salué le travail de Denis Coderre au cours des quatre dernières années.
L'ancienne chef de Vision Montréal et ex-ministre des Affaires municipales Louise Harel a pour sa part qualifié l'élection de Valérie Plante de « coup de tonnerre dans le ciel de Montréal ».
Enfin, la Chambre de commerce du Montréal métropolitain a offert sa collaboration à Valérie Plante et au nouveau conseil municipal « afin de veiller à ce que l’élan économique vigoureux que connaît notre métropole se poursuive ».
Ailleurs au Québec :
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La participation
Parmi les 1,1 million de Montréalais attendus aux urnes, 42,46 % des électeurs ont exercé leur droit de vote. Ce taux inclut le vote par anticipation, le vote au bureau du président, le vote itinérant et le vote à domicile.
En 2013, le taux de participation aux élections municipales avait été légèrement plus élevé, atteignant 43,3 %.
Cette année, 3380 bureaux de vote étaient répartis dans 470 sites, soit une soixantaine de moins qu'en 2013.